« Lucian Bute est de retour ». C’est ce que l’ancien champion des poids super-moyens de la IBF avait martelé avant son premier combat en plus d’un an et demi contre Andrea Di Luisa et qui a été présenté samedi soir au Centre Bell. Et c’est précisément ce qu’il a répété après l’avoir emporté.

Bute affichait son sourire des beaux jours quand il a rencontré les journalistes à la suite de sa victoire par arrêt de l’arbitre au quatrième round. Il a même avoué qu’il a ressenti les mêmes émotions que lorsqu’il était devenu champion du monde en battant Alejandro Berrio en 2007.

Très sensible, le Montréalais d’origine roumaine s’est même permis de verser quelques larmes après avoir été applaudi à tout rompre par les quelque 4000 spectateurs dans l’amphithéâtre où ils ont déjà été de trois à quatre fois plus nombreux à s’entasser au firmament de sa carrière.

ContentId(3.1142101):Bute achève Di Luisa
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Bute était passé de héros à paria ces dernières années en raison de ses défaites et surtout de ses contre-performances face à Carl Froch et Jean Pascal. Il était devenu évident qu’il ne voulait pas se retirer avant de savoir s’il était encore en mesure de se débrouiller dans un ring pendant un combat. Une quête à laquelle son ex-entraîneur Stéphan Larouche n’a pas voulu prendre part, car il savait pertinemment qu’il y avait un énorme danger dans cette recherche de la vérité.

Dans un excès d’enthousiasme, son nouvel entraîneur Howard Grant a indiqué qu’il n’avait aucune plainte à formuler au sujet du travail de Bute.

Évidemment, ce n’était pas le moment ni l’endroit pour commencer à émettre des bémols au sujet de sa prestation, d’autant plus que le combat avait été spécifiquement tenu afin de lui permettre de tourner la page sur son passé.

Mais reste que Bute n’a pas très bien paru au cours des deux premiers rounds, ne ressemblant absolument en rien au boxeur élégant qu’il était à une époque encore pas si lointaine. Les mains hautes collées contre son visage, il avançait et frappait de manière robotique son adversaire.

C’est comme s’il pensait et soupesait chacun de ses gestes pour éviter de se faire faire mal.

Le déclic est survenu au troisième round quand le gaucher est parvenu à laisser aller ses mains et ainsi attaquer en combinaisons. Sa vitesse et sa puissance lui ont ensuite permis d’envoyer Di Luisa au plancher au quatrième assaut avant d’inciter le coin ennemi à jeter l’éponge. Bute dit avoir clairement vu dans les yeux de son rival que ses coups lui faisaient extrêmement mal.

L’ancien champion aurait donc vaincu les démons qui le hantaient depuis que Froch avait brisé quelque chose un certain soir de mai 2012 à Nottingham en Angleterre. Le combat suivant contre Denis Grachev n’avait rien changé malgré la victoire et le revers devant Pascal en janvier 2014 a finalement clos l’important chapitre de son association avec Larouche. Vraiment?

Car il ne faut pas oublier que Di Luisa avait été précisément choisi pour redonner confiance à Bute. Ce dernier l’avait déjà aisément battu dans les rangs amateurs au début des années 2000 et l’Italien n’est jamais réellement parvenu à s’imposer chez les professionnels par la suite.

Le Québécois d’origine roumaine n’a pas trop voulu parler d’avenir, mais il est de notoriété publique qu’un duel contre le champion des super-moyens de la IBF James DeGale est dans les cartons. À choisir, il se tournerait cependant vers le détenteur du titre du WBC Badou Jack.

Sauf que son entourage devra y penser à deux fois avant d’envoyer Bute dans les griffes des meilleurs boxeurs de sa division. La décision d’affronter Di Luisa pour tourner la page était justifiable, mais l’opposer à un boxeur qui a les moyens de répliquer est-il un jeu qui en vaut la chandelle? Le désir de redevenir champion semble plus fort que tout, mais si le passé est garant de l’avenir, il faudra y songer deux fois plutôt qu’une avant de disputer le duel de trop.

Bref, Bute semble avoir ravi ses partisans les plus irréductibles, mais n’a probablement pas convaincu ceux qui doutaient qu’il fait toujours partie de l’élite. À l’heure actuelle, il serait cependant inapproprié de ne pas se réjouir du fait qu’il a retrouvé une certaine paix intérieure.