Samedi sera un grand jour pour le boxeur Francis Lafrenière. Encore inconnu pour la plupart des amateurs de sports du Québec, le boxeur de 27 ans grimpera dans le ring du Centre Bell pour la toute première fois pour y affronter nul autre que l’ancien aspirant mondial Renan St-Juste.

Lorsqu’il passera à l’intérieur des câbles aux environs de 21 heures, en sous-carte de l’un des plus importants combats pour un boxeur québécois, Lafrenière sera prêt à affronter le puissant gaucher, lui qui a déjà surmonté toutes les épreuves que le monde de la boxe peut vous offrir.

« Si je gagne ce combat, ça change totalement. Ça change une vie! », mentionne le protégé des frères Howard et Otis Grant.

Alors que Renan St-Juste représente le secteur de Repentigny avec fierté, Francis Lafrenière, lui, représente le secteur de l’ouest de Valleyfield avec le même sentiment. Les deux hommes dirigent leur club de boxe respectif avec la même passion. Celui de Lafrenière est situé dans la municipalité de St-Clet. Le village de moins de 2 000 personnes se range derrière son ambassadeur pour la soirée de samedi. La municipalité a même placé un panneau d’encouragement en vue du gala de samedi.

Des taches indélébiles

Le gagnant du combat St-Juste-Lafrenière remportera le titre International IBF des poids moyens, qui garantit une place dans le top-15 de la division.

« Je veux prouver que ce n’est pas à cause d’une chance que je me retrouve tout d’un coup dans un combat IBF International », explique le boxeur droitier. « Le cheminement est fait. »

Car plusieurs pourraient se demander pourquoi Lafrenière obtient cette chance, lui qui présente une fiche modeste de 10 victoires en 17 combats (10-5-2). En fait, Lafrenière a gagné ses sept derniers combats, dont quatre par K.-O. En 2015, il a livré trois batailles contre des adversaires qui présentent une fiche cumulative de 36-12-4.

C’est le début de carrière professionnelle de Lafrenière qui rend sa fiche moins attrayante avec ces taches qui colleront à sa fiche tout le reste de sa carrière. Lors de ses 10 premiers combats, dont la moitié ont été présentés à l’extérieur du Québec, il n’a obtenu que 3 victoires. L’absence d’un promoteur qui aurait planifié sa progression de manière prudente lui a fait défaut.

« Je n’avais pas de promoteur, pas de gérant. Je m’entraînais en attendant le coup de téléphone. Et finalement le téléphone sonne. On y va! Des fois j’acceptais des combats à deux semaines d’avis. Je les acceptais car je ne savais pas quand serait la prochaine opportunité. Avec la déshydratation de dernière minute et les courts camps d’entraînement, je n’étais jamais au peak. On faisait des bonnes performances et on aurait dû gagner. Au Nouveau-Brunswick, les juges et arbitres étaient cousins. Je me suis fait voler complètement. »

Ces malchances ont eu un impact négatif sur la suite de sa carrière.

« Énormément, car plus tu gagnes, plus tu as une valeur et plus tu peux gagner ta vie. Les défaites, ce n’est pas payant! Plusieurs auraient lâché à cause de ça. Mais puisque c’était des défaites controversées, ça m’a donné le goût de continuer et je suis en train de prouver que j’ai ma place. Dans la vie je suis comme dans le ring : je suis déterminé, j’ai de la volonté et du courage et c’est ça qui m’a amené ici », précise celui dont la carrière est maintenant gérée par Rixa Promotions.

Poursuivre la séquence

Le combat Lafrenière/St-Juste présente un très grand intérêt sportif. À mon avis il s’agit d’un combat très équilibré avec un enjeu important. Renan St-Juste peut miser sur sa très grande expérience. Mais le puissant gaucher de 43 ans n’a livré que cinq combats au cours des cinq dernières années en raison de blessures diverses. Lafrenière ne peut pas égaler la puissance et l’expérience de St-Juste, mais il est très actif.  Au cours des trois dernières années, il a livré 10 combats pour un total de 66 rounds. Son dernier combat en octobre contre Aubrey Morrow a probablement été le combat de l’année sur la scène canadienne. Si vous avez vu ce combat, que j’ai eu la chance de décrire sur les ondes de RDS2, vous avez pu voir toute l’intensité et l’énergie de Lafrenière.

Pour ce duel attendu contre St-Juste, il a eu la meilleure préparation de sa carrière car il connaît l’enjeu.

« Dans le top-15 mondial, c’est là que les offres viennent plus. On s’approche d’un titre mondial. Ça peut être une couple de combats et "boom" tu as ta chance, c’est beaucoup. »