Deuxième combat en Arabie saoudite : Arslanbek Makhmudov ne voulait pas manquer le bateau
L'influence de l'Arabie saoudite dans le monde du sport est perceptible depuis quelques années déjà. Par le truchement de son fonds public d'investissement (PIF), elle a bouleversé l'industrie du golf en lançant un circuit rival à celui de la PGA, LIV Golf, s'est portée acquéreur de Newcastle United, qui évolue en Premier League, et a investi dans la Formule Un et les courses de chevaux.
La boxe professionnelle n'y échappe évidemment pas et plus de cinq ans après avoir organisé son premier gala, qui mettait en vedette Callum Smith et George Groves en finale d'un tournoi de la Super Série mondiale de boxe, le royaume est devenu la plaque tournante des poids lourds.
Ainsi, moins de deux mois après avoir accueilli le choc entre Tyson Fury et Francis Ngannou, la capitale Riyad remet cela le 23 décembre en présentant les combats opposant Anthony Joshua à Otto Wallin, Deontay Wilder à Joseph Parker et Daniel Dubois à Jarrell « Big Baby » Miller, sans oublier Dmitrii Bivol qui mettra son titre des mi-lourds de la WBA en jeu contre Lyndon Arthur.
Le Montréalais d'origine russe Arslanbek Makhmudov a encore une fois été invité à faire partie de la fête, alors qu'il affrontera l'Allemand Agit Kabayel. Le 28 octobre dernier en sous-carte de Fury-Ngannou, il s'était illustré en passant le knock-out à Junior Anthony Wright dès le 1er round.
« C'est certain que c'est très rapproché avec le dernier combat, mais nous voulions profiter de cette chance-là, que le nom d'Arslanbek fasse partie des discussions, a dit son entraîneur Marc Ramsay avant un entraînement tenu jeudi après-midi à Montréal. Arslanbek voulait prendre des vacances après son dernier combat, mais nous lui avons expliqué la situation. Il fallait garder son nom vivant dans la business et nous avons donc décidé de donner un autre coup jusqu'à Noël.
« J'ai l'impression que les choses vont débouler très rapidement. Il risque d'y avoir des galas à répétition en Arabie saoudite et les poids lourds seront appelés à combattre l'un contre l'autre. Tous les noms qui ont circulé jusqu'à maintenant, à un moment donné, quelqu'un va sortir de l'entonnoir. Avec une victoire, Arslanbek va progresser et risque d'avoir d'autres combats, d'autres invitations, peut-être dès le printemps 2024. Il va y avoir beaucoup de boxe là-bas. »
Face à Kabayel, Makhmudov disputera un troisième combat de suite à l'extérieur de sa terre d'adoption, mais se mesurera surtout un rival de bien meilleur calibre que ses deux précédents – Wright et Raphael Akpejiori qu'il a vaincu au deuxième round en juillet plus tôt cette année.
« Les deux derniers adversaires, même si les combats étaient à la télévision internationale, il y a peut-être eu un recul et ç'a évidemment paru dans l'exécution, a avoué Ramsay. Arslanbek était beaucoup plus organisé techniquement et plusieurs correctifs avaient également été apportés.
« Avec Kabayel, nous atteignons un nouveau sommet. C'est un bon technicien avec une bonne droite et c'est quelqu'un qui a déjà fait de gros combats, comme avec [Derek] Chisora. C'est l'adversaire le plus complet qu'Arslanbek aura affronté. C'est un beau défi pour toute l'équipe. »
Invaincu en 23 sorties, Kabayel a croisé le fer avec des adversaires dont les noms sonneront peut-être une cloche (ou pas) auprès des amateurs québécois – Hervé Hubeaux et Pavel Sour, notamment –, mais le petit jeu des comparaisons s'arrête définitivement là, selon Makhmudov.
« Tous les combats sont importants et celui-là est une grosse marche pour moi, car une victoire me rapprocherait d'un combat de championnat du monde, a-t-il d'abord mentionné. Mais sans vouloir lui manquer de respect, nous ne sommes pas du tout du même calibre. Vraiment pas...
« Il a un peu plus de combats que moi dans les rangs professionnels, mais j'ai affronté de bien meilleurs boxeurs tant chez les amateurs que les pros. Il n'y a pas de comparaison possible! »
Et comme il l'avait fait lors de sa dernière visite en octobre, Makhmudov a envie de laisser une bonne impression. « C'est toujours impressionnant d'aller là-bas, a-t-il reconnu. J'ai beaucoup, beaucoup de plaisir, parce que cela me permet de réaliser mon rêve d'une certaine manière. »
« Il ne faut pas oublier qu'il est de confession musulmane et [les Saoudiens] sont très contents de voir l'un des leurs se battre chez eux, a rappelé Ramsay. [Le promoteur] Bob Arum avait dit à Arslanbek qu'il disputerait son prochain combat au Canada ou aux États-Unis, mais le prince héritier s'est très vite interposé, car il tenait absolument à l'avoir sur la carte du 23 décembre. »