Le combat entre Nonito Donaire et Guillermo Rigondeaux qui sera présenté ce samedi à New York sera à surveiller, puisqu’il s’agit d’un duel d’unification des poids super-coqs, mais surtout parce qu’il oppose deux boxeurs qui possèdent énormément de talent.

J’ai découvert Donaire lors de son combat de championnat des mouches de la IBF contre Vic Darchinyan tenu en demi-finale de celui des super-mi-moyens de la WBA entre Joachim Alcine et Travis Simms au mois d’août 2007! Darchinyan était largement favori pour remporter ce choc, mais Donaire l’avait surpris en l’emportant par arrêt de l’arbitre au cinquième round après l’avoir atteint au visage grâce à une solide gauche.

Donaire s’est également fait connaître pour avoir été au cœur d’une dispute contractuelle entre les promoteurs Top Rank et Golden Boy Promotions. Donaire considérait qu’il passait toujours derrière son célèbre compatriote Manny Pacquiao et c’est pour cette raison qu’il s’était joint à Golden Boy. Se battre en demi-finale d’une grande vedette donne beaucoup de visibilité, mais cela devient un boulet lorsqu’un champion cherche à se faire valoir.

Un arbitre indépendant avait finalement donné raison à Top Rank et jugé que l’entente qui liait les deux partis était toujours valide, si bien que Golden Boy avait riposté en libérant tous les boxeurs du gérant Cameron Dunkin, dont le Québécois Mikaël Zewski. Cela a évidemment eu une influence majeure sur la suite de la carrière du pugiliste de Trois-Rivières.

Mais si les deux plus grands joueurs du monde de la boxe se disputaient les services de Donaire, c’est bien parce qu’ils avaient vu en ce dernier une future grande vedette authentique. Il n’a pas encore atteint ce statut à ce jour, mais cela ne saurait tarder. C’est pourquoi il affronte Rigondeaux, un des meilleurs boxeurs amateurs de l’histoire.

Au cours des dernières années, le Cubain était une tête au-dessus de tous ses adversaires. Ses combats aux Jeux olympiques et aux Championnats du monde étaient pratiquement toujours gagnés avec une facilité déconcertante. Des doutes s’étaient installés à la suite de sa victoire sur Ricardo Cordoba pour devenir champion intérimaire des super-coqs de la WBA, mais ils ont été depuis dissipés.

Reste qu’il serait très surprenant que Donaire échappe ce combat, car il frappe avec autorité et est assurément le plus dur cogneur des deux. Rigondeaux est d’ailleurs qualifié de « chinny », ce qui signifie qu’il est un peu fragile. À son dernier combat face à Robert Marroquin, Rigondeaux a été ébranlé à plusieurs reprises, ce qui est inquiétant étant donné que Marroquin est loin d’être du calibre de Donaire.

Rigondeaux possède des habiletés incroyables, qui lui permettront de gagner quelques rounds, mais la force de frappe de Donaire fera la différence, plus particulièrement dans la deuxième moitié du combat. Cela obligera Rigondeaux à être sur les talons et beaucoup plus hésitant qu’habituellement.

Une victoire décisive de Donaire pourrait lui ouvrir les portes des événements à la télévision à la carte, mais probablement pas dans l’immédiat. Il faut savoir qu’il y a toute une marche qui sépare la série « World Championship Boxing » de HBO de la télé à la carte.

Pour le moment, Donaire se retrouve dans la même situation qu’Andre Ward, à savoir que le manque d’opposition l’empêche de soulever les passions. Chez les super-coqs, il n’y a pas beaucoup de boxeurs qui peuvent lui offrir une réelle opposition.

*Propos recueillis par Francis Paquin