Lorsque deux reines se rencontrent
Boxe dimanche, 6 févr. 2022. 17:56 jeudi, 12 déc. 2024. 23:39COLLABORATION SPÉCIALE
Il n’y a pas que dans le règne animal que les reines se défient l’une l’autre.
C’est monnaie courante dans le monde de la boxe qu’ils soient masculins ou féminins. On en a eu une autre preuve samedi quand Claressa Shields, (12-0, 2 K.-O.) qui se prétend « la meilleure athlète féminine de tous les temps » a affronté Savanah Marshall, sa tombeuse (8-14) des championnats mondiaux de 2012 à Qinhuangdao, en Chine.
C’était après sa brillante performance sur Emma Kozig (21-1-1, 11 K.-O.).
« Je me donne un A moins, de lancer Shields après son triomphe. J’ai eu moins de difficultés avec elle qu’avec Marie-Ève Dicaire.»
C’est à ce moment que l’intervieweur a invité Marshall à donner ses commentaires sur la performance de sa future rivale.
« Je pense que si elle ne peut pas faire mieux que cela, je vais balayer le tapis de l’arène avec elle à notre prochaine confrontation! »
L’explosion
Il n’en fallait pas plus pour que Shields explose et sorte de ses gonds.
Disons qu’on ne peut publier les injures un peu crues de Shields , qui criait à pleins poumons pendant que Marshall restait très calme devant elle.
« Je n’ai pas peur de toi..., s’est écriée Shields. C’est la raison principale pourquoi je suis ici. Remporte la victoire lors de ton prochain combat le 12 mars prochain, et tu verras. Je vais laver le plancher avec toi! »
Cela faisait plus de dix ans et demi que Shields n’avait pas livré bataille à Londres, soit depuis sa première victoire d’une médaille d’or, lors des Jeux olympiques de 2012.
Au cours des neuf dernières années, Shields et Marshall n’ont jamais subi la défaite.
Marshall a gagné ses sept derniers combats par knock-out tandis que Shields n’a pas réussi à éclipser une rivale par mise hors de combat depuis sa victoire sur Nikki Adler par arrêt de l’arbitre au cinquième round, à Détroit, le 17 août 2017.
De toute sa carrière, Shields n’a perdu que six rounds au total, selon la version des juges.
Un round contre Ivana Habazin, deux rounds contre Christina Hammer et trois rounds contre Hanna Gabriels. Ses sept autres matchs ont été des balayages où elle a remporté tous les rounds.
Avec des oreillers au lieu des gants
Pour Marshall, Shields frappe ses rivales avec des oreillers dans les mains.
Elle peut bien parler, elle qui n’a jamais perdu un seul round depuis ses débuts professionnels en 2017. D’ailleurs, elle n’a que 41 rounds de boxe contrairement à 101 rounds pour Shields.
Il est évident que Marshall possède une meilleure force de frappe que Shields. Elle mesure aussi quatre pouces de plus que l’Américaine.
Sa prochaine rivale, Femke Hermans (12-3, 5 K.-O.) est une victime de Shields. En décembre 2018, à Carson, en Californie, Shields avait gagné tous les rounds contre Hermans pour finalement l’emporter par décision unanime.
Herman a 32 ans et elle a gagné ses trois derniers combats, dont deux par knock-out sur une certaine Borislava Goronova (11-62-4) et Lili Jumali (1-0). Enfin, elle a été obligée de livrer dix rounds contre sa troisième victime, Luiza Davydova (3-1).
Cela vous donne une meilleure idée du talent de Hermans, qui n’est pas de la même catégorie que celle de Marshall et Shields, mais le but c’est de voir Marshall passer le knock-out à une rivale qui est restée debout pendant dix assauts devant l’Américaine.
Et après on met la table entre les deux reines... En septembre, à Londres, devant une salle comble. Je suppose...
Je persiste à croie que Marshall va gagner cet affrontement tant attendu.
Le chanteur était mieux que le boxeur
Le chanteur qui a imité Tom Johnson, à Cardif, en interprétant la chanson Delilah a réussi beaucoup mieux que le boxeur qui a tenté de singer sa performance à la Roy Jones fils.
Il ne fait aucun doute que Chris Eubank fils est un bon boxeur, mais je ne crois pas qu’il soit dans la classe de Saul « Canelo », Jermall Charlo, Ryota Murata ou encore Demetrius Andrade, pour ne nommer que ceux-là.
Je changerai d’idée le jour où il affrontera et gagnera un match contre un boxeur de la classe d’élite. Et laissez-moi vous dire que sa dernière victime Liam Williams (23-4-1, 18 K.-O.) n’est pas de cette classe sélecte.
Après quatre rounds, Williams avait déjà visité le tapis à trois occasions. Malgré tout, Eubank, sous l’œil attentif de son père, n’a pu faire mieux qu’une victoire par décision (116-109, 116-108 et (117-109).
Mauvais imitateur
Pendant le match inégal, on a pu voir Eubank donner sa version de Jones, avec la tête sur le côté et en frappant de façon saccadée. On a même eu droit à un « Ali Shuffle » vers la fin de la rencontre. On aurait dit qu’il ne prenait pas la chose au sérieux se croyant beaucoup plus talentueux que son rival.
Jones, qui était dans le coin d'Eubank, n’a pas semblé goûter cet écart de conduite de la part de son protégé pas plus que son vénérable père, assis dans la première rangée.
Tout ça c’est bien beau, mais jamais il aurait pu faire cela contre les boxeurs élites mentionnés plus haut.
Personnellement, il piétine sur place et ce sera ainsi tant et aussi longtemps qu’il n’augmentera pas la qualité de ses rivaux.
Trop cher
J’aurais aimé vous parler de la victoire de Keith Thurman (30-1, 22 K.-O.) sur Mario Barrios (26-2, 26 K.-O.), mais je n’ai pas acheté le gala, en provenance de Las Vegas.
Soixante-quatorze dollars et quatre-vingt-quinze dollars américains pour un boxeur qui n’était pas monté sur le ring depuis près de trois ans, et qui avait alors perdu sa dernière bataille contre le vétéran Manny Pacquiao, c’était trop dispendieux.
Thurman a gagné par décision... tant mieux! Mais je ne crois pas qu’il soit prêt à se mesurer aux Errol Spence fils, Terence Crawford ou encore Jaron Ennis. Au moins, c’est un boxeur talentueux de plus chez les 147 livres et il n’a que 33 ans.
Bonne chance!
Whyte n’est jamais content
Dans un mois, le poids lourd Dillian Whyte (28-2, 19 K.-O.), celui qu’on appelle « The Body Snatcher », aura été inactif pendant un an, soit depuis sa victoire revanche par arrêt de l’arbitre au quatrième round sur le Russe Alexander Povetkin.
Il avait accepté d’affronter le Suédois Otto Wallin, mais une blessure à une épaule a mis fin à ce rendez-vous du 30 octobre 2021 à l’O2 Arena de Londres.
Depuis ce jour, Whyte n’a cessé de défier la compétition.
Si je me fie à une déclaration du promoteur Bob Arum, en décembre dernier, au moment où il a été décidé que Whyte serait le prochain adversaire du champion Tyson Fury, il a exigé une bourse de 10 millions $.
Arum a refusé cette demande.
Maintenant que le promoteur Frank Warren s’est assuré les droits d’organisation du combat, avec l’offre phénoménale de 41 millions $, Whyte est déçu de la division des bourses 80-20. Ce qui veut dire que présentement, il fait la « baboune ».
Pourtant, il n’a jamais touché une bourse aussi alléchante de toute sa vie.
C’est peut-être insultant de voir un rival gagné quatre fois plus cher que vous pour le même travail, mais dans le monde de la boxe, c’est un peu comme dans le monde du spectacle. Tu es payé selon ta popularité et le « Gypsy King » est au moins dix fois plus populaire que Whyte.
Whyte a gagné plus d’un million $ au cours de ses cinq derniers combats. Un million $ contre Joseph Parker, Derek Chisora, Oscar Rivas et un million et demi $ contre Mariusz Wach.
C’est contre Povetkin qu’il a touché le gros lot avec un chèque de quatre millions $. C’est la plus haute bourse à vie qu’il a encaissée.
À la télé payante, Whyte est loin d’avoir établi des records. Son meilleur score a été le 12 décembre 2015, quand il a affronté Anthony Joshua.
Télédiffusé sur « Sky Sports Box Office », ce match a été acheté par 699 000 vrais amateurs de boxe. Le 20 juillet 2019, seulement 368 000 acheteurs ont regardé le combat contre Rivas.
Au lieu de le voir s’améliorer, les amateurs l’ont délaissé comme la neige au printemps. Seulement 197 000 acheteurs ont vu sa revanche sur Povetkin, le 27 mars 2021.
La semaine dernière, Arum prédisait une foule de 500 000 ardents partisans de boxe pour acheter le duel Fury-Whyte. Mais souvenez-vous que le père Arum s’est souvent trompé dans ses prédictions.
Avec un tel scénario, Whyte ferait mieux d’accepter les dix millions $. S’il gagne, il pourra ajouter quelques millions de dollars à sa fortune personnelle qui est estimée à un million $. S’il perd, les choses deviendront de plus en plus difficiles pour lui.
Fury peut se moquer de Whyte à sa guise. Du revers de la main, il pourrait l’éclipser et concentrer ses efforts sur le triple champion Oleksandr Usyk, ou bien encore sur son compatriote Joshua. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, Fury pourrait se tourner du côté de l’UFC et affronter le champion Francis Ngannou pour une bourse de plusieurs millions de dollars.
Enfin, disons que le pouvoir de négociation de Whyte est pratiquement inexistant. Pour le moment, on se demande s’il est vraiment intéressé à se mesurer à Fury. Une chose est certaine, il aura 34 ans le 11 avril prochain et jamais il se verra offrir une bourse de 10 millions $ pour un prochain match.
Il est mieux d’aider à la promotion du combat, sinon cela pourrait bien être son dernier match en carrière.
Bonne boxe!