MONTREAL - William Joppy a été bien fidèle à la version américaine du petit catéchisme du parfait promoteur de boxe, mercredi, à l'occasion de la conférence de presse qui avait pour but de mousser le combat de championnat du monde entre lui et le détenteur du titre IBF chez les super-moyens, Lucian Bute.

"Je suis ici pour montrer que ce gars-là n'est pas de mon niveau, a commencé par dire l'Américain de Washington DC, un ancien champion du monde, lorsqu'invité à prononcer quelques mots à la table d'honneur. Je suis ici pour vous montrer, à vous les Canadiens, que je vais le sortir du ring. Il ne durera pas 12 rounds.

"(Bute) est une vedette ici à Montréal. Mais Montréal, le Canada ne sont pas vraiment connus pour la boxe. Le Canada est connu pour le hockey. Je vais donc lui donner une paire de patins après le combat, pour qu'il retourne sur la patinoire. Moi, j'ai grandi avec les meilleurs boxeurs de Philadelphie et de New York, je viens d'un endroit où on produit des boxeurs à la tonne, comme les abeilles produisent du miel.

"J'ai vu ses six derniers combats, c'est un bon boxeur. Il a eu (Alejandro Berrio), mais je ne suis pas Berrio, je suis Joppy", a ajouté le vétéran de 37 ans en parlant du dernier adversaire de Bute, à qui le Québécois d'origine roumaine a arraché la ceinture de champion, le 19 octobre dernier.

Stéphan Larouche, entraîneur de Bute (21-0-0, 17 K.-O.), n'a pas tardé à répliquer - en anglais, pour s'assurer que Joppy (39-4-1, 30 K.-O.) le comprenne bien.

"Tu n'es pas le premier Américain à venir ici et à parler fort comme ça", a d'abord lancé Larouche.

Joppy a essayé de l'interrompre, mais Larouche l'a aussitôt sommé de se taire, comme lui l'avait fait plus tôt.

"S'il-vous-plaît. Respecte les règles, nous sommes à Montréal", a lancé le directeur des opérations d'Interbox.

"Sakio Bika a dit qu'il allait donner une leçon de boxe à Lucian. Il a failli tout lâcher durant le combat, et c'est un gars qui avait battu vos boxeurs américains, a continué Larouche. Puis Alejandro Berrio est venu ici, après avoir détruit un boxeur russe invaincu du nom de Robert Stieglitz. Et tu as vu ce qui est arrivé dans ce combat-là? Il est retourné chez lui en "bobblehead".

"Tu vas avoir l'impression, dans le ring, que Lucian Bute n'a pas deux, n'a pas trois, mais quatre bras. Et tu vas te demander si l'arbitre t'a frappé tellement tu ne verras pas d'où viendront les coups", a renchéri Larouche, suscitant les applaudissements de quelques observateurs présents dans la salle.

"Le dernier boxeur qui a parlé de Canadiens qui ne savent pas boxer est Vinny Pazienza et Eric Lucas lui a donné une leçon de boxe. Pendant qu'il parlait, nous on s'entraînait; pendant qu'il marchait, nous on courait; et pendant qu'il se battait, nous on gagnait. C'est ce qui va arriver vendredi à Montréal.

"Mais ne te trompes pas William, j'ai dit à Lucian qu'il va avoir un boxeur affamé devant lui, parce que c'est sa dernière chance. Nous avons beaucoup de respect pour ce que tu as fait, mais après le combat, les gens vont dire que William Joppy est maintenant un "has-been"."

Bute, lui, n'a pas mis d'huile sur le feu, se disant heureux d'avoir l'occasion d'effectuer la première défense de son titre devant les siens, et promettant simplement que la ceinture de champion demeurerait au Québec.

"J'aime parler dans le ring, pas dans les conférences. C'est dans le ring qu'il vaut mieux montrer ce qu'on est capable de faire, a expliqué Bute après le point de presse. Les boxeurs qui parlent, ce n'est pas intimidant pour moi. Les meilleurs boxeurs n'ont pas une grande gueule."

"Il faut se retrouver dans le ring avec Lucian pour réaliser que ses mains sont tellement fluides, par moments tu as l'impression qu'il a plus de deux bras, a pour sa part précisé Larouche. C'est peut-être ce que Joppy aura besoin de faire pour devenir plus respectueux envers Lucian.

"Je n'étais pas fâché, c'est juste que dans sa tête, (Joppy) pense avoir la partie facile. Et puis, le fait qu'on est meilleurs patineurs que boxeurs... présentement le Québec a deux champions du monde, on a plusieurs boxeurs classés mondialement, on a fait nos preuves."

Le dernier mot reviendra évidemment au clan qui l'emportera vendredi soir.