MONTRÉAL - Même si Jean Pascal est impatient de remonter dans le ring après 19 mois d'absence, le boxeur et son entourage reconnaissent que cette longue pause a été des plus salutaires.

À quatre jours du combat de retour qu'il disputera vendredi soir au Centre Bell en finale du deuxième gala de la saison de la série « Rapides et Dangereux », Pascal rappelle que les rencontres au sommet qu'il a livrées pendant son règne de champion des poids mi-lourds du WBC l'ont épuisé sur les plans physique et psychologique.

« J'avais probablement besoin d'un repos », a indiqué Pascal, lundi midi, après un entraînement tenu dans les locaux du Groupe Yvon Michel à Montréal. « Mais j'ai vraiment hâte de retrouver mes partisans. Il me semble que ça fait longtemps que je n'ai pas entendu scander mon nom! C'est d'ailleurs une chose qui me donne de la motivation, qui m'aide à me lever chaque matin. »

« Ç'a pris du temps à Jean à se l'avouer, mais Bernard Hopkins avait été extrêmement brillant », a ajouté le promoteur Yvon Michel. « Il avait obligé Jean à laisser de côté sa technique et à boxer avec son coeur et ses émotions. » Ce n'est pas pour rien si Jean avait ensuite pris congé pendant l'été. Il était complètement vidé. »

Le retour dans l'arène de Pascal aurait cependant dû s'effectuer beaucoup plus tôt, mais des blessures l'ont privé de duels sur les ondes du réseau américain Showtime contre Zsolt Erdei en février, puis avril et face au champion de la IBF Tavoris Cloud en août. Mais plutôt que de baisser les bras après tant de lucratives ententes loupées, son équipe s'est retroussé les manches.

« L'annulation du combat contre Cloud a été très décevante, sauf qu'il s'agissait finalement d'un mal pour un bien », a analysé l'entraîneur de longue date de Pascal, Marc Ramsay. « Le temps supplémentaire à l'entraînement nous a permis de travailler la coordination et les réflexes. »

« Jean devait travailler fort pour aller rechercher cette fraction de seconde qui lui permet d'avoir l'avantage sur ses adversaires. Ç'a pu paraître long, mais Jean avait besoin de ce temps-là. »

« Jean a réalisé que tout ce qu'il avait accompli était très fragile », a renchéri Michel. « Il était âgé de 28 ans lors de sa dernière victoire et il en a maintenant 30. À un moment donné, il faut saisir les opportunités lorsqu'elles se présentent. »

Certains amateurs voient le combat de vendredi contre le Polonais Aleksy Kuziemsky comme une perte de temps pour Pascal, d'autant plus qu'un duel face au champion du WBC Chad Dawson sur les ondes de HBO l'attend au printemps prochain. Mais comme il l'avait fait pendant la conférence de presse officialisant son retour, Pascal a martelé que ce pas en arrière est plus que nécessaire.

« La boxe, c'est quelque chose de vraiment difficile. Ce n'est pas un jeu, c'est la guerre », a illustré Pascal. « Il faut être concentré à tout moment, car une fraction de seconde peut être fatale. »

« Et après 19 mois d'inactivité, je sais que je vais être rouillé. J'ai fait tout en mon pouvoir pour en avoir le moins possible, mais il y a en aura. Mon ami Georges St-Pierre m'a dit qu'il était rouillé lorsqu'il a effectué son retour dans l'octogone en novembre dernier. »

Ils sont néanmoins plusieurs à s'être demandé pendant un certain temps si Pascal n'avait pas la tête ailleurs et qu'il profitait de la situation pour éviter de retourner à l'entraînement.

« J'aurais aimé le revoir au gymnase avant, mais Jean n'était simplement pas prêt, il avait besoin d'aérer », a expliqué Ramsay. « Mais dès qu'il est revenu, il n'a jamais regardé derrière, il était toujours intense. Au final, j'aime mieux ça comme ça. »