POINTE-CLAIRE, Qc - À la croisée des chemins après sa défaite devant Maurice Hooker il y a pratiquement un an jour pour jour au Madison Square Garden de New York, Ghislain Maduma s’est offert un périple en Californie afin de trouver une nouvelle avenue pour relancer sa carrière.

En premier lieu, le boxeur montréalais d’origine congolaise devait s’entraîner au gymnase du réputé Robert Garcia, mais il a rapidement déchanté en raison des absences répétées de ce dernier. Heureusement, une saucette au Wild Card Gym de Freddie Roach était à l’agenda et grâce à Jean Pascal, Maduma a été en mesure d’établir un contact avec le mythique entraîneur.

Sauf qu’à son retour au Québec et après en avoir parlé avec son promoteur Camille Estephan, il a rapidement réalisé que le financement d’une telle opération s’avérerait trop complexe. Mais quelques semaines plus tard à peine, le téléphone de Maduma a sonné, Roach l’invitant à l’accompagner aux Philippines afin de servir de partenaire d’entraînement à Manny Pacquiao.

« Quand j’ai revu Freddie, je me suis dit que c’était le destin, a avoué Maduma, mardi après-midi, en marge de la conférence de presse faisant la promotion de la sous-carte du gala d’Eye of the Tiger Management qui mettra en vedette David Lemieux samedi soir au Centre Bell.

« Après le camp d’entraînement [avec Pacquiao], Freddie me connaissait un peu plus, car il avait eu le temps de voir quel genre de boxeur j’étais et lorsque je lui ai demandé de devenir mon entraîneur, il a accepté. Freddie est un vrai passionné. Il est au gymnase de 7 h à 21 h! »

Un peu comme cela avait été le cas quand Adonis Stevenson avait franchi les portes du Kronk Gym pour la première fois, Maduma a senti que quelque chose de très spécial était en train de se produire lorsqu’il a mis les gants contre des adversaires qui l’attendaient de pied ferme.

« Quand tu arrives dans un nouvel environnement où tout le monde a faim comme au Wild Card Gym, c’est comme le Far West, illustre celui qui affrontera le Philippin Ricky Sismundo samedi. Tout le monde vit la même chose là-bas : le rêve américain. Tout le monde veut l’atteindre.

« La compétition est féroce et tu n’as pas le choix d’être dans ta game chaque fois que tu vas là-bas. C’est vraiment très positif d’être là-bas et c’est pour ça que les boxeurs du gym connaissent autant de succès. Il y a un nombre incroyable d’athlètes qui vont là pour réussir. Juste dans les dernières semaines, j’ai sparré avec trois Olympiens. Ça n’arrête pas! »

Un allié de taille

Au milieu de cette jungle plutôt hostile, Maduma a cependant retrouvé un allié de taille et surtout une idole en l’ancien champion des poids super-mi-moyens de la WBA Joachim Alcine.

Entraîneur au Wild Card Gym depuis sa retraite, Alcine ambitionnait secrètement travailler avec « Mani » et lorsque ce dernier a appris la nouvelle, il s’est empressé d’aller lui parler afin de lui mentionner que l’intérêt était réciproque. Sans surprise, la chimie s’est rapidement installée.

« Nous nous connaissons depuis que je suis âgé de 15 ans et Joachim a vraiment été l’une de mes idoles quand j’étais jeune, explique Maduma. C’est vraiment un gars que je regardais et qui me motivait à aller vers les plus hauts niveaux. Ç’a été l’un des pionniers au Québec. »

En 2007, Alcine était devenu le premier champion du monde de l’histoire de Groupe Yvon Michel en surprenant Travis Simms au Connecticut. Il avait perdu son titre devant Daniel Santos deux combats plus tard et sa carrière a ensuite été ponctuée de hauts - sa victoire sur David Lemieux en décembre 2011 - et de bas - ses raclées face à Alfredo Angulo et Matthew Macklin.

« De l’avoir dans mon coin, de recevoir ses conseils - lui qui a une grande expérience dans le monde de la boxe, c’est vraiment le fun, s’enthousiasme Maduma. C’est un gars calme et c’est possible de parler de n’importe quoi avec lui. C’est une bénédiction de l’avoir dans mon coin. »

Alcine sera d’ailleurs présent aux côtés de Maduma pendant le combat de samedi, même si le boxeur a d’abord hésité avant de lui demander cette faveur. Maduma souhaite aussi ardemment que tous les amateurs présents au Centre Bell offrent un chaleureux accueil à son mentor.

Des moments impossibles à rattraper

En plus de l’important investissement financier que représente l’aventure californienne de Maduma, ce dernier a laissé en pan sa vie de famille au cours des derniers mois. Travailler d’arrache-pied à Los Angeles pendant que les siens sont à Montréal a été difficile à vivre.

« C’était rough, reconnaît Maduma. Quand j’étais avec Pacquiao aux Philippines, je suis resté avec lui pendant trois mois. Je n’ai pas souvent été avec mon fils et ma femme. Mais cette fois-ci [en vue du gala de samedi soir] a été la plus tough. C’est vraiment dur d’être à l’extérieur.

« Chaque chicane devient plus grosse, chaque problème devient plus gros et il y a également beaucoup de malentendus. Sauf qu’en même temps, tu travailles très, très fort et tu es fatigué. Ces derniers temps, j’ai enfin vraiment compris c’était quoi la signification du mot sacrifice.

« Quand j’étais à Montréal, mon fils ne marchait pas et quand je suis revenu, il marchait. Ce sont des affaires que j’ai manquées et que je ne pourrai jamais rattraper. C’était exactement la même chose quand je suis parti aux Philippines. Il ne rampait pas et à mon retour, il le faisait. »

Mais au plus profond de lui-même, Maduma savait qu’il n’était pas question de passer à côté de cette chance de s’entraîner avec Roach, étant donné qu’à 31 ans, il sait pertinemment que chaque combat pourrait être le dernier. Évidemment, il ne souhaite pas trop y penser.

« Je crois en moi. Lorsque je suis à mon mieux, il n’y a personne qui peut me battre, conclut-il. C’est une des raisons pour lesquelles j’y ai mis autant d’argent. Je pense que je suis présentement le meilleur au Canada et je veux m’assurer que tout le monde le sache samedi. »