La triste réalité a rejoint Eleider Alvarez
Boxe samedi, 29 août 2020. 07:00 vendredi, 13 déc. 2024. 16:48En revoyant la performance d’Eleider Alvarez lors de son match contre Michael Seals sur YouTube et en la comparant à celle contre Joe Smith fils, c’est comme si le Colombien avait vieilli de 10 ans en l’espace de 18 mois, soit depuis sa piètre performance contre Sergey Kovalev, en février 2019 quand il lui a remis la couronne WBO des mi-lourds.
Était-ce le combat de trop? Celui qui blesse votre cerveau et laisse des séquelles pour le restant de vos jours, comme ce fut le cas pour Muhamed Ali et pour bien d’autres.
Autant Eleider était frais et dispos ce 18 janvier 2020 contre Seals, autant il avait l’air amorphe, vidé et vieilli contre Smith.
Vous me direz que Michael Seals n’est pas Joe Smith, et vous avez entièrement raison, sauf que lorsque l’on compare les deux combats, on ne peut faire autrement que de constater la détérioration de notre ex-champion.
Est-ce son âge? Est-ce la façon dont il s’est entrainé? Est-ce que le désir de vaincre n’existe plus? Je ne sais pas... Une chose est certaine, je n’ai pas aimé sa réaction aux conseils de Marc Ramsay dans son coin au cours du match.
Eleider, tout comme nous, est en droit de se poser des questions. S’il a encore le goût de boxer? S’il veut continuer, il le peut.
L’exemple de Jean Pascal
Nous avons un exemple frappant ici même au Québec avec Jean Pascal. Combien de gens le croyaient au bout du rouleau après sa défaite par décision contre Dmitry Bivol, en novembre 2019?
Mais au lieu d’abdiquer et dire assez, il a décidé de poursuivre sa carrière en y mettant toutes l’ardeur et l’énergie dont il en était capable. Et pourtant, il est plus âgé qu’Alvarez par un an. Pascal aura 38 ans le 28 octobre prochain.
La suite fait partie de l’histoire. Pascal a obtenu des victoires sur Marcus Browne et Badou Jack pour ensuite trôner au sommet de la liste des meilleurs mi-lourds au monde. Et ce n’est pas fini. Il veut continuer à fond de train.
Alvarez n’a pas à rougir si jamais il décide d’accrocher ses gants pour de bon. Mais s’il persiste à boxer, il lui faudra suivre à la lettre la méthode de Jean Pascal. C’est-à-dire l’entrainement physique, les séances d’entrainement en gymnase, la diète spéciale, la préparation psychologique et le train de vie comme il le faisait si bien dans les bonnes années.
Plusieurs autres
Avant lui, d’ex-champions mondiaux on fait le dernier combat qui les a obligés à se retirer à la suite d'une défaite. Parmi eux, on retrouve le Grand Muhammad Ali, poussé à la retraite par Trevor Berbick.
Il y en a bien d’autres qui ont perdu leur dernier combat en carrière. Parmi eux , il y a celui que plusieurs considèrent comme le meilleur boxeur de tous les temps livre pour livre, Suger Ray Robinson,vaincu par Joey Archer à son dernier match.
Sugar Ray Leonard, Marvin Hagler, Joe Louis, Roberto Duran, George Foreman, Wilfredo Benitez, Wladimir Klitschko, Marcel Cerdan, Jake Lamotta, Willie Pepp et Carmen Basilio ne sont quelques-uns des autres monarques qui ont connu le même sort.
Chez nous au Québec
Chez nous, au Québec, la situation est la même. Matthew Hilton, Otis Grant, Adonis Stevenson, Eric Lucas, Joachim Alcine, Bermane Stiverne, Lucian Bute, Adrian Diaconu, Leonard Dorin et Arturo Gatti ont tous été des champions mondiaux vaincus à leur dernier match qui les a poussés à la retraite.
Lors du combat Alvarez c. Smith, que j’ai commenté en compagnie de l’entraineur Stéphan Larouche, je me suis dit : « Après trois rounds où Eleider a surtout travaillé défensivement, il va maintenant ouvrir la machine. Je suppose qu’il s’agit d’une stratégie où il s’attend à ce que Smith se fatigue pour enfin prendre l’initiative. »
Mais non... Alvarez n’a jamais été en mesure de reprendre l’attaque. Il s’est battu en retrait et sur la pointe des pieds pratiquement du commencement à la fin, à l’exception peut-être du deuxième round.
Il faut se souvenir qu’Eleider nous a habitués à d’excellents matches autant sur la scène locale que sur la scène internationale. Contre Smith, il a fait encore pire que lors de sa défaite aux mains de Sergey Kovalev.
Pas trop usés malgré tout
À 36 ans, il a déjà 189 rounds de boxe derrière lui, sans compter ses sorties chez les amateurs. Ce n’est pas beaucoup, mais cela fait passablement de claques sur le nez. Sergey Kovalev a déjà boxé dans 184 rounds, Jean Pascal 321, Badou Jack 183, Marcus Browne 103 et Fanlong Meng 70.
Si Eleider veut continuer à boxer, il n’aura aucune difficulté à trouver un jeune loup qui recherche un gros nom, un ex-champion pour garnir sa fiche de trophées et Yvon Michel est là pour l’épauler dans ses démarches.
Prenez juste les cas d’Anthony Yarde (19-0-0, 18 K.-O.), Joshua Buatsi (12-0-0, 10 K.-O.), Azizbek Abdugofurov (13-0-0, 5 K.-O.) ou bien encore Charles Foster (19-0-0, 9 K.-O.) et offrez leur un match contre Eleider Alvarez. Ils vont tous sauter sur l’occasion.
D’autres avant Alvarez ont relevé le défi de reprendre le collier comme George Foreman. Après sa défaite contre Jimmy Young, en 1977, Foreman s’est retiré de la compétition. Dix ans plus tard, il a changé d’idée et a remis ses gants pour finalement reconquérir le titre de champion, le plus vieux poids lourd à réussir cet exploit.
Floyd Patterson est un autre de ces monarques déchus. En juin 1959, à la surprise de tous, il a perdu son titre de champion aux mains du Suédois Ingemar Johansson. Un an plus tard, il reprenait sa couronne.
Que penser de Lennox Lewis, le champion poids lourd? Qui aurait cru qu’il tomberait sous les coups d’Hassim Rahman, en 2001. Sept mois plus tard, Lewis rachetait cet impair en reprenant son titre par K.-O. contre ce même Rahman.
Ce ne sont là que quelques exemples de champions qui ont perdu leur titre, mais qui sont revenus plus fort que jamais par la suite.
La balle est dans le camp d’Eleider Alvarez. La décision ultime est la sienne.
Bonne chance