QUÉBEC - Lucian Bute et Eleider Alvarez n’ont eu aucune difficulté à respecter la limite de 175 livres à la veille de leur combat éliminatoire des poids mi-lourds du WBC, mais comme il l’avait précédemment fait en début de semaine, l’entraîneur du Montréalais d’origine colombienne, Marc Ramsay, a décoché de nouvelles flèches en direction du Québécois d’origine roumaine.

Après avoir suggéré que la décision de défier Alvarez avait été prise à la suite d’observations faites pendant des séances de sparring, Ramsay avait prévenu Bute qu’il subirait le même sort que Nicholson Poulard et Andrew Gardiner, deux ex-partenaires d’entraînement du Colombien.

« Eleider est conscient de l'enjeu »

Cette fois, l’entraîneur est allé nettement plus loin en affirmant que malgré tout ce que l’ancien champion des super-moyens de l’IBF avait pu accomplir depuis le début de sa carrière, Bute n’a jamais été en mesure de s’imposer quand l’adversaire devant lui était le moindrement qualifié.

« Sans vouloir dénigrer Lucian, qui est un ancien champion du monde, qui a fait beaucoup de défenses, qui a beaucoup d’expérience et qui demeure l’un des bons noms de la division, mais chaque fois, et pas juste récemment, qu’il est allé pour un boxeur [de catégorie] A, il n’a pas relevé le défi, a lancé Ramsay en marge de la pesée tenue jeudi midi dans un hôtel de Québec.

« Que ce soit [Carl] Froch, Jean [Pascal], Badou Jack, qui n’a rien de spécial et qui est un boxeur correct, et [James] DeGale, qui est beaucoup plus habile que ce qu’il a démontré jusqu’à maintenant dans les rangs professionnels et qui était meilleur lorsqu’il a gagné l’or... chaque fois que [Bute] a été opposé à des [Sakio] Bika, [Jesse] Brinkley ou [Brian] Magee, ç’a été compliqué. »

« Je sais que j'ai travaillé très fort »

Et même si Alvarez n’a pas encore affronté un boxeur du calibre et de l’expérience de Bute depuis le début de sa carrière, son entraîneur est convaincu qu’il prouvera vendredi soir au Centre Vidéotron qu’il appartient à l’élite des mi-lourds au même titre qu’Adonis Stevenson.

« Nous avons tout à prouver et c’est exactement ça le but de ce combat-là, a rappelé Ramsay. C’est de démontrer qu’Eleider est à un autre niveau, qu’il n’est pas un boxeur [de catégorie] B+.

« L’expérience, c’est bien, mais ce n’est pas toujours positif. L’expérience vécue pendant le combat contre Froch, ce n’est pas une bonne expérience. Alors l’expérience, c’est très relatif. »

Aspirant obligatoire à Stevenson depuis sa victoire par décision unanime sur Isaac Chilemba en novembre 2015 à Québec, Alvarez n’entend pas rater sa chance de se faire un nom auprès d’un plus large public, lui qui demeure relativement anonyme en dehors du cercle des amateurs de boxe.

« Eleider l’a mentionné souvent, il est content d’être dans un combat majeur. Il est content d’être ici et de vivre ça. Il a suivi le parcours de ses amis Jean, David et les autres gars du gymnase, mais il est content que ce soit maintenant rendu son tour, a relaté Ramsay.

« C’est beaucoup pour lui et je ne l’ai mesuré qu’à partir du moment où j’ai eu un enfant. Je partais quatre semaines pour un camp d’entraînement avec Jean et j’étais tout à l’envers de ne pas voir mon enfant. Eleider n’a pas oublié d’où il vient et je n’ose pas même imaginer ce qu’il ressent lorsqu’il laisse femme et enfant derrière pour six mois, parce que c’est ça la réalité. »

Le choix de gants d’Alvarez surprend

Disputant un deuxième « vrai » combat seulement chez les mi-lourds depuis celui contre Pascal, Bute (32-3-1, 25 K.-O.) a assuré être en pleine possession de ses moyens après avoir fait osciller le pèse-personne à 173,6 livres. Alvarez (21-0, 10 K.-O.) a affiché un poids de 174,6 livres.

« Je suis calme, relax, en confiance et je sais que j’ai travaillé fort pour ce combat-là, énuméré Bute. Je suis en forme et en santé et je n’ai eu aucune difficulté à faire le poids. C’est le temps de mettre tout ça ensemble et de bien performer afin de donner un excellent spectacle.

« Mon niveau de confiance est beaucoup plus élevé qu’à mes deux derniers combats. J’ai livré deux combats de championnat du monde très serrés avec les meilleurs boxeurs de la catégorie. Je suis très confiant, parce que je sais à quel point j’ai travaillé fort pendant mon camp. »

« Je regardais le combat que nous avions disputé contre [Andrea] Di Luisa et j’ai réalisé qu’il y avait eu beaucoup d’amélioration depuis ce temps-là, a noté son entraîneur Howard Grant. Nous venons d’ailleurs de connaître notre meilleur camp depuis que nous travaillons ensemble.

« Dans le fond, j’espère simplement que Lucian sera en mesure de briller comme il est capable de le faire. Il est l’une des meilleures personnes que je connaisse et ses succès passés ne l’ont pas changé. Il travaille fort et ne tourne jamais les coins ronds. Ce sera un très bon combat. »

Par ailleurs, le choix des gants a donné lieu à une certaine surprise, alors qu’Alvarez a opté pour des Grant plutôt que des Rival comme il en avait pratiquement toujours eu l’habitude. Considérés comme des gants de cogneur, les Grant sont notamment utilisés par David Lemieux.