Ce devait être le combat de l’année. Un duel semblable à celui que se sont livré Sugar Ray Leonard et Marvin Hagler en 1981.

Pourtant, tout était en place. Un Barclays Center avec une foule record de 15 553 amateurs et un des plus importants réseaux de télévision des États-Unis qui présentait l’événement aux heures de grandes écoutes.

Résultat : une foule qui hue Keith Thurman et Danny Garcia dans un combat bien ordinaire.

Selon moi, Keith Thurman a bel et bien gagné le combat et mérite d’être double champion mi-moyen du WBC et de la WBA. Mais je m’attendais à une meilleure performance de part et d’autre.

Dès le départ, Thurman a prouvé qu’il était un meilleur cogneur que Garcia. Mais soudainement, vers le cinquième engagement, il a changé de stratégie. Au lieu d’attaquer, comme il l’avait si bien fait depuis le début des hostilités, il a laissé son adversaire se porter en attaque.

La foule record a commencé à huer les deux pugilistes. Et quand la décision a été rendue, encore une fois, on a pu entendre les oiseaux boubou.

Décision partagée

Pour une énième fois, on a eu droit à une décision partagée. John McHale et Joseph Pasquale ont donné le triomphe à Thurman, tandis que le New-Yorkais Kevin Morgan optait pour le favori de la foule, Danny Garcia.

Morgan est un juge local qui en était à son 346e combat en carrière. C’était la sixième fois de suite qu’il travaillait au Barclays Center de Brooklyn.

C’est vrai que le combat était serré. Personnellement, j’avais opté pour Thurman avec un pointage de 115-113.

Celui qui était le plus déçu était Angel Garcia, le père et entraîneur du perdant. « Quand on monte sur un ring, c’est pour se battre, donner des coups de poing. Pas pour courir... », a-t-il souligné après l’annonce de la défaite de son rejeton.

Il avait un peu raison. En début de combat, Thurman a connu du succès en se portant en attaque. Mais Garcia, qui a toujours excellé en contre-attaque, marquait lui aussi des points.

Pourquoi Thurman a-t-il changé de tactique vers le cinquième engagement? Il laissait alors l’initiative à Garcia, se contentant d’impressionner les juges dans les 15 dernières secondes de chaque round.

Les juges sont ce qu'ils sont

« J’étais certain d’avoir gagné, a admis le double champion après sa victoire. Les juges sont ce qu’ils sont. Je crois que j’ai été un meilleur boxeur que lui. Quand j’ai entendu l’annonceur maison dire que c’était une victoire par décision partagée, je savais que j’étais victorieux. »

Tout cela est bien beau, mais vous ne me ferez pas oublier les affrontements entre Felix Trinidad et Oscar De La Hoya, ou bien la victoire de Sugar Ray Leonard sur Thomas Hearns, ou bien Pernell Whitaker contre Julio Cesar Chavez et le fameux combat à Montréal entre Roberto Duran et Sugar Ray Leonard.

Je voudrais aussi faire mention du beau travail de l’arbitre Michael Griffith. À la septième reprise, il est venu bien près de sévir contre Garcia, dont quelques coups au corps paraissaient un peu bas. Mais non, Griffith s’est contenté de le réprimander. On se souviendra que Garcia avait été puni dans ses trois combats précédents pour avoir frappé en bas de la ceinture.

Bravo au double champion.

Retenez ce nom

Erickson Lubin... Retenez bien ce nom. Ce jeune homme n’a que 21 ans et déjà il présente une fiche vierge de 18-0-0 (13 K.-O.). PBC voulait le présenter au public sur un réseau national de télévision et la préparation a été très bien faite.

Lubin, un gaucher, n’a fait qu’une bouchée de son rival Jorge Cota, au grand plaisir de la foule et des téléspectateurs, j'en suis certain. Mais ne partez pas en peur tout de suite.

Tout avait été bien orchestré pour son baptême de feu à la grosse télévision. Son rival, qu’il a assommé au quatrième round, n’avait pas boxé depuis 17 mois, soit depuis le 2 août 2015.

Lubin a tous les atouts pour réussir, mais il faut maintenant qu’il affronte des boxeurs plus talentueux. Ensuite, on aura une meilleure idée de son talent.  

J’ai hâte de voir si le réseau CBS va récidiver avec un gala un samedi soir. Six à dix millions de téléspectateurs auraient regardé celui de samedi, ce qui serait le meilleur résultat depuis le début de l’année.

À quoi faut-il s’attendre de la part de Thurman, maintenant champion WBC et WBA des mi-moyens? Un affrontement contre le gagnant du duel entre Kell Brook et Errol Spence ou bien encore un combat contre Manny Pacquiao, si jamais ce dernier peut se décider à dire contre qui et où il boxera la prochaine fois.

Présentement, Thurman a tous les atouts pour régner en maitre sur les quatre titres majeurs chez les 147 livres.

Pas sorti du bois

Andrzej Fonfara a gagné son combat samedi soir contre Chad Dawson, mais il ne faudrait pas qu’il se pette les bretelles trop fort. Il était en arrière sur les cartes de pointages des juges quand il a finalement mis fin aux hostilités au dixième round.

Il aura fallu un vétéran de 34 ans – ex-champion qui n’a pratiquement plus de menton et qui n’avait pas boxé depuis près d’un an –, pour que Fonfara retrouve le chemin de la victoire.

Le Polonais possède une bonne force de frappe, mais depuis son revers  par K.-O. technique au premier round contre Joe Smith fils., on se demandait si c’était une défaite surprise à la suite d’un coup chanceux ou bien si son menton devenait de plus en plus vulnérable?

Paroles... Paroles...

À près de 6000 kilomètres de New York, à Londres plus exactement, la colère de Dieu s’est fait sentir contre le poids lourd David Haye. Ce dernier avait proféré tellement de menaces à l’égard de son rival Tony Bellew que son association et la régie l’avaient menacé de sanctions s’il ne se la fermait pas. Résultat, il s’est blessé au tendon d’Achille, s’est retrouvé au tapis aux 6e et 11e engagements et a finalement vu ses seconds lancer la serviette signifiant sa défaite.

Par le fait même, Bellew a été déclaré victorieux par K.-O, technique au 11e round

Haye a demandé un combat revanche, mais comme toute réponse, Bellew lui a dit qu’il était plus intéressé à rencontrer le gagnant du duel entre Anthony Joshua et Wladimir Klitschko.

Bellew prétend qu’il s’est  fracturé une main à la suite de son triomphe, mais il ne faudrait pas qu’il s’enfle la tête, car après cinq rounds il tirait de l’arrière contre Haye. Ce n’est qu’après la blessure de ce dernier au talon qu’il a pu prendre le dessus et finalement gagner l’affrontement.

Je ne crois pas qu’un jour il puisse remplacer Lennox Lewis.

Samedi prochain, c’est David Lemieux qui prend la vedette sur le réseau HBO alors qu’il se mesurera à Curtis Stevens pour le titre WBO/NABO des poids moyens. Et vous savez quoi? Je crois que cet affrontement entre Lemieux et Stevens sera meilleur que celui entre Thurman et Garcia.

On s’en reparlera dans les prochains jours.

Bonne boxe!