David Lemieux a réussi en moins de trois minutes ce que le puissant cogneur Arthur Abraham est parvenu à faire en 35 minutes et quelques secondes. Et Lemieux est parvenu à dompter et terrasser un rival que Sergio Mora n’a jamais été capable de faire en dix assauts.

Tout cela, sous l’œil des caméras de ESPN, ce puissant réseau de télévision américain qui divertit les amateurs de boxe à presque tous les vendredis soirs. Donc, à partir de maintenant, il faudra bien s’habituer à entendre parler outre frontière d’un jeune Québécois du nom de David Lemiou.

Pendant plus d’une décennie, un autre Lemieux a fait fureur aux Etats-Unis, dans l’uniforme des Penguins de Pittsburgh et à son dernier match, on criait toujours son nom : Mario Lemiou…

J’essaie de me souvenir d’un jeune boxeur québécois avec autant de talent, un force de frappe aussi remarquable et un professionnalisme aussi parfait que David Lemieux et je ne suis pas capable de coller un autre nom.

J’ai pensé à Eddie Melo, à Matthew Hilton, à Dave Hilton, à Stéphane Ouellet, qui, très jeunes, présentaient une force de frappe respectable, et aucun de ces pugilistes, bien que très talentueux, ne va à la cheville de Lemieux en tout cas en ce qui concerne sa force de frappe.

Pouvez-vous imaginer un instant un combat entre Lemieux et Matthew Hilton, alors qu’il était champion mondial ? Une vraie pétarade… Mais je reste convaincu que David serait sorti victorieux, sa science de boxe étant supérieure à celle de Hilton.

UN AUTRE TITRE

Donc, aujourd’hui, Lemieux se retrouve avec le titre WBC International des poids moyens, ce qui lui confère une dixième place parmi les meilleurs aspirants de sa catégorie.

D’ici la fin de l’année, si la tendance se maintient, on peut donc s’attendre à voir Lemieux se battre en match de championnat contre : Sergio Martinez (WBC/WBO) ou bien Sebsatian Zbik (WBC)… Il vient de battre Domenico Spada par décision en conservant son titre intérimaire en avril dernier, ou bien encore Felix Sturm (WBA) ou encore Sebastian Sylvester (IBF). Il lui faudra ou bien traverser l’Atlantique ou bien la frontière américaine pour aspirer aux grands honneurs.

Le seul de ces champions qui montre une fiche vierge est l’Allemand Zbik (29–0-0) mais seulement 10 KO.

Je demeure convaincu qu’Yvon Michel ne lancera pas son jeune prodige dans la gueule du loup trop vite. Mais il ne le couvera pas non plus. Parmi les adversaires possibles, il y a Kelly Pavlik, s’il décide de rester chez les poids moyens, Anthony Mundine, le champion WBA International, Roman Karmazin, qui vient de faire match nul avec Sylvester, dans un match pour le titre IBF, Paul Williams, ce grand élancé de 6’1¨, vainqueur par décision technique sur Kermit Cintron, qui s’est retrouvé en bas du ring dans le dernier affrontement et peut-être aussi Cintron.

LA PORTE EST OUVERTE

Autre fait à noter, c’est que le réseau ESPN ne regorge pas de grandes vedettes explosives comme Lemieux. On l’a constaté vendredi soir quand soudainement les gens se sont levés en masse, dès la première chute au tapis d’Ayala. Dites-vous bien qu’à la maisosn, les téléspectateurs ont fait de même.

Tous les réseaux recherchent ces perles rares capables d’obliger les téléspectateurs à rester les yeux rivés sur leur écran, car on ne sait jamais quand le combat prendra fin de façon dramatique. Qu’on se souvienne de Joe Louis, Rocky Marciano, Tony Zale, Rocky Graziano, Roberto Duran, Sugar Ray Leonard, Marvin Hagler, Tommy Hearns et de Mike Tyson, peut-être le plus explosif de tous.

Jusqu’ici, David Lemieux n’a jamais traversé la frontière américaine pour livrer combat là bas. Mais tout ceci devrait changer dans les quelques mois qui viennent. Maintenant que ESPN l’a fait connaitre outre-frontière, n’en déplaise à Teddy Atlas, qui avait prédit qu’Ayala remporterait la victoire, on peut s’attendre à voir son nom soudainement changer de Lemieux à Lemiou… Et pourquoi pas…? Si l’autre Lemiou, le grand Mario, a pu amasser des millions de dollars à se faire appeler Lemiou, partout aux Etats-Unis et au Canada anglais, pourquoi pas notre David National?

En somme, c’est une sorte de baume que Lemieux vient mettre sur les blessures de GYM. Après avoir vu quatre de ses protégés, Herman Ngoujo, Antonin Décarie, Troy Ross et finalement Sébastien Demers, se faire battre, Lemieux est parvenu à renverser la vapeur.

PAUVRE DEMERS

Enfin, il y a le cas de Sébastien Demers qu’on doit prendre en considérations. Il était favori à trois contre un pour battre Brian Vera et il a failli lamentablement à la tâche. Vera avait perdu quatre de ses six derniers combats dont deux par KO contre Jaidon Codrington et James Kirkland.

En somme, il s’en venait à Montréal avec une fiche de trois revers à ses trois derniers combats, donc une proie facile pour Demers.

Imaginez… Demers était reconnu comme aspirants logiques aux couronnes de la WBC, WBA et WBO et il aurait dû battre ce Brian Vera assez facilement. Malheureusement ce n’est pas le cas et aujourd’hui, Demers doit se remettre en question.

Ce que je ne comprends pas pour un boxeur aussi expérimenté que Demers, c’est de l’avoir vu perdre son protecteur buccal à chaque round avant de finalement se faire assommer. Ou bien son protecteur n’avait pas été ajusté correctement, ou bien il était fatigué et le crachait. Pourtant, il ne devait certes pas être fatigué au premier ni deuxième round ?

Après six victoires de suite, il se retrouve avec une défaite et une vraie, contre un boxeur de deuxième ordre.

Or, quoi faire…? Devenir lui-même un boxeur de deuxième ordre, une sorte de faire valoir, et espérer qu’à 30 ans, il soit en mesure de remonter la pente. On verra… Je lui souhaite, mais j’en doute…

Bonne boxe