Dans quelques heures, le Québec, Haïti ou le Mexique aura un nouveau champion poids lourd. Cela ne s’était jamais produit auparavant. Ce sera Bermane Stiverne, un Haïtien d’origine devenu Québécois, ou bien Chris Arreola, un Américain de descendance mexicaine.

Et depuis quelques semaines, les deux se sont attaqués à coups de paroles désobligeantes. Inutile de vous dire qu’on a maintes fois parlé des antécédents maternels de  chacun et que le mot (M…F… ) a été utilisé outre mesure de part et d’autre.

C’est évident que les deux adversaires ne s’aiment pas. Jusqu’ici, on y est allé de toutes sortes de déclarations. Par exemple, Dan Goosen, le promoteur d’Arreola voulait gager avec Don King, le protecteur de Stiverne. « Celui qui perd se fait raser la tête », de lancer Goosen. Mais c’est Stiverne qui a mis fin à ce défi en affirmant  qu’il était prêt à donner sa bourse à Goosen s’il perdait.

Comme d’habitude… des paroles… des paroles…    

Il ne fait aucun doute dans mon esprit que Bermane Stiverne est un bon boxeur. D’ailleurs, il l’a prouvé lors de sa dernière victoire sur Chris Arreola qu’il était un meilleur boxeur que lui. En tout cas, ce soir-là. ..

Samedi soir, c’est la revanche entre les deux. Et c’est une soirée de grande première. Si Stiverne gagne, il deviendra le premier Québécois et du même coup le premier Haïtien d’origine à coiffer une ceinture mondiale chez les lourds. Même déroulement pour Arreola. C’est un Américain d’origine mexicaine et jamais au cours de l’histoire un Mexicain a remporté les honneurs d’un championnat mondial chez les gros hommes.

Quand on étudie les deux fiches de plus près, un fait demeure : l’inactivité de Stiverne. Il n’a livré que six combats au cours des cinq dernières années. Sa dernière victoire sur Arreola remonte à plus d’un an.

Durant les treize derniers mois, il s’est entraîné sérieusement, mais il n’a pas boxé.

Arreola, lui, s’est battu en septembre dernier et n’a fait qu’une bouchée de Seth Mitchell, qu’il a assommé dès le premier round.

L’Américain n’est pas reconnu comme le plus vaillant des poids lourds et on a le droit de se demander s’il était en forme lors du premier affrontement contre Stiverne.

Pourtant, les preneurs aux livres l’avaient pigé comme favori pour vaincre le Canadien par trois et demi contre un. Résultat : Arreola a perdu la décision du match éliminatoire, il a subi une fracture du nez et a du même coup visité le tapis au troisième engagement. Malgré tout, il demeure le premier aspirant après Stiverne au titre WBC des poids lourds, laissé vacant par le retraité Vitali Klitschko.

Ma peur…

Ma peur concernant Stiverne, c’est son inactivité et son manque de compétition. Depuis 2009, soit au cours des cinq dernières années, il n’a livré que six combats et à l’exception d’Arreola, force est d’admettre que la compétition n’a pas été tellement forte.

Commençons par l’année 2009. Stiverne a battu par K.-O. technique au septième round un certain Jerry Butler, une grosse balloune de 276 livres dont la fiche était de 8-6-1. Depuis ce jour, Butler a subi quatre revers de suite.

En octobre 2011, c’est un certain Ramon Hayes, détenteur d’une fiche de 15-31-1, qui s’est couché dès le premier round. C’est ce même Hayes qui était parvenu à rester debout pendant quatre rounds contre Oscar Rivas, mais qui a tout de même dû s’avouer vaincu. Enfin, ce même Hayes a mis fin à sa carrière après avoir perdu douze combats de suite.

En janvier 2011, ce fut un certain Ketson Manswell qui a été assommé en deux rounds. Depuis son combat contre le Montréalais, sa fiche est de 4-7-0 et il a perdu cinq de ses six derniers affrontements.

Il y un certain Ray Austin qui aurait pu salir la fiche de Stiverne en juin 2011. Après deux rounds, Austin était en avance par deux points sur la fiche de deux  juges. Au dixième, il a voulu mélanger avec B. Ware et en a payé le prix. Résultat : Stiverne a gagné par K.-O. technique au 10e.

Finalement, c’est Willie Herring qui a été la dernière victime de Stiverne avant que celui-ci se mesure à Chris Arreola. Résultat : il a été vaincu par décision en huit rounds.

Pas de discipline

Par contre, Stiverne croit dur comme fer qu’Arreola est un boxeur qui se soucie très peu de sa discipline durant son entraînement, ce que nie totalement l’Américain.

Un autre fait demeure. Chris Arreola sera le grand favori de la foule puisque le match est présenté du Galen Center, à  Los Angeles, et on connaît le nombre pratiquement incalculable de gens d’origine mexicaine dans cet État.

Stiverne est au courant de la situation et cela ne semble pas l’ennuyer outre mesure. « J’étais le négligé des parieurs dans le premier combat et je le serai encore. Mais je vais gagner car Arreola est fait sur mesure pour moi. Contrairement à lui, je ne fais pas la fête et je ne bois pas… »

On dit de Bermane Stiverne qu’il est Canadien, et c’est vrai. Mais il faut comprendre qu’il vit à Las Vegas depuis une dizaine d’années. En réalité, il n’a livré que deux combats à Montréal au cours de sa carrière. Le premier en 2008 contre un certain Brad Gregory et un deuxième en 2010 contre Raymond Hayes. Les deux combats s’étaient terminés en moins d’un round.

Wilder attend dans l’aile

Pour le vainqueur, la fortune l’attend, surtout s’il est Américain. Mais au loin, il y a un certain Deontay Wilder, un géant de 6’7" qui attend dans l’aile et qui n’a que très peu de respect pour les deux rivaux de samedi soir. Wilder s’est moqué des deux boxeurs en disant qu’il pourrait les vaincre tous les deux en même temps sur le ring.

Une chose est certaine. Richard Schaeffer, le grand patron de Golden Boy Promotion, a déjà entrepris des démarches pour qu’un combat entre le gagnant de Stiverne-Arreola, se mesure à Wilder au cours de l’année qui vient et déjà le Forum de Los Angeles est pressenti. On peut donc comprendre que Schaefer et son groupe ont un faible pour Arreola, car si jamais il parvenait à coiffer la couronne mondiale, enfin un Américain permettrait aux poids lourds de connaître une sorte de renaissance au pays de l’Oncle Sam.

D’ailleurs, c’est un peu dans l’optique d’une victoire d’Arreola si le combat est présenté à la télévision américaine. Pour le réseau ESPN, il s’agit d’une première, en espérant qu’à l’avenir la popularité des poids lourds sera en hausse.

Pourquoi si peu de combats?

Bermane Stiverne est un autre de ces poids lourds qui est tombé dans les griffes de Don King. Et c’est justement à cause d’un différend avec « Crinière au vent » s’il n’a pas  combattu plus souvent. À un certain moment, les choses allaient si mal entre Stiverne et King qu’il a fallu procéder en justice selon la clause Muhammad Ali. Mais la patience a eu raison de son homme et finalement, c’est le bonheur presque parfait entre les deux parties.

C’est vrai qu’il n’a pas tellement boxé au cours des cinq dernières années, mais comme il le prétend lui-même : « Il y a des boxeurs qui se battent pendant une vingtaine d’années et ils n’obtiennent jamais de match de championnat ».

Un autre fait à souligner : ce sera la première fois en cinq ans qu’un match de championnat des lourds aura lieu en sol américain. La dernière fois, c’était le 26 septembre 2009 et ce soir-là, Chris Arreola  avait été totalement démoli en dix rounds par nul autre que Vitali Klitschko

Le meilleur Américain

On dit de Chris Arreola qu’il est le meilleur poids lourd américain. Mais il n’a pas fait fureur dans les matchs de championnat. En 2009, il a été totalement éclipsé par Vitali Klitschko qui défendait alors son titre WBC.

Puis en 2010, il a vu Tomasz Adamek lui ravir la couronne IBF International et le titre NABO, et finalement en 2013, il a subi une correction aux mains de Bermane Stiverne.

Par contre, Arreola a rencontré de meilleurs adversaires que « B .Ware » jusqu’ici en carrière. Parmi  eux, on retrouve Brian Minto, Jamil McCline, Eric Molina et Seth Mitchell. Rien pour écrire à sa mère, mais c’est mieux que les victimes de Stiverne.

Mon choix reste quand même une victoire de Bermane Stiverne par décision. Et qui sait? Peut-être qu’un jour, un promoteur montréalais présentera un combat de championnat du monde au Stade olympique mettant en vedette Bermane Stiverne.

On a le droit de rêver non…!

Bonne boxe.