Je suis généreux quand je dis que les combats d’Evander Holyfield et Tito Ortiz sont une disgrâce pour la boxe... la vraie boxe. 

Même le spectacle, en provenance du Hard Rock Hotel et Casino de Hollywood, en Floride, n’en valait pas le prix d’une quarantaine de dollars.

Tito Ortiz s’est-il couché volontairement ou non face à Anderson Silva ou bien a-t-il été assommé aussi facilement? 

Je pourrais ajouter l’affrontement entre David Haye (28-4-0-26 K.-O.), lui aussi un ex-champion rendu au bout du rouleau, contre le supposé milliardaire et propriétaire de boîtes de nuits Joe Fournier (9-0-0—9 K.-O.), parfois boxeur dans ses temps libres. Deux amis qui ne voulaient pas se faire mal. 

Eh oui, j’ai acheté le gala de samedi le 11 septembre dernier, surtout parce que je voulais entendre l’ex-président des États-Unis analyser les supposés matchs de boxe. Je peux vous dire tout de suite, sans nous vanter, qu’Yvon Michel, Bernard Barré et moi-même n’avons rien à apprendre du milliardaire américain. 

En début de soirée, il a dit du combat Holyfield c. Belfort : « You’re gonna see an incredible fight. » « Vous allez assister à un combat mémorable... »  

Un combat mémorable, mon œil...

Ensuite il a lancé un défi au président actuel Joe Biden pour l’affronter dans un match de boxe. Trump a 75 ans et Biden, 78. Un tel défi n’est pas tellement brillant pour un président américain. Mais passons. Trump, c’est Trump. Quant à son fils, Donald, il n’a pratiquement jamais rien dit. Comme l’ancienne annonce télévisée : « Oui, papa... non papa... » 

Ne riez surtout pas de moi si j’ai dépensé du bel argent, durement gagné, pour voir un gala qu’on nous a vendu sous le couvert de la vraie boxe. 

J’ai regardé sur BoxRec et aucun de ces matchs de boxe a été homologué. Il faut donc conclure qu’ils étaient tous des combats d’exhibition. 

Non mais pensez-y un instant...

Il faut que la boxe ait les reins forts pour résister à ces galas de dingues, des officiels corrompus ou incompétents, des décisions qui ne tiennent parfois pas debout et des aspirants qu’on retrouve en match de championnat pour aucune raison valable, en plus de 18 couronnes mondiales en lice. 

Si j’ai acheté ce gala télévisé, c’est tout simplement parce que je travaille dans le monde de la boxe et que cela fait partie de mes tâches. Autrement, je n’aurais pas dépensé un traître sou. 

Mais revenons à « l’incredible fight » 

Comment la Régie de boxe de la Floride a pu s’y prendre pour permettre à Evander Holyfield de monter sur le ring en dépit de ses 58 ans, une allocution hésitante et des réflexes extrêmement ralentis par ses 17 années de combats? Certains l’ont même traité de « punch drunk ». 

En 2004, la Commission de boxe de New York lui avait refusé un permis car les médecins ne le trouvaient pas assez en forme et on soupçonnait des troubles cardiaques. La Régie de la Californie n’a pas voulu non plus lui accorder un permis de travail sur avis des médecins. Pourtant, les toubibs de la Floride l’ont trouvé assez bien pour participer à un match de boxe. 

Pratiquement jusqu’au jour de l’affrontement, on nous a fait croire qu’il s’agissait de vrais combats, avec des juges et un arbitre. 

Mais passons...

Pourquoi Holyfield a-t-il tant forcé pour monter à nouveau sur le ring en dépit de ses 58 ans?  

On dit qu’il aurait touché entre cinq et six millions de dollars pour avoir perdu l’équilibre et avoir chuté sur un simple jab de Vitor Belfort. 

La réponse : tout simplement parce qu’il est ruiné! 

Ne pleurez pas pour lui

Au cours de sa carrière, il a touché entre 250 et 300 millions de dollars pour ses sorties contre les meilleurs de sa catégorie. À un certain moment, au plus fort de sa carrière, il exigeait pas moins de 25 millions de dollars pour affronter un rival. 

Il a été marié trois fois et divorcé deux fois. Il a eu onze enfants avec six femmes différentes.  

Il a acheté un manoir de 109 appartements ainsi que de nombreuses voitures de luxe. Dans son château se trouvaient un théâtre de 125 places, une allée de quilles et une salle à dîner où il pouvait asseoir une centaine de convives. Juste en taxes foncières, ce château lui coûtait plus d’un million de dollars par an. 

En plus de cela, on a découvert qu’Holyfield avait le petit défaut de gager sur le football, le basketball et la boxe, et on prétend qu’il était un très mauvais parieur. 

Totalement ruiné 

En 2012, totalement ruiné, Holyfield a dû céder son manoir à la banque pour la modique somme de 7 millions de dollars.  Au moment de la transaction, il devait encore 14 millions $ sur son hypothèque. C’est le rappeur Rick Ross qui s’est porté acquéreur du château. 

Dans sa tête, Holyfield était certain qu’il pouvait continuer à se battre et que l’arbitre Burgos a mis fin aux hostilités trop rapidement. Cela nous prouve comment un pugiliste trop vieux, aux mouvements lents, au langage hésitant et au menton de pierre ponce ne peut admettre qu’il est fini, brûlé, kaput. 

Bravo à l’arbitre Burgos qui a mis fin au combat.  Il a compris qu’Holyfield aurait pu être blessé sérieusement 

Il ne veut pas l’admettre 

Encore aujourd’hui, Holyfield ne veut pas admettre qu’il était battu. Bien au contraire, il veut une revanche contre Vitor Belfort ou bien un troisième combat contre Mike Tyson. 

Il aura certaines difficultés à vendre cette idée à un site payant maintenant qu’il a été vaincu aussi facilement par un ex-champion des arts martiaux mixtes, qui n’avait jamais participé à un combat de boxe. Le pire dans tout cela, c’est que s’il avait gagné, je suis certain qu’il aurait pu trouver preneur. 

Pas plus tard que mercredi dernier, le président des Commissions de boxe Mike Mazzulli a déclaré que « des nouvelles règles concernant les boxeurs de 40 ans et plus seront adoptées prochainement. » 

Quant au directeur des opérations chez Triller, il a ajouté : « Nous allons nous éloigner de plus en plus de ces galas mettant en vedette seulement des matchs d’exhibition. » 

À la suite de ces commentaires, il est peu probable que l’on revoit Holyfield sur Triller. 

Tout ce que j’espère, avant qu’il ne soit trop tard, c’est que la boxe, la vraie, celle qui fait vivre des milliers de pugilistes, des promoteurs, des officiels, des commentateurs et qui encore, se dissocient totalement de ces galas qui relèvent beaucoup plus du domaine de « l’entertainment ». Car si jamais un participant devait être blessé sérieusement, c’est le monde de la vraie boxe qui en subirait les conséquences. 

Bonne boxe!