Il est très certainement hasardeux de tirer de grandes conclusions d’une victoire enregistrée en 38 secondes seulement, mais Steven Butler a comblé les membres de son équipe jeudi dernier.

Non seulement le boxeur âgé de 24 ans a signé son gain le plus expéditif en 30 sorties depuis le commencement de sa carrière, mais il l’a surtout réalisé en laissant son adversaire venir à lui.

« Ce qui m’a le plus impressionné, c’est son calme, a avoué son entraîneur Rénald Boisvert dans les minutes qui ont suivi la victoire de son protégé face au Mexicain Paul Valenzuela fils en finale d’un événement d’Eye of the Tiger Management présenté au Cabaret du Casino de Montréal.

« Même si son adversaire voulait mettre de la pression et brasser un petit peu la cabane, Steven est demeuré calme. Il a suivi le plan de match qui était de travailler derrière son jab. Le camp d’entraînement a porté là-dessus, car son adversaire n’était pas facile à boxer. En principe... »

Si pour plusieurs, la défaite subie par Butler contre Brandon Cook a été un élément déclencheur de sa « transformation » – il avait remporté 15 de ses 19 combats avant la limite avant ce soir de janvier 2017 –, c’est le duel face à Vitalli Kopylenko organisé en mai dernier qui a tout cristallisé.

À l’occasion de son premier choc tenu à l’extérieur du Québec, Butler a visité le plancher au 8e round à la suite d’un coup au corps, mais il s’est relevé pour ensuite être déclaré vainqueur par décision partagée des juges. Il aurait alors réalisé que sa puissance ne pouvait plus le sauver.

« Steven a énormément gagné en maturité, c’est indéniable, a expliqué Boisvert. Oui, il y a des changements qui se sont opérés depuis Cook, mais surtout depuis son combat aux États-Unis où il a visité le tapis. Il a dû revenir d’un coup au corps où il s’était fait faire particulièrement mal.

« Je pense qu’il s’est dit qu’il ne voulait plus jamais revivre ça. Il s’est dit qu’il allait se bâtir une défense et un plan de match où il serait capable d’être constant. J’aurais évidemment aimé en voir plus [jeudi], mais en même temps, un boxeur doit voir les trous qui s’offrent à lui. Quand un rival lance un uppercut sans tenir compte de la force de frappe de Steven, il doit payer le prix. »

C’est pourquoi énormément d’heures ont été consacrées à l’amélioration de son jab au cours des dernières semaines. Butler avait d’ailleurs lancé après son triomphe qu’il avait dû recevoir des traitements à l’épaule gauche pendant le camp tellement il l’avait pratiqué dans le gymnase.

« Le jab, c’est un coup qui peut être puissant. On l’a bien vu avec [Sergey] Kovalev [pendant son dernier combat contre Anthony Yarde], a rappelé Boisvert. Et il n’est plus simplement question de jab, mais de power jab. Il y a un transfert de poids et un abaissement du centre de gravité qui se font, ce qui fait que le coup est beaucoup plus lourd. Ce n’est plus juste un “coup de bras”.

« Ce qui est intéressant avec Steven, c’est qu’il est maintenant ouvert aux stratégies. Il faut donc s’attendre à beaucoup d’amélioration au cours des prochains mois et des prochaines années. Avant, il n’était question que de sa force de frappe. La maturité pour un cogneur, ce n’est pas du tout quelque chose de facile à acquérir. Il a vraiment effectué beaucoup de progrès là-dessus. »

Butler profitera de deux bonnes semaines de repos avant de s’attaquer à son prochain défi le 5 décembre en Californie. La bonne nouvelle pour Boisvert, c’est qu’il pourra enfin préparer un boxeur qui est entièrement prêt à y mettre du sien et à embrasser un plan pour aller à la guerre.