Hassan N’Dam n’a jamais perdu un combat par K.-O. Mais il a visité le tapis à quelques occasions. Souvenez-vous de sa première présence aux États-Unis. C’était le 20 octobre 2012, au Barclays Center de Brooklyn. Ce soir-là, il aurait pu être le porte-parole pour les tapis Pearless ou bien encore pour la cire Johnson tellement il collait au tapis du ring.

Six fois, il a visité le plancher gracieuseté de Kid Chocolate, mieux connu sous le nom de Peter Quillin. Et pourtant, il est parvenu à terminer son combat sur ses deux jambes, après avoir chuté deux fois au cours des 4e, 6e, et 12e engagements.

Donc la question qu’il faut se poser c’est : David Lemieux est-il un cogneur supérieur à Peter Quillin?

N’Dam pourra-t-il se relever six fois à la suite des bombes de Lemieux? Si vous avez répondu non à la dernière question, l’affaire est dans le sac. Samedi soir prochain, le Québécois pourra coiffer la couronne IBF des poids moyens et même anticiper un match d’unification avec nul autre que Gennady Golovkin.

Pas trop vite

Mais n’allons pas trop vite.

Cette victoire de Lemieux n’est pas encore acquise N’Dam est un fin renard qui en a vu bien d’autres au cours de ses nombreux voyages sur la planète. Il en sera à son cinquième combat de championnat tandis que Lemieux en sera à son premier.

Hassan N’Dam N’Jikam est né au Cameroun, il vit en France et détient une fiche amateur de 84 combats dont 77 victoires.

Il a participé aux Jeux olympiques de 2004 sous les couleurs du Cameroun et s’est même payé le luxe d’une victoire sur l’Irlandais Andy Lee, devenu chez les pros, champion WBO des poids moyens. Mais au troisième ronde, il a dû s’avouer vaincu 13-26 contre le Russe Gaydarkeb Gaydarbekov.

N’Dam n’est pas trop heureux de se retrouver à Montréal et risquer de se faire casser la margoulette pour la somme presque ridicule de 51 000 $. Je sais que des gains secondaires ont été ajoutés à cette somme, mais je n’en connais pas le montant.

Imaginez… Quand il aura payé tout son monde, il ne lui restera pratiquement plus un traître sou pour fêter sa victoire ou bien pour noyer sa peine dans la défaite. Mais ce n’est pas tout… Il n’en revient pas que l’arbitre Marlon B. Wright et un des juges Benoit Roussel participent à la rencontre comme officiels.

Je respecte le choix de la Régie, mais dans un match de championnat mondial, tous les officiels devraient être neutres. De cette façon, si jamais une décision est serrée, on ne peut critiquer le travail des officiels locaux.

La victoire

La victoire en vaut la peine puisque le titre IBF des poids moyens est vacant et le gagnant se verra offrir un combat millionnaire contre Saul Alvarez ou bien encore Gennady Golovkin.

Gagez sur Alvarez. GGG, sera pour plus tard en 2016.

Personnellement, je ne crois pas que Lemieux soit encore prêt pour un combat contre Golovkin, mais contre Alvarez…, il a une chance. Et en N’Dam, il n’affronte pas un boxeur de leur calibre. Il est bon, mais il n’a jamais battu quelqu’un de la classe d’élite.

On peut dire à peu près la même chose pour Lemieux. C’est bien beau cette dernière victoire par T.-K.-O./10 sur Gabriel Rosado, mais il faut comprendre que ce dernier est un boxeur de la classe « B ». Or, disons que les fiches des deux pugilistes en puissance sont à peu près identiques, sauf que N’Dam n’a jamais perdu par KO et que Lemieux a dû abandonner face à Marco Antonio Rubio.

J’ai toujours eu confiance en David Lemieux. Il a totalement changé son style et son train de vie après ses deux défaites contre Rubio et ensuite son humiliation contre Joachim Alcine. Depuis, il a gagné ses huit derniers combats, dont sept se sont soldés par des K.-O. à son avantage.

À la veille de son affrontement, il est confiant à l’extrême. « Ne clignez pas des yeux sinon vous pourriez rater la fin du combat, a-t-il lancé. Mon intention c’est de détruire mon rival le plus vite possible. »

Mauvais négociateur

N’Dam est peut-être un bon boxeur, mais comme négociateur, il fait pitié. Il a congédié ses proches partenaires et il a refusé une bourse de 300 000 $ croyant qu’il pourrait obtenir une meilleure offre. En plus, il a vu Felix Sturm et Billy Joe Saunders refuser de l’affronter et quand Golden Boy a étudié l’affrontement entre lui et Lemieux, on a donné suite à l’appel d’offre, mais pour une somme ridicule de 102 000 $. De là, la part de 51 000 $ pour N’Dam.

De par son apparence et sa façon de travailler sur le ring, Lemieux me fait penser à Jack Dempsey, le Manassa Mauler et champion des lourds des années 20.

Je n’ai jamais vu Dempsey à l’œuvre, mais j’ai lu et visionné toutes les bandes vidéos disponibles sur sa carrière et j’ai même visité son restaurant aux coins des 5e et 8e avenues à New York.

Je persiste à croire que Lemieux a un style pratiquement identique à l’ex-monarque.

Lemieux n’a jamais connu Jack Dempsey, décédé en 1983. D’ailleurs, il aime mieux comparer son style à ceux de Mike Tyson ou encore à Marvin Hagler.

Quand notre Québécois monte sur le ring, ce n’est pas dans ses intentions d’y passer 12 rounds sous les réflecteurs.

Il admire les prouesses de Floyd Mayweather ou encore Gillermo Rigondeaux, deux experts défensifs par excellence. Mais son style, c’est de bûcher, de bûcher et de bûcher encore et d’en finir au plus vite.

Faire ça au plus vite

« Ça ne m’intéresse pas plus que cela d’accumuler des points, prétend-il. Quand je me lance à l’attaque, c’est pour dominer mon adversaire. J’aime vaincre mes rivaux comme dans le bon vieux temps. C’est ce que le monde aime vraiment. »

Personnellement, j’aime la façon de se battre de Lemieux. Il monte sur le ring avec l’intention d’éliminer son rival le plus vite possible. Il est conscient que les fans de boxe aiment ce genre de combat. Donc il leur plaît tout en se plaisant à lui-même. Et en même temps, il impressionne HBO et les autres réseaux de télévision.

Samedi, c’est le temps de monnayer toutes ces heures de travail, d’acharnement, de fatigue qu’est l’entraînement d’un boxeur en vue d’un affrontement aussi important. Lemieux n’est pas le genre de boxeur qui va se réfugier dans les câbles et qui use le bout de ses semelles de bottines à reculer et à se sauver face à un rival.

Je crois que David Lemieux va remporter la victoire sur N’Dam. Ça ne sera pas facile, mais ses coups répétés, surtout ceux au corps, devraient lui permettre de remporter la victoire par T.-K.-O. aux alentours du neuvième ou dixième engagement.

Andre Ward de retour

Samedi soir, à Oakland, en Californie, Andre Ward va tronquer son micro, sa cravate et son tuxedo de même que son rôle d’analyste de télé pour ses gants de boxe qu'il n’a pas mis officiellement depuis le 16 novembre 2013, soit depuis près de 19 mois.

Pour ce retour, on a choisi de sacrifier une brebis qui a perdu ses deux derniers combats et qui a été passé K.-O. deux fois au cours de sa carrière.

Son nom, Paul Smith, un pugiliste de 32 ans qui est natif du Royaume-Uni.

Smith en sera à sa première présence en sol américain et il devra monter sur le ring à 172 livres, tel que stipulé par contrat.

D’ailleurs, il est peu probable que Ward revienne un jour chez les super-moyens à 168 livres. Il a l’intention de graduer chez les mi-lourds et il veut se mesurer à Sergey Kovalev ou bien encore à Adonis Stevenson, au plus vite. En somme, Paul Smith est là juste pour qu’il puisse se faire la main.

Mon choix est assez facile à faire. Andre Ward par K.-O. pas plus tard que le 5e engagement.

Wilder a eu chaud

Heureusement que Deontay Wilder n’avait pas Wladimir Klitschko devant lui la semaine dernière sinon il serait encore à l’hôpital.

Eric Molina l’a sonné solidement au troisième engagement de leur combat et il a bien failli lui ravir sa couronne. Heureusement, Wilder a été capable de reprendre ses sens et parvenir à battre son rival par K.-O. en 9e reprise.

L’espoir américain a l’intention de livrer quatre combats au cours de l’année et les noms de Tony Thompson et Chris Arreola ont déjà été mentionnés. Mais un de ces jours, il lui faudra bien se mesurer à son premier aspirant à sa couronne, le Russe Alexander Povetkin, et là, il n’est pas sorti du bois.

Si Wilder est ce qu’il a de meilleur chez les Américains pour défendre les couleurs des poids lourds, Wladimir Klitschko peut dormir en paix.

En terminant, félicitations à Arthur Beterbiev et Eleider Alvarez pour leurs victoires la semaine dernière à Chicago. Plus tard, je reviendrai sur le sujet.

Bonne boxe!