MONTRÉAL – En un tout petit peu moins de 15 ans de carrière dans les rangs professionnels, Jean Pascal compte plusieurs victoires qui ont marqué l’imaginaire des amateurs québécois.

 

Qui ne se souvient pas de sa deuxième victoire contre Adrian Diaconu pendant laquelle son homme de coin Russ Anber lui avait replacé l’épaule droite trois fois plutôt qu’une?

 

Qui ne se rappelle pas sa victoire contre Chad Dawson, alors que l’Américain était pourtant considéré comme l’un des dix meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète?

 

Qui ne se souvient pas de sa domination totale contre Lucian Bute dans un Centre Bell rempli au maximum de sa capacité et qu’il était loin, très loin même, d’être le favori de la foule?

 

Et qui ne se rappelle pas sa spectaculaire victoire contre Marcus Browne, alors qu’il revenait d’une dure défaite face à Dmitry Bivol et qu’il était largement négligé des preneurs aux livres?

 

Mais à ses yeux, la plus grande, c’est la dernière obtenue par décision partagée des juges contre Badou Jack qui lui a permis de demeurer champion « régulier » des poids mi-lourds de la WBA.

 

« Je la classe au premier rang, a tranché le boxeur lavallois, qui a rencontré les médias locaux mercredi pour la première fois depuis son triomphe du 28 décembre dernier à Atlanta. C’est la plus importante, car j’ai gardé ma ceinture et qu’en 2020, je vais avoir de belles opportunités.

 

« Je sais très bien qu’en cas de défaite, les journalistes seraient retombés dans un discours de retraite qui n’aurait pas eu lieu d’être, étant donné que j’ai disputé un très bon combat. C’est pourquoi je suis très content et satisfait de ma victoire. Tous, tous mes efforts ont porté fruit. »

 

Si Pascal était convaincu d’en avoir assez fait pour l’emporter, un doute a néanmoins persisté dans son esprit jusqu’à l’annonce du verdict par le légendaire annonceur Jimmy Lennon fils.

 

« Il y a eu la chute au plancher au dernier round, mais surtout, je boxais contre un boxeur de Floyd Mayweather fils, sur une carte de Mayweather, sur le réseau de télévision de Mayweather et aux États-Unis, a rappelé le droitier âgé de 37 ans. J’avais le sentiment d’en avoir fait assez... »

 

Un retour à la fin du printemps

 

En plus d’avoir à se battre contre le « système », Pascal a également dû faire face à une série d’imprévus plus loufoques les uns que les autres pendant la semaine précédant son combat.

 

Le champion a d’abord patienté près de deux heures la veille du duel avant de monter sur le pèse-personne afin de respecter la limite de 175 livres à la pesée, puis il est longtemps resté coincé dans la circulation aux abords du State Farm Arena la journée même de l’affrontement!

 

Mais chaque fois, il ne s’est pas laissé distraire par ces événements qui dérangeaient sa routine.

 

« Ce qui m’a le plus impressionné de Jean, c’est à quel point il est resté dans sa bulle, a avoué son cutman Pierre Bouchard. Notre arrivée à l’aréna a été spectaculaire, nous étions en retard partout, et malgré tout, l’échauffement a été parfait. Notre expérience a fait la différence. »

 

« Même si j’en étais à environ mon trentième combat de championnat du monde, je n’avais jamais vécu des choses comme celles-là, a ajouté son entraîneur Stéphan Larouche. À la pesée, Jean a été déshydraté pendant tout près de deux heures, mais il n’a jamais, jamais été dérangé.

 

« Le lendemain, il y avait une congestion monstre à cause [du match de football universitaire américain entre les universités Oklahoma et d’État de la Louisiane], mais Jean ne s’en est pas rendu compte, car il regardait un vieux combat de Sugar Ray Leonard à l’arrière de la voiture.

 

« Il était 20 h 20 et nous devions mettre les gants à 21 h! Mais nous avons pris notre temps et le combat précédent [entre Jose Uzcategui et Lionnel Thompson] a été heureusement assez long. Un boxeur bien moins expérimenté aurait pu paniquer, mais cela n’a pas été le cas de Jean. »

 

Cette victoire permet à Pascal d’entrevoir l’avenir avec optimisme et d’avoir davantage son destin entre ses mains, mais il n’a pas voulu dire à quel moment il sera de retour dans le ring pour défendre son titre, laissant ce travail à son entraîneur ainsi qu’à son conseiller Greg Leon.

 

Larouche a cependant dit à RDS.ca que son protégé ne combattra pas avant la fin du printemps et que d’ici ce temps-là, les coups à la tête et les séances de sparring seront réduits à leur strict minimum. Il faut dire que Pascal a reçu 244 coups pendant les 12 rounds du combat contre Jack.