Marc Ramsay savait pertinemment qu’Artur Beterbiev devrait travailler d’arrache-pied pour percer la défense d’Enrico Kölling et c’est probablement pourquoi le Montréalais d’origine russe a été si dominant lors de son duel pour le titre vacant des poids mi-lourds de l’IBF vendredi soir.

Beterbiev (12-0, 12 K.-O.) a remporté tous les rounds de l’affrontement avant de s’imposer par arrêt de l’arbitre à 2:33 du 12e et dernier assaut pour s’emparer de la ceinture qui appartenait à l’ex-champion unifié Andre Ward jusqu’à ce qu’il annonce sa retraite il y a environ deux mois.

Grâce à son jab incisif, Beterbiev n’a absolument laissé aucune chance à Kölling (23-2), qui a passé toute la soirée le long des câbles à encaisser les puissants coups de son rival. L’Allemand a finalement craqué au 12e round, après que le Russe l’eut martelé de frappes savantes au corps.

« L’objectif était évidemment de bien boxer et de gagner des rounds, mais Artur devait aussi être extrêmement patient, car nous connaissions tous les qualités défensives de Kölling », a dit Ramsay, qui était déjà de retour au travail en gymnase tôt lundi matin, en entrevue à RDS.ca.

Autant l’entraîneur s’est dit satisfait en tous points de la prestation de son protégé, autant la victoire avant la limite a été accueillie avec un énorme soupir de soulagement, étant donné que dans l’industrie du sport-spectacle, c’est souvent la forme qui a préséance sur le fond.

Les spectateurs présents au Save Mart Arena de Fresno, en Californie, n’ont d’ailleurs pas hésité à manifester leur mécontentement en raison de la passivité de Kölling dès le deuxième round.

« Il ne faut pas oublier qu’il avait devant lui un adversaire qui ne participait pas beaucoup, a rappelé Ramsay. En même temps, je lui ai dit avant le début du dernier round qu’il avait beau être sur le point de devenir champion du monde, il n’avait pas le choix de le faire avec éclat. »

Le combat de vendredi soir a également permis à Beterbiev d’ajouter 12 précieux rounds d’expérience, lui qui n’en comptait que 31 après ses 11 premiers combats professionnels. De plus, les 1111 coups qu’il a lancés ont prouvé qu’il est capable de maintenir un rythme soutenu.

« Je n’étais pas inquiet de ce côté-là, parce qu’à l’entraînement, tous les indicateurs – dont la capacité cardiovasculaire – étaient extrêmement positifs, a précisé Ramsay. Je pense que ça rassure le boxeur plus qu’autre chose de savoir qu’il peut être un vrai boxeur de 12 rounds! »

Avec la ceinture rouge autour de taille, Beterbiev peut maintenant entrevoir l’avenir avec optimisme et rêver de confrontations avec les meilleurs boxeurs de sa division : Dmitry Bivol, Sullivan Barrera, Oleksandr Gvozdyk, Sergey Kovalev ou encore le mal-aimé Adonis Stevenson.

D’un autre côté, Ramsay reconnaît que Beterbiev devra d’abord régler le litige qui l’oppose à Yvon Michel avant de penser à la suite des choses. En mai dernier, le boxeur a déposé une requête pour obtenir la terminaison de son contrat, ce à quoi le promoteur s’oppose.

« Je suis tranquillement en train d’étudier les autres champions, mais il faut reconnaître que je suis un peu dans l’attente, a-t-il dit. C’est une situation extrêmement complexe, mais d’un point de vue strictement sportif, Artur est prêt à relever n’importe quel défi qui se présentera à lui. »

D’ici là, l’entraîneur s’affaire à préparer les prochains combats de Christian M’Billi et David Lemieux. Ce dernier aura la chance de redevenir champion, alors qu’il affrontera le détenteur du titre des moyens de la WBO Billy Joe Saunders le 16 décembre prochain à la Place Bell de Laval.