MONTRÉAL – Lorsque David Lemieux a péniblement regagné son coin après le premier round de son combat contre Max Bursak, il était possible de se demander si le passage de l’ex-champion des poids moyens de l’IBF chez les super-moyens n’était pas en train de tourner au cauchemar.

 

Surpris par une droite de Bursak, Lemieux s’est retrouvé au tapis à la fin de la première minute du premier round et a passé le reste de l’assaut contre les câbles en tentant tant bien que mal d’esquiver les frappes de son adversaire qui semblaient particulièrement lourdes et pesantes.

 

Mais le Montréalais ne s’est cependant pas laissé abattre par la situation et a tranquillement, mais sûrement retrouvé ses repères pour éventuellement arracher une très courte victoire par décision partagée des juges. Son équipe était particulièrement fière de sa force de caractère.

 

« Après le premier round, je lui ai dit de ne pas paniquer parce que ce n’était pas la première fois que nous vivions ça, a révélé son entraîneur Marc Ramsay. Je lui ai expliqué qu’il nous restait encore neuf rounds, mais qu’il fallait absolument se réorganiser. Ç’a été très compliqué...

 

« Ç’a été un combat de rattrapage où nous avons été obligés de forcer la note beaucoup plus rapidement que ce que nous avions en tête. Ça nous a obligés à changer la façon dont David se présentait à lui. Je voulais quelque chose de beau autour du jab, mais ce n’était plus possible. »

 

« David a le cœur gros comme la province et il n’y a pas beaucoup de gars qui seraient revenus de ça, a ajouté son promoteur Camille Estephan. David faisait face à un gars qui frappait et qui était acharné et malgré cela, il est revenu de l’ailleurs. C’est pour ça que les gens l’aiment tant. »

 

Quand il évoluait chez les moyens, Lemieux possédait un avantage physique certain sur ses adversaires et ses nombreuses victoires par knock-out peuvent en témoigner. En passant à la catégorie supérieure, cet avantage est considérablement réduit, même carrément inexistant. Mais ce n’est pas ce qui expliquerait le faux départ du cogneur montréalais face à l’Ukrainien.

 

« La chose que j’ai le plus sous-estimée, c’est le temps d’inactivité après mon dernier combat. C’est ça qui m’a le plus affecté dans le ring, a précisé Lemieux. Ça m’a pris une couple de rounds avant de véritablement entrer dans le duel. Plus les rounds avançaient, mieux je me sentais. »

 

« Ce n’était pas évident à suivre, même de mon point de vue à moi. Ç’a vraiment été le pire des cauchemars pour un boxeur qui n’a pas boxé depuis longtemps, a continué Ramsay. À un certain moment, David cherchait beaucoup trop à lui faire mal et il ne préparait pas bien ses attaques.

 

« Je savais qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles après quinze mois d’inactivité, mais Marc voulait des rounds et c’est ce qu’il a eu, a poursuivi Estephan. Mais dès que David a repris son timing, il avait complètement le dessus. Ç’a pris cinq rounds, car son timing était mauvais. »

 

À l’image du dilemme « croustilles au vinaigre ou croustilles barbecue » auquel de nombreux épicuriens sont parfois confrontés, Lemieux et son équipe ne sont toujours pas en mesure de dire à quelle catégorie de poids sera disputé le prochain choc du boxeur âgé de bientôt 31 ans.

 

« Ce n’est pas une question de poids, mais bien de qui je vais affronter », a mentionné Lemieux.

 

« Il va falloir en discuter, mais en tant que tel, je pense que David a besoin d’un autre combat de ce type-là, a opiné Ramsay. David n’avait pas boxé depuis longtemps et ça nous a joué un tour. »

 

Chose certaine, Lemieux a encore une fois prouvé qu’il est capable d’offrir des prestations très spectaculaires dans un sport qui se cherche plus que jamais. Ils étaient 5542 pour assister à son retour en sol montréalais, ce qui s’avère un exploit digne de mention dans le contexte actuel.

Et au-delà de la question du poids, une autre reste en suspens après le combat face à Bursak : Lemieux a-t-il encore ce qu’il faut pour prétendre rivaliser avec l’élite de la boxe internationale?