MONTRÉAL - Même si Emanuel Steward a quitté ce bas monde depuis plus de neuf mois déjà, ses dernières volontés au sujet d’Adonis Stevenson continuent d’être respectées à la lettre.

De son vivant, Steward avait en effet ciblé Chad Dawson et Tavoris Cloud comme adversaires potentiels pour son protégé afin que ce dernier puisse démontrer toute l’étendue de son talent.

Après avoir passé le knock-out à Dawson en 76 secondes le 8 juin dernier pour devenir champion des poids mi-lourds du WBC, Stevenson aura encore l’occasion de prouver que son regretté entraîneur avait vu juste, alors qu’il affrontera Cloud le 28 septembre au Centre Bell.

« Quand ça fonctionne, ne le change pas »

Mais par-dessus tout, Stevenson entend encore l’emporter de façon décisive et spectaculaire comme Steward l’exigeait de tous les boxeurs qui représentaient le Kronk Gym de Detroit.

« J’aborde ce combat comme si je n’étais pas le champion. J’ai encore plus faim qu’avant mon combat contre Dawson », a avoué Stevenson pendant une conférence de presse tenue mercredi avant-midi au Centre Bell. « Devenir champion c’est une chose, mais le rester, c’en est une autre. »

« Il y a plusieurs autres boxeurs qui poussent derrière et qui veulent prendre ma place. Cloud est l’un de ceux-là et je dois me méfier, car c'est un gars qui fonce et qui a beaucoup de cœur. »

À la suite de son dernier triomphe, Stevenson avait promis de ne pas s’asseoir sur ses lauriers et il a tenu parole jusqu’à maintenant. Le Québécois ne s’est accordé qu’une toute petite semaine de repos depuis qu’il est passé sur le corps de Dawson. Il promet d’en faire de même avec Cloud.

« Je veux essayer de battre mon record », a lancé Stevenson. « Avec mon style et le sien, c’est sûr que le combat ne sera pas long. Je ne devrais pas avoir de problème à gagner. »

« Vous avez tous vu comment je me suis rapidement adapté à Dawson et je vais faire pareil avec Cloud. Je suis quelqu’un qui comprend vite et qui trouve rapidement des solutions. »

Retenu aux États-Unis en raison de problèmes de passeport, Cloud a néanmoins eu l’occasion d’échanger avec les journalistes présents. Il s’attend également à un feu d’artifice.

« Nos styles opposés feront en sorte qu’il y aura beaucoup d’action », a indiqué Cloud. « Je m’attends à lui passer le knock-out au 2e round. Non, plutôt en 75 secondes! »

Contrairement à la majorité des amateurs, spécialistes et dirigeants de réseaux de télévision, Cloud est loin d’avoir été impressionné par la victoire de Stevenson sur Dawson. Il croit que ce dernier a offert toutes les chances du monde à Stevenson de devenir champion.

« Dawson est demeuré immobile pendant tout le combat. Il a vraiment été une cible stationnaire », a expliqué l’Américain. « Il faut dire que Dawson n’a jamais eu de menton. »

Cloud et son entraîneur Al Bonani respectent néanmoins rapidement le cheminement de Stevenson, même s’il ne compte que 80 rounds d'expérience, dont seulement un en championnat du monde. À l’opposé, Cloud en totalise 123, dont 78 lorsqu’il y a une ceinture en jeu.

« Stevenson est très fort physiquement, mais est surtout très confiant », a analysé Bonani. « Nous devrons nous battre avec l’intention de gagner. Mais je ne suis pas inquiet. Tavoris s’entraîne depuis trois semaines déjà et est en excellente forme physique. »

Le passage du flambeau?

La victoire spectaculaire de Stevenson lui a permis d’acquérir une certaine notoriété et de rencontrer des idoles comme Magic Johnson, mais elle a également complètement changé le rapport de force qu’entretenait son promoteur Yvon Michel avec ses homologues américains.

Dans le passé, Michel n’avait pas le pouvoir de dicter la marche à suivre et il ne restait souvent que des miettes quand arrivait le moment de passer à la caisse. Ce n’est définitivement plus le cas, puisque HBO considère Stevenson comme la réincarnation de Mike Tyson chez les mi-lourds.

« Ce que HBO fait, c’est qu’il négocie avec la partie A, qui négocie ensuite avec la partie B », a illustré Michel. « Avant, j’étais toujours la partie B. C’est vraiment un changement majeur. »

« Sauf que je ne me fais pas d’illusions. HBO voudra bien d’Adonis tant qu’il gagnera et qu’il gagnera de façon spectaculaire surtout. HBO planifie à long terme, mais se compromet à court terme. Notre entente ne tient que pour le combat du 28 septembre. »

Vers un nouveau départ

Reste que l’électrochoc causé par Stevenson permet à Michel de rêver. Après l’affrontement contre l’aspirant obligatoire Tony Bellew, c’est le légendaire Bernard Hopkins qui pourrait très bien se retrouver sur le chemin de Stevenson.

« Ce serait un combat présenté à la télévision à la carte aux États-Unis. J’en ai déjà discuté avec Hopkins et son promoteur Richard Schaefer », a continué Michel. « Hopkins aime beaucoup Adonis et il m’a dit que s’il avait à perdre un jour, il préférerait que ce soit contre Adonis. »

« Il trouve que c’est le boxeur qui lui ressemble le plus et qu'il aimerait lui passer le flambeau. »