Le combat d'hier soir présenté au Centre Bell conjointement par InternBox et Gym devrait être en lice pour le meilleur feu d'artifice de l'année à Montréal. Une vraie pétarade du commencement à la fin qui a tenu les quelque 14 000 spectateurs présents sur le bout de leurs sièges.

Par moment, je me demandais si c'était bien Jean Pascal qui frappait à gauche et à droite sur le ring du Centre Bell. Pour moi, c'était comme si je revoyais Roy Jones à ses meilleurs jours.

Certains diront que je divague, mais en voyant Pascal, les bras pendants, la tête hochant d'un coté et de l'autre et un jeu de pied digne de Sugar Ray Robinson en plein spectacle, je ne pouvais faire autrement que de comparer les deux pugilistes.

C'est le vaincu, Adrian Diaconu, lui-même qui a le mieux résumé la soirée. « Jean a livré un combat intelligent et il mérite la victoire », a-t-il lancé. « Tout ce que j'espère, c'est qu'il m'accordera un match revanche. »

En somme, c'est l'intelligence, la science de boxe, qui a eu l'avantage sur la force de frappe.

Par contre, je dois admettre que Diaconu m'a agréablement surpris. Pour la première fois depuis des lunes, il n'a pas paru rendu au bout du rouleau dans les derniers instants du combat. Certes, il a quelque peu ralenti dans les six dernières minutes de l'action, mais à l'exception d'un retrait en attaque au 12e assaut, il a continuellement forcé le combat. Le Roumain a prouvé au cours des ans qu'il n'avait qu'une seule vitesse sur sa transmission. Celle qui va toujours vers l'avant.

En somme, les deux boxeurs y ont gagné au change. Ils ont livré un match du tonnerre, où l'action a été soutenue du premier au dernier round. Ce fut certes le meilleur combat à Montréal non seulement cette année, mais depuis belle lurette. Dans le fond, c'est la boxe québécoise qui est sortie victorieuse sur tous les plans.

Et aujourd'hui, les Américains qui ont vu le combat sur le réseau Versus doivent bien se demander : « Qui sont ces deux boxeurs du Québec? On ne les a jamais vus chez nous! »

Attendez votre tour

Un de ces jours, on verra bien Jean Pascal aux États-Unis, y défendre sa nouvelle couronne toute neuve contre un Chad Dawson. Et qui sait… Pourquoi pas une revanche contre Carl Froch chez les mi-lourds sans oublier un deuxième affrontement contre Adrian Diaconu.

Et si jamais il y a revanche contre le Roumain, je ne suis pas certain que l'issue de la rencontre serait la même. Hier soir, on a vu un boxeur qui n'avait livré que 25 rounds de boxe au cours des deux dernières années, donner une performance du tonnerre. Oui, il a été battu, mais il n'a jamais été éclipsé. Et même cette chute en cinquième reprise ne l'a pas ralenti. Au contraire, vers la fin du round, il est parvenu à ébranler Jean Pascal. D'ailleurs, ce fut la seule fois où le Lavallois est sorti de son plan de match, pour y aller coup pour coup avec son rival. Et il a bien failli en payer le prix.

Donc, aujourd'hui, il ne reste plus qu'à féliciter le nouveau champion. Mais il ne faudrait pas oublier ceux qui ont été à la base de cette popularité de la boxe au Québec.

Le premier visé n'est nul autre que Hans Mulheg, celui-là même qui a délié les cordons de sa bourse pour y aller à coups de millions et faire de Montréal la plaque tournante de la boxe au Canada.

Il y a aussi Éric Lucas, le centre d'attraction d'InterBox du temps qu'il était actif. Et enfin, il y a Yvon Michel, fondateur du Groupe Gym, qui est parvenu à intéresser des gens fortunés autour de lui et qui a su bâtir une écurie qui fait rougir plusieurs promoteurs américains de nos jours.

Ce sont ces gens-là qu'il faut remercier aujourd'hui pour la popularité de la boxe chez nous. Nos boxeurs ne sont plus des Ti-culs locaux qui se battaient jadis contre leurs cousins de l'autre bout de la ville pour une couronne en laiton.

Non, aujourd'hui, nous avons des champions mondiaux, des aspirants mondiaux, des champions canadiens et des jeunes qui aspirent un jour imiter nos deux Grands Jean Pascal et Lucian Bute.

On va maintenant laisser le temps à Jean Pascal de se remettre de ses émotions et à Adrian Diaconu de guérir ses plaies et d'ici peu on commencera à parler de leurs prochains adversaires.

D'ici là, bon repos champion…

Bonne boxe