En voyant Ryan Garcia abattre Francisco Fonseca, d’un seul crochet de la gauche vendredi soir, je n’ai pu faire autrement que de penser au premier match chez les pros qu’avait livré Oscar De La Hoya au Great Western Forum, d’Inglewood, en Californie. C’était le 23 novembre 1992.

La ressemblance entre les deux hommes est frappante, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur leur style de boxe. Le Golden boy est né à Montebello, Californie, et Garcia, 125  kilomètres plus loin, à Victorville, dans la vallée de San Bernardino.

Oscar fait 5’10 ½" et Garcia, 5’10". Tous deux sont d’origine mexicaine et ont connu une brillante carrière amateur. Celle de De La Hoya  (223-5, 163 K.-O.) est supérieure à celle de son jeune protégé (215-15). Oscar a gagné une médaille d’or aux Jeux olympiques de 1992 et Garcia n’a pas participé à cet événement majeur.   

Attendez, ce n’est pas tout. Garcia a commencé sa carrière professionnelle à 18 ans et un jour. De La Hoya  à 18 ans et 294 jours.

Oscar pesait 133 livres à son premier combat pro, soit une demi-livre de plus que son jeune protégé. Tous deux ont gagné leur premier combat par K.-O. dès le premier round.

Après 20 combats, les deux n’avaient jamais subi la défaite. La fiche d’Oscar était de 20-0, 18 K.-O., tandis que celle de Garcia est de 20-0, 17 K.-O.  

Comparaisons étonnantes

Jetez un coup d’œil sur la fiche des deux boxeurs et vous serez aussi surpris, pour ne pas dire aussi étonné que moi. C’est comme si on avait cloné le Golden Boy.

À première vue, il est facile de faire l’analogie. Les deux se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils ont la même taille, la même couleur de cheveux, la même couleur des yeux. Et pourtant, il n’y a aucun lien de parenté entre les deux.

Tout cela pour vous dire qu’il n’a fallu que 1 minute et 20 secondes à Garcia pour assommer son rival Fonseca, un vétéran de 30 combats n’ayant subi que deux revers contre des champions jusque-là.

Fonseca a perdu contre Tevin Farmer, l’ex-champion IBF des super-plumes par décision unanime et il a été vaincu par knock-out au 8e round par Gervonta Davis, le super monarque de la WBA des poids plumes.

Garcia a réussi en moins de deux minutes, ce que Farmer a pris 12 rounds à faire et Davis a utilisé un coup derrière la tête pour finalement avoir raison de Fonseca au 8e engagement.

Main droite endolorie

Garcia a réussi tout cela avec une main droite endolorie qu’il n’a pratiquement jamais testée à fond au cours de son camp d’entraînement. Il a donc assommé Fonseca avec un puissant crochet de la gauche, placé parfaitement à la mâchoire.

En dépit de ses 21 ans, Garcia doit être considéré comme un des meilleurs jeunes boxeurs à faire saliver les promoteurs actuellement. Il est dans la même classe que Vergil Ortiz (21 ans, fiche de 15-0, 15 K.-O.) et Teofimo Lopez (22 ans, fiche de 15-0, 12 K.-O.).

Après sa victoire, Garcia s’est agenouillé devant son rival qui prenait du temps à reprendre ses sens. Ensuite, il s’est adressé à la foule pour les remercier et soudainement le champion WBC des légers, Devin Haney, s’est pointé le nez sur le ring.  

Garcia se déclarait le champion du peuple  tandis que Haney expliquait que c’était lui le vrai monarque. Heureusement, il n’y a pas eu de confrontation.

Un de ces jours, les deux s’affronteront. C’est marqué dans le ciel. Sauf que pour le moment, la liste des adversaires du jeune Ryan est Jorge Linares, l’ex-champion dans trois divisions de poids, vainqueur de Carlos Morales, en demi-finale de la soirée. On parle aussi de Luke Campbell et finalement de Gervonta Davis, avant la fin de l’année.  

Une chose est certaine... Garcia se battra le 4 juillet prochain. « Cette date est déjà réservée », d’admettre De La Hoya. Qui sera l’heureux élu?

Misez un p’tit deux sur Linares.

Pour sa soirée de travail, Garcia a empoché un chèque de 250 000 $. Vous pouvez être certain que ce montant sera doublé lors de son prochain combat.

Caleb Plant est prêt

S’il y a un boxeur sur cette planète prêt à affronter « Canelo » Alvarez, c’est bien Caleb Plant, le détenteur de la ceinture IBF des super-moyens. Il l’a prouvé une 20e fois samedi soir à Nashville, au Tennesse, en disposant de l’Allemand Vincent Feigenbutz par arrêt de l’arbitre au 10e engagement.

Plant en était à la deuxième défense de son titre IBF et son prochain rival devrait être David Benavidez, le monarque du WBC.

Une chose est certaine, c’est du moins ce que prétend le promoteur De La Hoya . « Si personne n’accepte nos offres pour affronter "Canelo" d’ici lundi, nous chercherons ailleurs, » soutient-il.

De La Hoya faisait alors illusion à Billy Joe Saunders et Callum Smith, qui se sont vu offrir des contrats pour se mesurer à "Canelo". Mais jusqu’ici ils ont refusé. Or, il faut regarder ailleurs.

Aucune valeur populaire

Et pourquoi pas? Saunders n’a aucune valeur populaire aux États-Unis et Callum Smith n’a pratiquement rien fait qui vaille lors de son dernier match contre John Snyder.

Comment vendre ces deux pugilistes chez l’Oncle Sam?

À 35 millions de dollars par combat, « Canelo » a le droit d’être difficile dans le choix de ses rivaux. Gennadyi Golovkin et Ryan Murata sont hors de question, du moins pour le moment. Il y a donc Jermall Charlo qui lui a lancé un défi et Demetrius Andrade, qui sont des possibilités pour le 5 mai prochain à Las Vegas. Car c’est certain... « Canelo » Alvarez montera sur le ring pour le cinco de mayo.

Beterbiev revient chez lui

Artur Beterbiev pourra déguster du bon sirop d’érable du Québec le printemps prochain tout en défendant ses couronnes WBC et IBF contre le Chinois Fenlong Meng.

Mais pourquoi diable, Fanlong Meng?

Je veux bien croire que Meng est un beau grand jeune homme gaucher  de 31 ans, vacciné, toutes ses dents, qui fait 6’ 2" et qui exerce le métier de boxeur depuis le 17 janvier 2015 après avoir connu une belle carrière amateur.

C’est vrai qu’il s’est rendu jusqu’aux Olympiques de 2012 où  il a gagné son premier match puis a perdu le second. Depuis, il fait carrière chez les professionnels et a compilé une fiche de 16-0, 10 K.-O.).

Il a du talent, c’est évident. Sa fiche parle par elle-même. Mais je me demande... Avec si peu de combats contre des adversaires de deuxième classe, comment a-t-il pu se hisser jusqu’en première place des aspirants à l’IBF où Beterbiev règne en roi?

Son nom paraît aussi au WBC, l’autre royaume où Beterbiev est aussi le monarque, mais là, le pugiliste d’origine chinoise doit se contenter du 15e rang.

Le problème, c’est que Beterbiev est tellement talentueux que rares sont ceux qui veulent l’affronter. Il faut donc se rabattre sur le boxeur qui rapportera le plus de dividendes. Et ce n’est pas un secret pour personne que tous les promoteurs veulent étendre leur champ d’action à la Chine.

Or, c’est maintenant officiel. Beterbiev se battra à Québec le 28 mars prochain et Fanlong Meng sera son rival.

Un retour

Tant mieux. Notre champion fantôme n’a pas boxé au Québec depuis près de quatre ans moins une vingtaine de jours.

La dernière fois qu’il est monté sur un ring québécois, c’était au casino du Lac Leamy, à Gatineau, le 23 décembre 2016. Il se battait alors pour la couronne NABA des mi-lourds et il avait éclipsé Isidro Ranoni Priéto, dès le premier round.

Le problème n’est pas du côté de Beterbiev, il vient plutôt de son rival.

Êtes-vous capable de me dire comment Meng Fanlong s’y est pris pour monter jusqu’au premier rang de l’IBF? Ce gars-là n’a jamais battu personne. Croyez-vous qu’il est meilleur qu’Oleksander Gvodyk (17-1, 14 K.-O.), que Callum Smith,(27-0, 19 K.-O.), que Gilberto Ramirez (40-0, 26 K.-O.) que Maksim Vlasov (45-3, 26 K.-O.), que Joshua Buatsi (12-0, 10 K.-O.) que Dominic Boesel (30-1, 12 K.-O.) et qu'Umar Salamov (25-1, 19 K.-O.).

Comment créer un 1er aspirant

Jetez un regard sur les fiches de ses cinq derniers rivaux et vous allez tout comprendre. À l’exception d’Adam Deines  (19-1-1, 10 K.-O.), un Russe qui vit en Allemagne, toutes les victimes de Meng présentaient des mentons suspects. Il en a donc couché trois. Sa dernière victime, Gilberto Rubio, a perdu 7 de ses 9 matchs par K.-O.. Frank Buglioni a été vaincu 3 fois sur 4 par mises hors de combat. Chris Epley a vu son menton déjoué 4 fois sur 5, même chose pour Emmanuel Danso.

Comme vous le voyez, c’est facile de fabriquer une fiche gagnante à un boxeur. Quelques zombies et le tour est joué.

Selon vous, combien faudra-t-il de rounds à Beterbiev pour anesthésier son rival? Deux, trois, quatre, cinq tout au plus.

Durant ce temps, le champion de la WBA, Dmitry Bivol bûche sur son sac de sable dans son gymnase, sans rival à l’horizon. C’est lui que nous aimerions voir sur le ring contre Beterbiev, pas le Chinois.

La faute à Beterbiev

C’est Beterbiev lui-même qui a mélangé les cartes en refusant d’aller défendre son titre en  Chine, en prétextant qu’il n’était pas d’accord avec la politique interne chinoise. Il était même prêt à abandonner sa couronne plutôt que de faire le voyage en Asie.

Bravo... On ne peut pas dire qu’il manque de cran.

Le marché chinois est très intéressant pour les promoteurs de boxe tout comme l’est celui de l’Arabie Saoudite, toutefois c’est beaucoup plus difficile de faire affaire avec les Chinois qu’avec les Saoudiens. Il arrive parfois que les Chinois avancent des chiffres pour se porter acquéreurs d’une franchise, mais quand vient le temps de payer, ce n’est plus la même chose.

Quant à l’issue du combat, il est peu probable que Meng Fenlong fasse long feu devant Beterbiev. Il n’est tout simplement pas dans la même classe que le champion. Mais si le Chinois sort de son combat pas trop amoché, il aura le temps de goûter à notre bon sirop d’érable et de contempler les beautés de la ville de Québec. Mais je ne crois pas que sa mâchoire meurtrie lui permettra de mâcher les bonnes oreilles de crisse.

Bonne boxe!