Lucas a passé sa vie à nous surprendre
Boxe mercredi, 31 mars 2010. 11:54 mercredi, 11 déc. 2024. 06:52
L'annonce d'un combat entre Éric Lucas et Librado Andrade a eu l'effet d'un knockout punch dans la population. Nous avons tous été sonnés.
«Lucas contre Andrade, mais à quoi ont-ils pensé?», entendait-on dans les cercles les plus crédibles du milieu, mais surtout parmi les admirateurs de Lucas, un être apprécié et respecté.
Normalement, pour un combat aussi captivant, on aurait louangé le promoteur. C'était une bataille entre deux bêtes d'arène honnêtes et capables d'en mettre plein la vue à leur clientèle. Un affrontement entre un taureau venu d'ailleurs, qui a su gagner l'admiration et le respect des Québecois, et un gars intègre à qui on doit en bonne partie l'excellente santé de la boxe montréalaise.
Cependant, au lieu d'applaudir, on s'est inquiété pour Lucas. On a craint qu'il se fasse faire mal contre un rival qui est venu à une claque près de briser le parcours parfait de Lucian Bute. Si la première réaction a été ponctuée d'une certaine crainte, c'est d'abord parce que Lucas est un athlète aimé. On a craint pour lui. Certes, il sera ovationné quand il marchera vers le ring au Colisée de Québec, mais dès qu'il déposera les semelles sur le tapis, nous serons plusieurs à simplement souhaiter que les choses se passent bien pour lui.
Lucas voulait un combat significatif, quelque chose de gros, comme il se plaisait à le dire. Il l'a obtenu. On s'est néanmoins demandé si des hommes comme Jean Bédard et Stéphan Larouche, qui l'aiment encore plus que nous tous, n'auraient pas dû s'interposer en lui faisait valoir que se mesurer à un adversaire de la trempe d'Andrade, pour un deuxième combat en plus de quatre ans, c'est un peu comme demander à un équilibriste rouillé de marcher sur un fil de fer dans les hauteurs du Stade olympique.
Or, non seulement Larouche ne s'est-il pas placé en travers du chemin de Lucas, mais c'est lui qui a suggéré le nom d'Andrade. L'entraîneur, qui a eu l'occasion d'étudier le coriace Mexicain sous toutes ses coutures à l'occasion de ses deux combats contre Bute, est en territoire connu pour établir la bonne stratégie en vue de ce combat d'apparence inégal.
Larouche croit que ses trois derniers combats (deux défaites contre Bute et une victoire difficilement arrachée en 12 rounds contre Vitali Tsypko) l'ont hypothéqué physiquement. Il se dit que sa mise hors de combat contre Bute a probablement effrité sa confiance. Bref, Andrade était le meilleur adversaire de fort calibre qu'on pouvait trouver pour Lucas, compte tenu des objectifs de tout le monde chez InterBox.
«Pour que cela puisse vouloir dire quelque chose pour Éric et pour les amateurs, il fallait aussi que son adversaire soit une figure connue», explique le président d'InterBox, Jean Bédard.
Il a détecté une faiblesse
Larouche a décidé de prendre les devants après avoir entendu Lucas discuter de ses prochains adversaires potentiels. Il ne disait jamais non aux noms que les médias lui suggéraient. Il était même allé jusqu'à dire qu'il ne déclinerait pas une invitation de Jean Pascal si l'occasion se présentait. L'entraîneur a décidé que cela avait assez duré.
«Tu veux un combat, Éric? J'en ai un pour toi», lui a-t-il lancé au visage un bon matin.
Comme prévu, Lucas n'a pas dit non. C"est plutôt Andrade qui a demandé du temps pour réfléchir. Il aurait préféré procéder à un autre combat avant celui-là. Chez InterBox, il n'était pas question de lui accorder du temps pour se refaire une confiance.
Lucas a au moins une bonne raison de croire en sa victoire. À Québec, rappelez-vous, il avait prédit une victoire de Bute en cinq rounds alors que la majorité des observateurs croyaient qu'il en aurait encore une fois plein les bras contre Andrade. Bute l'a terrassé au quatrième round. Un fin observateur, Lucas avait détecté une faille dans le style d'Andrade. Or, cette faille existe toujours. Ce sera maintenant à son tour de l'exploiter.
Par contre, si les choses ne se déroulent pas comme prévu, sa réputation n'en sera pas attachée pour la peine. S'il perd, les gens vanteront son indomptable courage après avoir osé se présenter devant un bulldozer qui avait déjà poussé Bute jusqu'à l'épuisement total. Par contre, s'il avait perdu contre un adversaire comme Sébastien Demers, par exemple, on aurait dit de lui qu'il était fini et qu'il n'aurait jamais dû sortir de la retraite. Personne n'aurait voulu que ça se termine de cette façon pour un Québécois qui s'est tapé autant de combats de championnat du monde.
Andrade n'est pas un redoutable cogneur. En revanche, c'est un boxeur acharné qui continue d'avancer malgré tous les coups qu'il reçoit. Il frappe sans arrêt. On ne risque pas de se faire tuer contre lui, mais il faut souvent puiser au plus profond de ses énergies pour le vaincre. D'ailleurs, Bute, qui en sait quelque chose, a fortement déconseillé ce combat à Larouche. À ses yeux, c'est imprudent de défier un rival comme Andrade quand on sort à peine de la retraite.
«Andrade ne risque pas d'ébranler Éric au premier round comme Jean Pascal, par exemple, aurait pu le faire, précise Bédard. Il est tenace; il fonce continuellement. Il a tellement d'énergie qu'il est souvent à son mieux durant les 11e et 12e rounds. On ne lui a pas laissé la possibilité d'exploiter cet atout en limitant cette bataille à 10 rounds.»
Prêt à déjouer encore une fois les prévisions
Lucas s'entraîne à Miami depuis lundi. Il y a amené son préparateur physique. Pour ce combat, il se devra d'être plus fort physiquement qu'il ne l'a jamais été durant sa carrière. C'est l'élément qui pèsera le plus lourd dans la balance, le 28 mai. On va d'ailleurs travailler sans relâche sur cet aspect durant les six semaines de retraite fermée qui précéderont ce combat.
Pour le reste, il ne faut pas douter de son intelligence de boxeur. S'il y a un athlète québécois qui a passé une carrière entière à déjouer les prévisions des experts, c'est bien Lucas.
Le soir de ce combat, il sera assurément le négligé. Il adore ça. Il l'a été très souvent durant son impressionnant parcours. Lucas aime surprendre le monde. C'est un peu l'histoire de sa vie.
«Lucas contre Andrade, mais à quoi ont-ils pensé?», entendait-on dans les cercles les plus crédibles du milieu, mais surtout parmi les admirateurs de Lucas, un être apprécié et respecté.
Normalement, pour un combat aussi captivant, on aurait louangé le promoteur. C'était une bataille entre deux bêtes d'arène honnêtes et capables d'en mettre plein la vue à leur clientèle. Un affrontement entre un taureau venu d'ailleurs, qui a su gagner l'admiration et le respect des Québecois, et un gars intègre à qui on doit en bonne partie l'excellente santé de la boxe montréalaise.
Cependant, au lieu d'applaudir, on s'est inquiété pour Lucas. On a craint qu'il se fasse faire mal contre un rival qui est venu à une claque près de briser le parcours parfait de Lucian Bute. Si la première réaction a été ponctuée d'une certaine crainte, c'est d'abord parce que Lucas est un athlète aimé. On a craint pour lui. Certes, il sera ovationné quand il marchera vers le ring au Colisée de Québec, mais dès qu'il déposera les semelles sur le tapis, nous serons plusieurs à simplement souhaiter que les choses se passent bien pour lui.
Lucas voulait un combat significatif, quelque chose de gros, comme il se plaisait à le dire. Il l'a obtenu. On s'est néanmoins demandé si des hommes comme Jean Bédard et Stéphan Larouche, qui l'aiment encore plus que nous tous, n'auraient pas dû s'interposer en lui faisait valoir que se mesurer à un adversaire de la trempe d'Andrade, pour un deuxième combat en plus de quatre ans, c'est un peu comme demander à un équilibriste rouillé de marcher sur un fil de fer dans les hauteurs du Stade olympique.
Or, non seulement Larouche ne s'est-il pas placé en travers du chemin de Lucas, mais c'est lui qui a suggéré le nom d'Andrade. L'entraîneur, qui a eu l'occasion d'étudier le coriace Mexicain sous toutes ses coutures à l'occasion de ses deux combats contre Bute, est en territoire connu pour établir la bonne stratégie en vue de ce combat d'apparence inégal.
Larouche croit que ses trois derniers combats (deux défaites contre Bute et une victoire difficilement arrachée en 12 rounds contre Vitali Tsypko) l'ont hypothéqué physiquement. Il se dit que sa mise hors de combat contre Bute a probablement effrité sa confiance. Bref, Andrade était le meilleur adversaire de fort calibre qu'on pouvait trouver pour Lucas, compte tenu des objectifs de tout le monde chez InterBox.
«Pour que cela puisse vouloir dire quelque chose pour Éric et pour les amateurs, il fallait aussi que son adversaire soit une figure connue», explique le président d'InterBox, Jean Bédard.
Il a détecté une faiblesse
Larouche a décidé de prendre les devants après avoir entendu Lucas discuter de ses prochains adversaires potentiels. Il ne disait jamais non aux noms que les médias lui suggéraient. Il était même allé jusqu'à dire qu'il ne déclinerait pas une invitation de Jean Pascal si l'occasion se présentait. L'entraîneur a décidé que cela avait assez duré.
«Tu veux un combat, Éric? J'en ai un pour toi», lui a-t-il lancé au visage un bon matin.
Comme prévu, Lucas n'a pas dit non. C"est plutôt Andrade qui a demandé du temps pour réfléchir. Il aurait préféré procéder à un autre combat avant celui-là. Chez InterBox, il n'était pas question de lui accorder du temps pour se refaire une confiance.
Lucas a au moins une bonne raison de croire en sa victoire. À Québec, rappelez-vous, il avait prédit une victoire de Bute en cinq rounds alors que la majorité des observateurs croyaient qu'il en aurait encore une fois plein les bras contre Andrade. Bute l'a terrassé au quatrième round. Un fin observateur, Lucas avait détecté une faille dans le style d'Andrade. Or, cette faille existe toujours. Ce sera maintenant à son tour de l'exploiter.
Par contre, si les choses ne se déroulent pas comme prévu, sa réputation n'en sera pas attachée pour la peine. S'il perd, les gens vanteront son indomptable courage après avoir osé se présenter devant un bulldozer qui avait déjà poussé Bute jusqu'à l'épuisement total. Par contre, s'il avait perdu contre un adversaire comme Sébastien Demers, par exemple, on aurait dit de lui qu'il était fini et qu'il n'aurait jamais dû sortir de la retraite. Personne n'aurait voulu que ça se termine de cette façon pour un Québécois qui s'est tapé autant de combats de championnat du monde.
Andrade n'est pas un redoutable cogneur. En revanche, c'est un boxeur acharné qui continue d'avancer malgré tous les coups qu'il reçoit. Il frappe sans arrêt. On ne risque pas de se faire tuer contre lui, mais il faut souvent puiser au plus profond de ses énergies pour le vaincre. D'ailleurs, Bute, qui en sait quelque chose, a fortement déconseillé ce combat à Larouche. À ses yeux, c'est imprudent de défier un rival comme Andrade quand on sort à peine de la retraite.
«Andrade ne risque pas d'ébranler Éric au premier round comme Jean Pascal, par exemple, aurait pu le faire, précise Bédard. Il est tenace; il fonce continuellement. Il a tellement d'énergie qu'il est souvent à son mieux durant les 11e et 12e rounds. On ne lui a pas laissé la possibilité d'exploiter cet atout en limitant cette bataille à 10 rounds.»
Prêt à déjouer encore une fois les prévisions
Lucas s'entraîne à Miami depuis lundi. Il y a amené son préparateur physique. Pour ce combat, il se devra d'être plus fort physiquement qu'il ne l'a jamais été durant sa carrière. C'est l'élément qui pèsera le plus lourd dans la balance, le 28 mai. On va d'ailleurs travailler sans relâche sur cet aspect durant les six semaines de retraite fermée qui précéderont ce combat.
Pour le reste, il ne faut pas douter de son intelligence de boxeur. S'il y a un athlète québécois qui a passé une carrière entière à déjouer les prévisions des experts, c'est bien Lucas.
Le soir de ce combat, il sera assurément le négligé. Il adore ça. Il l'a été très souvent durant son impressionnant parcours. Lucas aime surprendre le monde. C'est un peu l'histoire de sa vie.