Il y a deux ans à peine, Manny Pacquiao trônait au sommet du classement des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète et tous les amateurs de boxe attendaient avec impatience le moment où il affronterait Floyd Mayweather fils.

À cette époque, Pacquiao venait d’avoir le dessus sur Juan Manuel Marquez pour la deuxième fois en trois combats - le premier s’était soldé par un verdict nul partagé -, et le seul boxeur qui semblait capable de battre Pacquiao était justement Mayweather. Mais comme c’est le cas en politique, deux ans sont une éternité dans le merveilleux monde de la boxe.

Pacquaio tentera en effet de mettre fin à une série de deux défaites, alors qu’il affrontera Brandon Rios dimanche (samedi soir heure du Québec) à Macao en Chine. L’entraîneur Freddie Roach a même laissé entendre que l’ancien champion du monde dans huit catégories de poids différentes pourrait accrocher ses gants s’il paraît mal pendant le combat.

Car si plusieurs criaient à l’injustice à la suite de sa controversée défaite par décision partagée devant Timothy Bradley, les mêmes se questionnent aujourd’hui à savoir si Pacquiao s’est complètement remis du violent knock-out qu’il s’est fait passer par Marquez en décembre dernier. Dans une scène qui donne encore des sueurs froides, Pacquiao s’est écroulé face première sur le tapis après avoir reçu une droite dans les derniers instants du sixième round.

Tout son entourage assure que oui, et Pacquiao a même insisté sur le fait qu’il tient à faire oublier la dernière année marquée par ses revers face à Bradley et Marquez. Mais à son retour dans le ring, après près d’un an d’absence, il aura droit, en Rios, à un adversaire possédant une bonne force de frappe et qui ne craint surtout pas les échanges musclés pour arriver à ses fins.

Ses deux derniers très, très excitants combats contre Mike Alvarado ont également prouvé son incroyable capacité à encaisser, mais peut-être davantage son manque de finesse lorsque son rival se met à se servir de son jab et à boxer en combinaisons. Face à un boxeur de la trempe de Pacquiao, cela ne pourrait évidemment pas pardonner, plus tôt que tard.

Reste que peu importe l’allure du duel, Rios pourra toujours s’accrocher à un coup qu’il aura vraisemblablement travaillé à l’entraînement, Marquez tirant de l’arrière par un point sur les cartes des trois juges lorsqu’il a envoyé Pacquiao au pays des rêves à leur dernier choc.

Si le combat de dimanche en est peut-être un de la dernière chance pour Pacquiao, il sera aussi une occasion unique pour Rios de s’établir une fois pour toutes sur la scène internationale. Jadis champion chez les légers, il avait perdu son titre avant sa deuxième défense sur le pèse-personne. Sa défaite devant Alvarado l’a privé d’une ceinture chez les super-légers à sa dernière sortie, mais une victoire sur Pacquiao lui ouvrirait surtout les portes de plusieurs lucratives confrontations chez les mi-moyens.

Malheureusement, l’entourage de Rios lui a peut-être fait échapper le ballon, après qu’on se soit moqué de l’élocution de Roach, qui est atteint de la maladie de Parkinson, à la dernière conférence de presse faisant la promotion du combat. Un homme de coin de Rios s’en est même pris physiquement au célèbre entraîneur. Déjà que Pacquiao était motivé à l’idée d’offrir une victoire aux victimes du typhon Haiyan, ce dernier soubresaut a rendu l’ancien champion philippin encore plus hargneux.