Inutile de rappeler que la boxe est un sport dangereux, à l’extrême. Et inutile de le rappeler à un boxeur de Brossard, qui bien malgré lui, a bouleversé, peut-être à jamais, la vie d’un adversaire.

Le Québécois Shakeel Phinn participait la semaine dernière, le 12 avril, à un gala de boxe à Toronto. Après ce combat, son rival Guillermo Herrera Campos est entré à l’hôpital, et au moment d’écrire ces lignes, il y est encore, une semaine après le combat. Même si sa vie semble hors de danger, le boxeur mexicain de 32 ans a subi un grave traumatisme cérébral dont les conséquences demeurent pour l’instant inconnues.

« Je me sens mal pour mon adversaire, même si mon entraîneur dit que je ne dois pas », a expliqué Shakeel Phinn lorsque je l’ai joint au téléphone mardi après-midi. Le boxeur se sent tellement mal qu’il a contribué financièrement à la campagne de soutien monétaire au profit de son adversaire.

Via l’intermédiaire d'un site internet, le boxeur tente d’amasser un montant de 10 000 $ pour « les factures médicales, la rémission et le support pour sa famille au Mexique ».

Il faut savoir que les boxeurs qui montent dans le ring ne sont pas assurés pour les dommages qu’ils pourraient y subir. Aucune compagnie d’assurances ne peut endosser une personne qui, de son plein gré, s’expose à des conséquences physiques. Les conséquences physiques et financières sont assumées par le boxeur, à moins que celui-ci ne dispose d’une entente particulière avec son promoteur. Les instances gouvernementales qui supervisent les sports de combat s’assurent de faire respecter ces ententes comme mentionné dans la Loi ontarienne sur le contrôle des sports : « Le commissaire aux sports s’assure que les promoteurs payent les frais nécessaires et respectent les exigences en matière d’octroi de permis, comme la détention d’assurances de responsabilité civile appropriées ».

Pour le reste, les compensations dépendent de la bonne volonté de tous. Par exemple, le responsable de l’événement de boxe du Shaw Festival de Toronto, Tim Jennings, a indiqué à RDS que son organisme assumera une partie des coûts des tests médicaux ainsi que le coût du logement du gérant du boxeur pour qu’il reste au chevet de son protégé.

« Stop the fight! »

J’entends régulièrement des boxeurs, des entraîneurs ou des amateurs dire qu’un combat a été arrêté prématurement par un arbitre. Dans le cas du duel Phinn-Campos, c’est visiblement la décision contraire qu’a prise l’arbitre Dave Dunbar.

« J’ai travaillé au corps pendant le combat. Avant le 7e round, je me suis rendu compte que son rythme diminuait », explique Shakeel Phinn. « J’ai alors attaqué la tête lors des rounds 7 et 8. Après sa première chute au tapis au 8e round, mon entraîneur Ian MacKillop criait à l’arbitre d’arrêter le combat pour protéger Campos. Quand l’action a repris, je lui ai à peine touché et il est retourné au sol. Je crois vraiment que l’arbitre aurait dû arrêter le combat bien avant. »

Cette situation n’est pas sans rappeler celle du boxeur Nick Blackwell, qui a été plongé dans un coma pendant huit jours après une intervention tardive tant de l’arbitre que de son propre coin, lors d’un combat survenu le mois dernier en Angleterre.

Poursuivre sa route

Shakeel Phinn (7-1) doit maintenant faire abstraction de cet incident et poursuivre sa carrière. Lorsque je l’ai joint, le boxeur de 25 ans venait de terminer des rounds de combat d’entraînement avec l’aspirant mondial Lucian Bute au gymnase des frères Grant.

Le boxeur mi-lourd n’a pas de promoteur. Comme plusieurs, il rêve de ceintures, à commencer par un titre nord-américain. Sa victoire la plus éclatante est survenue en novembre dernier, alors qu’il a passé le K.-O. à Guillaume Coudé de Saguenay, lors d’un événement présenté à Sorel.

« Il s’agit de la plus importante victoire de ma carrière. Je suis revenu de l’arrière après avoir été envoyé au plancher au 5e round. »

Phinn devrait remonter disputer un combat lors du prochain gala du Groupe Yvon Michel au Casino de Montréal, le 24 mai.