Dès que j’ai entendu Michael Buffer lancer à la foule « Judge Adalaide Byrd 118-110 Canelo Alvarez! », j’ai dit à des amis en visite chez moi pour voir le combat : « Il y aura un deuxième affrontement... Vous verrez! »

Et comme de fait, la suite m’a donné raison, avec 115-113 Golovkin par le juge Dave Moretti et le deuxième clou de la soirée, 114-114 par Don Trella. 

Lui aussi, j’ai de la difficulté avec son pointage. Pourtant, c’est un vétéran qui travaille pour la Commission du Nevada depuis 15 ans et qui en était à son 735e combat à titre de juge.

En somme, le seul qui avait vu juste était Dave Moretti avec son pointage de 115-113 en faveur de Golovkin. Personnellement, j’avais 116-112 pour le Kazakh.

Comment madame Adalaide Byrd s’y est-elle prise pour arriver à 118-110? C’est donc dire qu’elle a donné dix rounds à Canelo et seulement deux à GGG. Impossible!

Pour reprendre une phrase de Teddy Atlas : « Ou bien c’est de l’incompétence, ou bien c’est du vol ».

Ce n’est pas la première fois que Tante Adalaide est contestée dans ses décisions. Elle a souvent erré en boxe, mais elle en a fait de bien bonnes aussi dans ses jugements des combats ultimes.

C’est dommage, mais c’est ainsi que cela se passe, surtout dans la ville du péché. Il y a un peu moins d’un an, Sergey Kovalev perdait une décision plus ou moins douteuse face à Andre Ward. L’action se passait au T-Mobile Arena, de Las Vegas. Et qui était l’arbitre? Robert Byrd, l’époux de Tante Adalaide.

En 2012, Timothy Bradley se voyait décerner une décision partagée face à Manny Pacquiao, au MGM Grand de Vegas. Et qui était l’arbitre? Robert Byrd.

Une histoire de famille

La boxe, c’est une histoire de famille à Las Vegas. Si tu n’es pas l’épouse, la fille, la bru, la nièce, la cousine, la blonde ou l’amie de quelqu’un de haut placé dans la Commission de boxe, tu ne travailleras jamais dans un combat. Changer quelque chose qui touche la boxe dans la ville du péché, c’est aussi pire que d’essayer d’embrasser une religieuse cloîtrée sur la bouche.

Croyez-moi, en dépit de son incompétence, Tante Adalaide va continuer à juger d’autres combats. Elle nous fait penser à la juge C.J. Ross, mais au moins elle, elle a eu la décence de démissionner de son poste. Vous me direz qu’elle y a été forcée, mais passons.

Le pire, ce n’est pas seulement cette décision d'Adalaide qui m’a mis le feu aux fesses. En me rendant au dépanneur dimanche matin, un type m’a lancé comme cela : « Eh Jean Paul, la boxe, c’est-tu arrangé? » En réponse, j’ai juste haussé les épaules. Mais une telle question me laisse un goût amer dans la bouche.

Le combat

Bon maintenant, parlons du combat. On ne peut pas changer la décision. Tout ce que l’on peut faire, et déjà les deux belligérants ont donné leur approbation, c’est d’organiser un autre duel entre les deux hommes. Et croyez-moi, d’ici six mois, on les reverra face à face. À plus de 25 millions $ par apparition, pourquoi pas?

Pour ce combat, chaque boxeur s’était vu offrir une garantie de 15 millions, plus 60 % des recettes de la télé payante. 

Pas moins de 22 358 personnes s’étaient entassées à l’intérieur du T-Mobile Arena pour voir l’affrontement.

Le duel a été exactement ce qu’on anticipait. Un excellent combat où les deux meilleurs poids moyens au monde ont donné leur pleine mesure. Mais c’est surtout l’expérience amateur de Golovkin qui a fait la différence dans le combat. Son jab a été continuellement dans le visage de son rival, ce qui a empêché Canelo de dégainer comme il sait si bien le faire.

Alvarez s’est battu surtout en contre-attaque, laissant GGG venir vers lui et en se contentant de riposter. Le combat a été intéressant, mais pas à la hauteur de celui entre Marvin Hagler et Thomas Hearns, ou encore de Sugar Ray Leonard et Roberto Duran, à Montréal.

Le spectacle en valait la peine

Une chose est certaine, le spectacle en valait la peine. Les deux se sont cognés à qui mieux mieux, sans que personne chute au tapis. Par contre, la force de frappe de GGG n’a jamais fait  plier les genoux de Canelo et tout ce que les sorties sporadiques du Mexicain ont donné, ce sont des sourires de la part de GGG, prouvant ainsi que les deux hommes possèdent des mentons de granite.

Pour une deuxième fois de suite, Golovkin, âgé de 35 ans, voyait son combat se rendre à la limite, ce qui fait dire à certains experts qu’il commence à montrer des signes de vieillissement.

On en aura certainement la preuve lors d’un prochain affrontement entre les deux hommes qui devrait avoir lieu le printemps prochain. Et cette fois, j’espère que madame Byrd brillera par son absence.

Bonne boxe!