Il y a maintenant sept mois que le verdict est tombé : Andre Ward, victorieux par décision unanime des juges. Il avait l’air tout surpris lors de l’annonce de son triomphe. C’était le 19 novembre dernier, et encore aujourd’hui, les arguments vont bon train.

La moitié des gens croit que Ward a remporté la victoire et l’autre moitié n’en démord pas. Kovalev aurait dû triompher.

Qui a raison?

Cette fois-ci, Sergey Kovalev n’a pas l’intention de laisser l’issue de sa revanche entre les mains des juges.

Il prétend qu’il va passer le K.-O. à « SOG » qu’il se plaît à appeler « SOJ » (son of judges, soit fils des juges au lieu de fils de Dieu). Il l’a aussi qualifié de paper champion (champion de papier).

La question qu’il faut se poser à la veille de ce deuxième duel entre les deux, c’est : allons-nous assister à un tout nouveau combat ou la revanche sera-t-elle une réplique de la première confrontation?

Si jamais le deuxième combat est une réplique du premier, Ward conservera ses trois couronnes et retournera chez lui avec au moins 5 millions $ de plus dans son compte en banque. Ward lance beaucoup de coups et excelle dans les corps-à-corps. Plusieurs juges sont impressionnés par le nombre de coups lancés sans égard pour la force d’impact.

Jusqu’ici, durant l’entraînement, c’est Kovalev qui a été le plus loquace pour ne pas dire le plus insultant des deux. D’ailleurs, il ne se cache pas pour dire qu’il veut détruire totalement son rival, qui selon lui a été favorisé par les juges lors de la première confrontation. C’est rare que deux boxeurs se détestent autant, mais dans le cas de Kovalev, c’est devenu une obsession.

Pas facile à diriger

En route vers Kovalev c. Ward II, partie 1

Kovalev n’est pas un boxeur facile à diriger et à contrôler. Il a fait venir quelques entraîneurs de Russie, prétextant qu’il avait de la difficulté à comprendre les messages de son entraîneur John David Jackson.  D’ailleurs, Jackson se sentait tellement négligé par son protégé qu’il a offert ses services au clan de Ward. Mais si on se fie à « Krusher », tout est normal entre lui et Jackson.

Comment interpréter un tel manque de franchise ou de contact entre les deux hommes? 

Le premier combat s’était déroulé en deux volets. Les cinq premiers rounds ont été presque tous à l’avantage du Russe tandis que la deuxième moitié est allée du côté de l’Américain. Kovalev n’a jamais été en mesure de tirer profit de la chute au tapis de son rival au deuxième engagement.

 Andre Ward a été beaucoup plus diplomate que son rival depuis le début du camp d’entraînement et il ne veut pas tomber dans cette histoire de l’Américain contre le Russe pour cette deuxième confrontation.

Trois juges américains

En route vers Kovalev c. Ward II, partie 2

Lorsque l’annonceur maison a crié le nom de Ward comme vainqueur du premier combat, Kovalev n’a pas  hésité à crier haut et fort que c’était une décision à l’américaine par trois juges américains. D’ailleurs, regardez la bande vidéo et vous constaterez que Ward a paru surpris quand l’annonceur maison l’a déclaré vainqueur par décision unanime.

Cette fois-ci, Kovalev ne pourra plus se plaindre des juges. Encore une  fois, ils seront tous des Américains et il les a acceptés d’emblée. Glenn Feldman est natif  du Connecticut, Dave Moretti est résident de Las Vegas et Steve Weisfeld habite River Vale, au New Jersey.

« Krusher » s’est aussi plaint de la performance de l’arbitre Robert Byrd, qui a permis à Ward de le bousculer pendant tout le combat en novembre dernier. Cette fois-ci, c’est Tony Weeks qui sera le troisième homme sur le ring.Ce dernier est un vétéran qui a déjà officié des combats de Manny Pacquiao c. Oscar De La Hoya, Canelo Alvarez c. Alfredo Angulo, Floyd Mayweather c. Juan Manuel Marquez et Mayweather c. Marcos Maidana, pour ne nommer que ceux-là. Il a travaillé pendant 25 ans dans une prison.

Il sait comment se faire écouter et respecter.

Surentraîné

Kovalev prétend qu’il était surentraîné pour le premier affrontement. Il avait dépensé tellement d’énergie à l’entraînement qu’il était épuisé en deuxième partie de rencontre.

J’ai de la difficulté à comprendre qu’un boxeur coiffant trois couronnes de champion (et qui avait livré 31 combats en carrière, sans compter son temps passé chez les amateurs), donne comme raison de sa défaite qu’il se soit trop entraîné la première fois.

Cette fois-ci, Kovalev a ralenti la cadence de son entraînement. 

« J’ai commencé à ressentir la fatigue après le cinquième engagement, prétend-il. Cette fois, je n’ai pas forcé autant à l’entraînement. À cause de ce ralentissement, je me sens plus fort à la veille de la revanche. »

J’avais Kovalev gagnant dans le premier affrontement mais j’ai accepté la défaite. C’est vrai que le combat était serré et que la décision pouvait aller d’un côté comme de l’autre.

Mauvaise habitude

Je n’enlève rien à Kovalev, mais il a cette mauvaise habitude de mettre le blâme sur le dos de ses adversaires ou bien encore sur les arbitres et aussi  sur les juges. Des proches soutiennent qu’il n’écoute pas les conseils de ses hommes de coin et qu’il fait à sa tête. Ce sera à surveiller entre les rounds avec ses nouveaux camarades russes.

On verra bien maintenant s’il va écouter les directives de ses compatriotes qui parlent la même langue que lui. Le Russe n’a pas besoin de cela. Tous savent qu’il est un bon boxeur, certes parmi les meilleurs de sa catégorie, mais comme tout le monde dans l’élite, il doit écouter et suivre les conseils de ceux qu’il paie pour le guider.

J’ai hâte de voir combien de gens vont se porter acquéreurs du duel à la télévision payante de HBO. Ward n’est pas reconnu comme un bon vendeur à cause de son style hermétique et Kovalev ne semble pas être en mesure d’amener les amateurs à la télé, surtout la télé payante.

Dans le premier combat, seulement 160 000 amateurs avaient vu le match. C’est très en dessous du million et plus qu’a amené le duel entre Canelo Alvarez et Julio Cesar Chavez, le 6 mai dernier.

À quoi doit-on s’attendre?

À quoi doit-on s’attendre à la veille de ce deuxième engagement entre les deux hommes?

Si on se fie aux déclarations de Kovalev, il va commencer le combat en lion. Si jamais il parvient à terrasser Ward en moins de trois rounds, il foncera sur lui comme un taureau enragé et il ne lui laissera aucune chance de récupérer comme ce fut le cas dans le premier engagement.  Mais la tâche ne sera pas facile. Ward est un vieux routier de 33 ans qui n’a jamais perdu durant sa vie professionnelle.

La dernière fois qu’il a accusé un recul dans un combat, ça remonte à sa carrière amateur de 115 victoires contre 5 revers.

Il a commencé sa carrière professionnelle en 2004, après avoir gagné la médaille d’or lors des Jeux olympiques de 2004 à Athènes, en Grèce.

Encore Kovalev

Je n’ai pas changé d’idée, je crois toujours que Kovalev va gagner ce deuxième affrontement car l’arbitre Steve Weeks est reconnu pour faire cesser les accrochages assez rapidement.

Si tel est le cas, Kovalev aura plus de place pour travailler sur longue distance.

Il lui faudra passer le K.-O. à Ward, ou bien encore voir l’arbitre mettre un terme au combat à la suite d’une blessure grave à « SOG ». Si le match se rend à la décision, l’arbitre lèvera à nouveau le bras du triple champion. Cela voudra dire qu’il a totalement neutralisé la puissance des coups de Kovalev avec sa défense hermétique.

PRÉDICTION : Kovalev par K.-O. avant le 6e round