Le passage chez les super-moyens loin d’être fait
Boxe dimanche, 27 mai 2018. 12:30 vendredi, 13 déc. 2024. 04:27QUÉBEC – Autant il semblait assuré que le combat de David Lemieux contre Karim Achour serait son dernier chez les poids moyens, autant il est maintenant moins indéniable qu’il poursuivra sa carrière chez les super-moyens depuis que la poussière est retombée sur la pesée de vendredi.
Après que le Montréalais eut fait osciller le pèse-personne à 162 livres – 2 livres au-dessus de la limite permise, son promoteur Camille Estephan avait martelé qu’il s’agissait de son dernier duel dans la catégorie où il évoluait depuis une décennie et où il était devenu champion en juin 2015.
Mais il faut savoir qu’Estephan a vécu très durement tout le processus de déshydratation auquel celui qu’il considère comme son fils s’est soumis. Au plus fort de l’affaire jeudi soir, il a quitté la pièce où était confiné Lemieux, tout simplement incapable de le voir souffrir le martyre.
Le promoteur n’a ensuite pas hésité à demander à son protégé de cesser d’essayer de perdre ces fameuses deux livres en trop, même si cela signifiait qu’il ne pourrait pas mettre la main sur les deux ceintures mineures d’Achour et qu’il devrait lui remettre 20 pour cent de sa bourse.
En mêlée de presse après sa victoire par décision unanime des juges, Lemieux n’a cependant pas écarté la possibilité de demeurer chez les moyens, suggérant du bout des lèvres que des erreurs avaient peut-être été commises pendant sa perte de poids, un exercice qui s’est toujours avéré complexe depuis quelques combats. Chose certaine, la décision ne sera pas prise à la légère.
« Je pense qu’il y a des ajustements à faire et je pense surtout [que de respecter la limite de 160 livres], ça se fait encore, a déclaré le cogneur âgé de 29 ans. Je vais m’asseoir avec toute mon équipe, car il y a des ajustements à faire comme je l’ai expliqué plus tôt et nous allons les faire. »
La décision de passer chez les super-moyens – où Lucian Bute a été champion du monde pendant un peu moins de cinq ans – serait néanmoins lourde de conséquences pour Lemieux, tant au chapitre financier que sportif et c’est pourquoi dette dernière sera mûrement réfléchie.
D’abord, Lemieux renoncerait à énormément d’argent à court et moyen terme en grimpant dans la catégorie supérieure puisqu’il se priverait de possibles rencontres au sommet avec Gennady Golovkin et Saul « Canelo » Alvarez. Il pourrait notamment voir les nombreux dollars offerts aux boxeurs qui se battent en sous-carte de leurs événements à la télévision à la carte lui échapper.
À titre d’exemple, Lemieux avait touché une bourse de base de 200 000 $ US pour se mesurer à Marco Reyes en demi-finale de l’événement mettant en vedette Alvarez et Julio Cesar Chavez fils en mai 2017. Face à Achour, cette bourse de base était environ 10 fois moins importante.
À l’heure actuelle, la quasi-totalité – si ce n’est pas la totalité – des boxeurs les plus connus chez les super-moyens sont britanniques – James DeGale, Chris Eubank fils, George Groves et Callum Smith – ou ne font pas partie – David Benavidez, Jesse Hart, Gilberto Ramirez, Caleb Truax et Jose Uzcategui – de la grande famille Golden Boy Promotion-HBO à laquelle Lemieux est associé.
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Ensuite, les cinq pieds neuf pouces et demi de Lemieux en font déjà un petit moyen et en feraient un très petit super-moyen. Les champions Benavidez, Ramirez et Uzcategui mesurent tous au moins six pieds un pouce, alors que Groves et Degale font cinq pieds onze et six pieds.
Étant donné que Lemieux a subi ses deux dernières défaites contre Golovkin et Billy Joe Saunders en se faisant tenir à distance avec le jab, il est difficile d’imaginer que le Québécois pourrait connaître du succès dans de telles circonstances contre de plus grands adversaires.
« C’est une petite problématique avec laquelle il faut que tu apprennes à dealer, a reconnu son entraîneur Marc Ramsay. Mais David est un boxeur de pression qui aime se porter en attaque et qui tente toujours de se rapprocher de sa cible, alors c’est devenu un peu naturel pour lui. »
Peu importe sa décision, Lemieux aura fort à faire pour convaincre qu’il peut toujours rivaliser avec l’élite mondiale, lui qui a connu une inquiétante baisse de régime à partir de la moitié du choc contre Achour. Un boxeur le moindrement expérimenté possédant une force de frappe respectable aurait certainement pu lui jouer un vilain tour. Comme l’a avoué Lemieux lui-même, il faudra retourner à la table à dessin afin que les erreurs commises ne se reproduisent plus.