J’avais un pressentiment avant même que le combat ait lieu que je ne l’achèterais pas à la télé payante. Et je me réjouis d’avoir sauvé une cinquantaine de piastres. Car après avoir lu les compte-rendus sur les différents sites de boxe, je constate que je n’ai rien manqué.

Un boxeur rendu au bout du rouleau a fait match nul avec un pugiliste dont la force de frappe ressemble étrangement à celle d’ une maitresse d’école que j’avais en première année. Si elle me donnait une tape au visage (parait que c’était légal dans le temps), je lui riais en pleine face. Ca l’enrageait encore plus.

Ce sont des combats semblables qui nuisent à la boxe et qui font si bien paraitre les combats d’arts martiaux. Non seulement les trois juges n’ont pu s’entendre sur un vainqueur, mais en plus, à ce qu’on dit, le spectacle était plate, archi-plate.

Comme c’est devenu une habitude chez lui, Sergio Mora a dansé, il a accroché et il a lancé quelques coups sans aucune puissance. Et son rival, le vieux Sugar Shane a dit que c’était très bien comme cela. Que pour lui, ce fut un bon combat. Eh, tchékez sa bouteille d’eau ?

Maintenant rendu à 39 ans, Shane Mosley n’a plus rien du boxeur qu’il était jadis. Vous vous souvenez de ce magnifique athlète qui a battu des boxeurs aussi célèbres qu’Oscar DeLaHoya, Fernando Vargas, Antonio Margarito et Ricardo Mayorga pour ne nommer que ceux là.

Il nous avait donné une bonne idée de son déclin contre Floyd Mayweather. Après avoir tenu le haut du pavé en tout début de combat pendant deux rounds, se payant même le luxe de plier les genoux de Money, il avait tellement ralenti qu’à la fin, il faisait pitié à voir.

TOUTE BONNE CHOSE A UNE FIN

Dans le vie, toute bonne chose a une fin. Mosley est rendu là. Bernard Hopkins, qui affrontera Jean Pascal en décembre, en dépit de ses 45 ans, connaitra éventuellement à peu près le même sort un de ces jours. D’ailleurs, je suis convaincu que c’est pour cette raison qu’Yvon Michel a accepté de lancer son poulain tête première contre l’Executionner. Pour pouvoir dire un jour… ¨Vous avez vu, c’est Jean Pascal qui a mis fin à la carrière de Bernard Hopkins. Un type qui s’en va tout droit au Temple de la Renommée.¨ Et vous savez quoi ? Je crois qu’il a raison.

Tout comme Hopkins, Mosley se retrouvera lui aussi un jour au Temple, mais certainement pas Mora.

Quelqu’un vous a-t-il déjà parlé de Sergio Mora ? Vous t-on déjà vanté ses qualités ? Impossible… Il a bien été champion de l’émission The Contender en battant Jesse Brinkley en demi-finale et Peter Manfredo en finale.

Son autre fait d’arme… Une victoire par décision serrée sur Vernon Forest qui lui a valu une couronne mondiale. Mais trois mois plus tard, il était décoiffé par ce même Vernon Forest.

PAS SÉRIEUX

Mora a tellement pris ce combat au sérieux qu’il s’est présenté sur le ring à 157 livres au lieu de 154, ce qui lui a valu une amende de $58 000, remise à Mosley dont la soirée de travail lui valait déjà un million de dollars.

Et ensuite, on se demande où s’en va la boxe ?

Prenez l’exemple des poids lourds. Les frères Klitschko sont si supérieurs à leurs rivaux qu’il est pratiquement impossible de leur trouver des adversaires qui en vaillent vraiment la peine. Il faut donc se rabattre sur des boxeurs qu’ils ont déjà vaincus.

Chez les lourds légers, l’honneur des Américains repose sur les épaules de Steve Cunningham. Et si vous êtes vraiment un connaisseur, vite… Enumérez-moi cinq noms des meilleurs lourds légers dans le monde entier ?

Chez les mi-lourds, c’est un Québécois du nom de Jean Pascal qui domine la scène et qui donne toujours de l’action dans ses combats.

Chez les super-moyens, encore un autre Québécois, Lucian Bute que bien des experts croient le meilleur au monde en compagnie de Mikkel Kessler.

Et c’est pratiquement comme cela dans presque toutes les catégories. Peut-être l’action se passe-t-elle en Europe car en terre d’Amérique parfois, ça fait dur.

Le meilleur boxeur au monde livre pour livre, Floyd Mayweather, est sous le coup d’une arrestation sous huit chefs d’accusations. Le deuxième meilleur boxeur au monde, Manny Pacquiao, doit se battre contre un tricheur (Antonio Margarito) qui a déjà servi une suspension d’ un an.

LE SUPER SIX

Je croyais au début qu’on avait réussi un coup de maitre en présentant un gala des meilleurs super-moyens au monde. Ca nous a amené où exactement ? Un boxeur (Jermaine Taylor) a dû se retirer. Un remplaçant (Alan Green) a été totalement déclassé. Mikkel Kessler est au repos forcé, tout comme l’Anglais Carl Froch. Il reste les deux Américains André Ward et André Dirrell mais tout indique que leur affrontement sera remis à plus tard.

Dans le fond, je me dis que c’est dommage que notre poids lourd Jean François Bergeron ait décidé d’accrocher ses gants. Il n’aurait peut-être jamais pu battre l’un ou l’autre des frères Klitschko, mais il n’aurait pas fait pire que les autres pieds de céleri qui sont tombés comme des mouches devant eux.

Heureusement que chez nous au Québec, la boxe se porte admirablement bien. Un peu comme en Europe. On a deux valeureux champions, Jean Pascal et Lucian Bute. Un aspirant qui sort de l’ordinaire, (David Lemieux) et une pléiade de jeunes boxeurs qui attendent leur tour pour finalement briller au firmament pugilistique, comme Jo Jo Dan qui s’est fait voler une couronne mondiale il n’y pas si longtemps en Turquie, ou encore Troy Ross qui a connu à peu près le même sort en Angleterre.

Et il ne faudrait pas oublier Antonin Décarie qui doit affronter à nouveau son tombeur Souleyman M’baye pour un titre mondial dans les mois qui viennent.

Si la boxe va mal aux Etats-Unis, ce n’est certainement pas la faute du Québec. Chez nous, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Bonne boxe