Il y a maintenant 161 jours, ou si vous voulez être plus exact, 3 864 heures que Lucian Bute a reçu la raclée de sa vie en Angleterre, face au Cobra, Carl Froch. Rendu inconscient par les attaques répétées de celui qui devait lui ravir sa couronne, Lucian Bute s’est réfugié dans les câbles pour finalement abdiquer et s’avouer vaincu.

Depuis ce jour, le 26 mai 2012, Bute a passé par toute la gamme des émotions du perdant. IL a pleuré… Il s’est senti angoissé… Il s’est remis en question… Après tout, il a commencé sa carrière professionnelle en 2003, soit il y a près de neuf ans. Mais depuis ce jour, il vit un état qu’il n’avait jamais connu auparavant, exception faite de sa carrière amateur.

Chez les pros, il n’avait jamais connu l’amertume de la défaite. Et pas une défaite par décision. Non, une défaite par TKO… Une défaite où il a été assommé, où les gens se sont moqués de lui, de son talent et de sa fiche vierge.

Le 3 novembre prochain, Lucian effectuera un retour à la compétition face à un dénommé Denis Grachev. Cette fois, il fera face à un très bon cogneur, mais dont la science de boxe se résume à une victoire sur un certain Ysmail Sillakh. Tous ses autres triomphes ont été enregistrés contre des pugilistes de deuxième ordre.

Comme surprise, c’en fut toute une, surtout pour Sillakh qui n’avait jamais été battu jusque-là.

PAS PARTIR EN PEUR

Mais avant d’aller plus loin, ajoutons que Denis Grachev est un ex-champion de kick boxing qui a aussi brillé en Muay tai.

Dans son combat contre Sillakh, il perdait tous les rounds. Selon les juges, c’était par un pointage de 80–72 qu’il tirait de l’arrière quand est soudainement survenu le coup fatidique. Un long crochet de droite lancé un peu comme une passe de désespoir au football. Vous savez… La ¨Je vous salue Marie¨

Malheureusement pour Sillakh, cette droite chanceuse lui a valu sa première défaite après 17 triomphes.

Je connais trop Lucian Bute et son entraineur Stéphane Larouche pour croire qu’ils ne capitaliseront pas sur ce style échevelé de Grachev. Il lance et lance des coups sans trop regarder, espérant qu’un d’entre eux finira bien par atteindre la cible. Exactement comme cela s’est passé contre Sillakh.

COMME APRÈS UN ACCIDENT

Remonter sur le ring après un KO aussi percutant que celui qu’a subi Bute face à Carl Froch, oblige, plus souvent qu’autrement, un pugiliste à se remettre en question. Un peu comme un conducteur de voiture se sent quand il reprend le volant après avoir été victime d’un accident grave.

Le boxeur s’élance souvent sur la pointe des pieds. Bats en retraite de peur d’être atteint de nouveau. Bref, il a de la difficulté à reprendre le rythme qui lui était si familier auparavant.

Je ne crois pas que ce soit le cas de Bute. S’il avait voulu, il aurait pu se mesurer à nouveau à Carl Froch dans les mois qui ont suivi son revers. N’oubliez pas qu’il a toujours cette assurance de combat revanche.

Non… Il a rongé son os. S’est remis en question. À songé à la retraite. Puis il a pris sa décision. On va droit devant. On affronte un boxeur qui a une bonne force de frappe, mais dont le talent n’est pas égal à celui de notre ancien champion.

COMME LES AUTRES

Certains diront que Lucian Bute est rendu au bout du rouleau. Qu’en perdant contre Carl Froch, il a montré des failles dans son armure… Qu’il n’a pas le talent et surtout le menton nécessaire pour se mesurer aux plus grands de sa catégorie.

Personnellement, je ne le crois pas. Je persiste à croire que Bute est capable de reprendre son titre. C’est peut-être que je rêve en couleur, mais je me suis toujours fait un devoir d’encourager les boxeurs de chez nous. Je l’ai fait avec Robert Cléroux, Donato Paduano, Fernand Marcotte, Matthew Hilton, Stéphane Ouellet, Eric Lucas et combien d’autres.

Ce n’est pas parce qu’un boxeur perd un combat, se voit ravir sa couronne, qu’il faut lancer la serviette. Exception faite pour le Grand Rocky Marciano, tous les autres ont passé par le même mauvais quart d’heure que Bute. Joe Louis a été battu et il est revenu plus fort que jamais par la suite. Il est loin d’être l’unique perdant. Rappelez-vous de Sugar Ray Robinson, Mohamed Ali, George Foreman, Jake Lamota, Roberto Duran, Marvin Hagler, Tommy Hearns, Wladimir Klitschko, Willy Pepp, Carmen Basillio, Archie Moore. Et je pourrais continuer ainsi pendant encore des pages entières.

MENTON VULNÉRABLE

Je ne suis pas incrédule. Je sais que le menton de Lucian est vulnérable. Librado Andrade a été le premier à lui servir le coup d’assommoir et Carl Froch a répété l’exploit, mais avec encore plus de force.

Je sais que Grachev est un dur cogneur. 66% de ses victoires ont été acquises par KO. Mais contre des boxeurs de deuxième ordre, excepté pour Sillalkh.Je crois que Bute sera en mesure d’éviter ses coups lancés à l’aveuglette et qu’il lui règlera son cas avant le cinquième round.

Le contraire serait désastreux pour lui. Surtout s’il devait perdre par KO. S’il fallait qu’une telle catastrophe survienne, il lui faudrait se remettre en question et songer à accrocher ses gants pour de bon.

Perdre contre Carl Froch, c’est possible. Après tout, il est classé parmi les meilleurs au monde. Mais contre Grachev, c’est une autre histoire.Heureusement, j’ai toujours été un grand optimiste et je suis sûr pour ne pas dire certain que Lucian saura mener à bien son projet actuel.

Bonne boxe