La seule défaite qu'on retrouve à la fiche de Hermann Ngoudjo pourrait s'avérer un mal pour un bien quand le boxeur québécois fera son entrée dans le ring en vue de son premier combat de championnat du monde.

Ngoudjo (16-1) affrontera Paul Malignaggi (23-1), le champion IBF des super-légers originaire de New York, samedi soir au Bally's Ballroom à Atlantic City.

Ngoudjo en sera alors à son deuxième combat en direct devant les caméras de la télé américaine, après sa défaite crève-coeur par décision partagée subie à Las Vegas, le 20 janvier 2007, aux mains du vétéran et ancien champion du monde Jose Luis Castillo.

«Il a affronté une légende et un ancien champion du monde, et il a beaucoup mieux fait que bien des gens s'y attendaient», a dit le promoteur Yvon Michel de l'affrontement de Ngoudjo contre Castillo, vendredi. «Il y a un an, il n'aurait pas été prêt pour un combat de championnat, mais maintenant il l'est.»

Le combat de samedi sera diffusé en direct au réseau Showtime aux États-Unis, ainsi qu'à la Société Radio-Canada.

«Ce combat-là (contre Castillo) a permis aux gens de me connaître et de savoir d'où je venais, a déclaré Ngoudjo, un boxeur de 28 ans. Ca m'a beaucoup aidé.

«Je ne ressens pas de pression parce que je sais que j'ai fait le travail en gymnase et que je suis prêt.»

L'athlète d'origine camerounaise, qui est demeuré au Canada à la suite des Jeux de la francophonie disputés en 2001 à Ottawa et Gatineau, a été moins impressionnant dans son combat éliminatoire contre l'Américain Randall Bailey, au mois d'août dernier à Montréal. Il l'a alors emporté par décision partagée.

Reste que cette victoire a fait de lui l'aspirant obligatoire à la couronne de Malignaggi, qui a décroché la ceinture de l'IBF au moyen d'une victoire par décision unanime face à Lovemore N'dou en juin dernier.

Le champion américain est reconnu pour la rapidité de ses coups, bien qu'il ait seulement mis cinq de ses adversaires hors de combat, tous en début de carrière. Il n'a pas stoppé un adversaire avant la dernière cloche depuis une victoire par K.-O. technique au sixième round aux dépens de Kevin Watts, en 2003.

Ngoudjo, qui frappe plus fort que son adversaire, a réussi le K.-O. à neuf reprises, mais les chances sont bonnes que l'affrontement de samedi dure les 12 rounds prévus.

«Je ne pense jamais au K.-O., a souligné Ngoudjo. J'essaie seulement d'affronter mon opposant, je cherche simplement à lui faire mal, à lui fermer la gueule et à le forcer à me respecter.»

Les deux boxeurs ont passé la majorité de la semaine à s'échanger des mots durs, bien que ce soit monnaie courante dans le monde de la boxe. Malignaggi a promis cette semaine qu'il allait se servir de la tête Ngoudjo comme la boule d'une machine à boules.

«Quand je suis devenu (l'aspirant obligatoire), j'ai regardé sur l'Internet et j'ai vu qu'il disait de vilaines choses à mon sujet, a raconté Ngoudjo. J'ai décidé d'attendre jusqu'à ce qu'il y ait une conférence de presse pour lui dire que j'avais tout vu et que je lui ferais payer.»

Malignaggi est le favori et il songe déjà à lancer un défi au boxeur britannique Ricky Hatton, qui devrait retourner dans la catégorie des 140 livres après avoir été malmené le mois dernier par Floyd Mayweather fils chez les 147 livres.

La seule défaite de l'athlète de Brooklyn est venue aux mains du champion invaincu de la WBO Miguel Cotto, qui est considéré comme l'un des 10 meilleurs boxeurs livre pour livre.

Une victoire de Ngoudjo lui permettrait de devenir le troisième boxeur du Québec à détenir une ceinture de champion, après Joachim Alcine chez les super mi-moyens (WBA) et Lucian Bute chez les super-moyens (IBF).

Alcine fait lui aussi partie du Groupe Yvon Michel, tandis que Bute est un poulain de l'écurie InterBox.

«Peu importe qui perd ce combat, il restera un aspirant solide dans cette catégorie et il obtiendra une autre chance, a affirmé Michel. Mais je pense vraiment que c'est au tour de Herman de briller.»