Dans les jours précédents son combat contre Sergey Kovalev, Jean Pascal avait réussi un véritable tour de force en laissant croire qu’il avait plus que des chances légitimes de l’emporter contre le champion unifié WBA, IBF et WBO des poids mi-lourds, samedi soir au Centre Bell.

Ses prestations à la conférence de presse de mercredi et surtout à la pesée de vendredi - où il a refusé d’effectuer le dernier face à face - étaient parvenues à semer un doute légitime dans la tête de plusieurs. Négligé des preneurs aux livres, Pascal semblait avoir réussi à jouer avec les nerfs de Kovalev, un exploit que même Bernard Hopkins n’avait pas réalisé dans le passé.

Difficile de se relever d'un K.-O.?

Pendant ce temps, les rumeurs les plus folles au sujet de Kovalev ont commencé à courir. Ce dernier aurait connu un camp d’entraînement de misère en se faisant passer le knock-out trois fois. Il serait en froid avec sa promotrice Kathy Duva et son entraîneur John David Jackson. Une veille entrevue dans laquelle il critique son entraîneur a d’ailleurs refait surface cette semaine.

Qui plus est, Kovalev a perdu son calme à la pesée en lançant un doigt d’honneur à un des nombreux partisans du Québécois. Le constat semblait alors clair aux yeux de plusieurs : le champion avait soudainement réalisé dans quel bourbier il venait de s’embarquer.

Un excès d’enthousiasme était ainsi palpable chez les partisans de Pascal, mais les leçons du passé m’avaient appris depuis longtemps qu’il n’y a que très peu de combats qui se gagnent en conférence de presse ou encore à la pesée. Tous se souviennent de l’incroyable victoire de Joachim Alcine sur David Lemieux, mais peu savent que « Ti-Joa » était loin d’être dans le meilleur état d’esprit pour livrer son combat. Et pourtant, il s’est battu avec aplomb ce soir-là.

Cela dit, la décision de Pascal de tenter de déstabiliser le champion n’était pas mauvaise, mais il est rapidement devenu évident que Kovalev était en pleine possession de ses moyens dès qu’il s’est amené vers le ring. Les coups du Russe portaient et ce dernier ne s’est pas gêné pour s’imposer physiquement en écrasant le Québécois contre les câbles pour l’épuiser.Sergey Kovalev et Jean Pascal

Après avoir reçu un compte de huit à la fin du troisième round, alors que les câbles l’avaient empêché de visiter le plancher, Pascal semblait fin prêt à être cueilli comme un fruit mûr au quatrième, mais il a miraculeusement résisté comme bien peu d’autres boxeurs l’auraient fait. Il est un être orgueilleux et il aurait été impensable qu’il jette l’éponge aussi rapidement.

L’aspirant a ensuite connu un regain d’énergie aux cinquième et sixième rounds, sauf que Kovalev a indiqué avoir levé le pied pendant ces deux rounds, jugeant qu’il n’y avait pas de presse à terminer le combat. Choix judicieux, puisque Pascal a laissé énormément d’énergie dans l’opération et a survécu de peine et misère au septième round par la suite.

Les événements du huitième round peuvent laisser un goût amer dans la bouche des partisans de Pascal, sauf que l’arbitre Luis Pabon a pris la bonne décision en arrêtant le combat après que le Québécois eut reçu une violente droite qui a facilement percé sa défensive. La reprise permet facilement de se forger sa propre opinion et quoiqu’en dise le principal intéressé, il n’avait plus aucun espoir de remporter le combat à ce moment-là. Mais il n’y a rien de honteux là-dedans.

Comme il n’y a absolument rien de déshonorant dans le fait de s’incliner devant Gennady Golovkin, Floyd Mayweather fils ou Andre Ward. Ces boxeurs font partie de la crème de leur profession et plusieurs se sont cassé les dents en les affrontant. Pascal a tout de même eu le mérite d’essayer quelque chose contre Kovalev, mais ce dernier était simplement trop fort.

Dans l’imaginaire collectif, Pascal avait déjà « gagné » son combat en acceptant d’aller là où Adonis Stevenson refuse de se pointer le bout du nez. Les événements de samedi soir lui ont donné encore plus raison et personne ne pourra jamais l’accuser de se défiler. Le Lavallois semble déterminé à revenir en force comme il l’avait fait après sa défaite face à Carl Froch, souhaitons seulement que la correction de samedi soir ne laisse pas trop de traces.

« Je suis vraiment déçu »
« Pascal n'a pas de coeur, il ne fait que parler »