BERLIN - L'Ukrainien Wladimir Klitschko, le Russe Nikolai Valuev ou encore le Britannique David Haye ont beau se présenter comme les hommes les plus forts du monde, ces boxeurs de la catégorie-reine ne font pas le poids face aux légendaires Joe Frazier, Mohamed Ali ou Mike Tyson.

Déjà bien entamée par la multiplication des fédérations, la crédibilité des lourds a encore encaissé quelques mauvais coups avec les annulations de deux duels, l'un entre le Russe Valuev et l'Ouzbek Ruslan Chagaev pour le titre WBA, l'autre opposant Vladimir Klitschko à David Haye pour les couronnes IBF et IBO/WBO.

Le premier combat devait permettre de départager Chagaev et Valuev qui revendiquent tous deux le titre de champion des lourds, une incongruité sanctionnée par la WBA.

Mais à quelques heures du combat prévu à Helsinki le 30 mai, il a été annulé, car Chagaev est porteur du virus de l'hépatite B et Valuev refusait de se faire vacciner.

Depuis, Sauerland et Universum, les promoteurs allemands des deux boxeurs, se renvoient la faute et s'invectivent en attendant que le WBA statue sur cette énième pantalonnade.

Le combat le 20 juin entre Klitschko et Haye était encore plus attendu: par les 55 000 spectateurs qui avaient déjà acheté leur billet pour le stade du club de soccer de Schalke 04 et surtout par les spécialistes.

Car Haye, ancienne terreur des lourd-légers, n'a pas ménagé les provocations pour affronter le cadet des frères Klitschko, souvent présenté comme le meilleur lourd du moment, ou plus cruellement, le moins mauvais, avec ses 52 victoires pour trois défaites.

Mais Haye s'est blessé au dos à l'entraînement et a réclamé un sursis de trois semaines.

Promesse

D'abord perplexe devant une manoeuvre présentée par certains comme une façon de faire monter les enchères, Klitschko, champion IBF depuis avril 2006, a décidé d'honorer le rendez-vous du 20 juin. Il affrontera Chagaev qui n'a certes pas le charisme de David Haye ou encore le physique du Russe Valuev (2,13 m, 150 kg), mais qui, pour beaucoup, devrait lui poser plus de problèmes que le Britannique.

Le prestigieux magazine américain The Ring a d'ailleurs décidé d'accorder à ce combat le statut rare de championnat du monde de la catégorie.

Seul problème, celui qui est surnommé le "Tyson blanc", ancien champion du monde amateur et tombeur du triple champion olympique cubain Felix Savon, est un parfait inconnu aux Etats-Unis.

Si bien que la chaîne à péage américaine HBO? qui fait la pluie et le beau temps dans la discipline, ne retransmettra pas ce combat.

Aux Etats-Unis, la catégorie-reine de la boxe, délaissée par les jeunes noirs américains au profit du basket-ball et du football américain, dominée par les boxeurs de l'ex-bloc soviétique, ne fait plus recette.

Il n'y a guère que les Klitschko qui fassent rêver et vendre: en hommes d'affaires avisés, Vitali, détenteur du titre WBC, et Vladimir ont conscience qu'ils doivent agir en patron.

Le cadet a laissé entendre la semaine dernière qu'ils pourraient revenir sur une promesse faite à leur mère et s'affronter sur un ring.