MONTRÉAL – Après toutes ces années, Francis Lafrenière n’était pas naïf. Il savait pertinemment que le style de boxe qui a fait sa renommée allait finir un jour ou l’autre par provoquer sa chute.

Sans dire qu’il effectuait de l’aveuglement volontaire, le sympathique athlète de Coteau-du-Lac avait toujours obstinément repoussé aux calendes grecques quelconque possibilité de remise en question. Pourquoi changer une formule gagnante qui lui assurait un gros capital de sympathie?
 

Mais la cruelle réalité l’a rattrapé en mars dernier, alors que Lafrenière a subi son premier revers en 15 sorties en s’inclinant par décision majoritaire des juges devant un Albert Onolunose qui ne lui a jamais permis de dénicher son rythme de croisière en raison de son accrochage perpétuel.

Sur une formidable lancée qui l’avait vu s’emparer de la ceinture des poids moyens de la NABO et atteindre le 5e rang au classement de la WBO, Lafrenière s’est instantanément retrouvé au bas de l’échelle, exactement là où il se trouvait avant de battre Renan St-Juste en janvier 2016.

« Nous avions eu des signes dans le passé, mais nous nous étions fermé les yeux, a reconnu le boxeur âgé de 30 ans après sa victoire expéditive par arrêt de l’arbitre au 1er round sur Samir Barbosa, samedi. Mais [la défaite contre] Onolunose a fait en sorte que nous avons évolué.

« Parce que ce n’est pas tout le monde qui est prêt à aller à l’intérieur avec moi. Tout le monde l’a vu au dernier combat : Onolunose accrochait. Il m’a fait mal paraître et les amateurs n’ont pas eu droit à un super combat. Ils paient pour leur billet et je ne voulais pas leur offrir ça. »

« Il y avait de la reconstruction à faire. À un moment donné, Francis a eu beaucoup de succès avec un style et il a fini par penser que ce style-là serait bon tout le temps, a ensuite continué le promoteur Yvon Michel. Contre Onolunose, il était échevelé, pas organisé et pas structuré... »

Lafrenière n’a pas changé du tout au tout contre Barbosa, mais il faut néanmoins reconnaître que l’entrepreneur-boxeur a montré de nouvelles facettes dans sa boxe en utilisant notamment son jab dans les premiers instants du combat pour mesurer la distance et placer sa main arrière.

« C’est quelque chose que nous avions pratiqué en sparring, a précisé le propriétaire du Club de boxe Lafrenière à Saint-Clet, en Montérégie. Après seulement deux minutes dans le duel, j’étais capable de faire ce que j’avais pratiqué dans le gymnase. Imaginez si j’avais eu plus de temps! »

Lafrenière disputera son prochain combat le 24 novembre au Cabaret du Casino de Montréal, mais Michel a déjà indiqué qu’il souhaite organiser une rencontre au sommet face au champion unifié NABA-NABO Patrice Volny en février ou mars 2019, question de permettre à son protégé de remettre la main sur l’une des deux ceintures qu’Onolunose lui a enlevée en mars dernier.

Dicaire attend toujours après Namus

L’annonce officielle se fait toujours attendre, mais tout indique que Marie-Ève Dicaire affrontera la championne des super-mi-moyens de l’IBF Chris Namus le 1er décembre prochain à Québec.

Michel a assuré avoir une entente de principe avec son homologue Natalia Rivero depuis près de trois semaines, mais Namus n’aurait pas encore fait parvenir sa copie du contrat signé à ce jour.

« Natalia et moi avons confirmé à l’IBF que nous avions une entente avant la date limite du 17 octobre, mais il semble toujours y avoir une bonne raison pour je ne reçoive pas le contrat, a dit le promoteur. S’il y a un purse bid (appel d’offres), j’ai déjà demandé à l’IBF qu’il soit présenté dans les délais afin que le combat ait lieu comme prévu le 1er décembre au Centre Vidéotron. »

Dicaire est aspirante obligatoire au titre des super-mi-moyens de l’IBF depuis la mi-septembre. La boxeuse de Saint-Eustache est aussi classée 1re aspirante à la WBA et 2e au WBC. Elle est finalement invaincue en 13 duels depuis le début de sa carrière dans les rangs professionnels. L’Uruguayenne Namus effectuera quant à elle la 2e défense de sa ceinture gagnée en août 2017.