Le combat tant attendu sera présenté dans 32 jours. Bien malin l'expert en boxe, au Québec ou ailleurs, qui peut prédire avec certitude qui de Jean Pascal ou de Lucian Bute en sortira grandi.

Il y a deux ans, personne n'aurait douté de la victoire de Bute. Aujourd'hui, on en est moins sûr. La terrifiante défaite qu'il a subie contre Carl Froch laisse encore beaucoup d'appréhension dans le public. Le Roumain est un athlète populaire au Québec. On ne voudrait pas que l'histoire se répète contre Pascal. Parce qu'il est un athlète apprécié, une bonne partie du public s'inquiète encore pour lui. Réaction normale si elle en est une. On n'aime pas voir souffrir inutilement quelqu'un qu'on aime.

Si seulement on avait la certitude que les coups portés par Froch ne le hantent plus et que les images négatives de cette défaite sont totalement effacées de son cerveau. Bute nous en donne l'assurance. Le clan InterBox tient le même langage. On nous assure même qu'on verra le Bute d'avant-Froch face à Pascal.

Le principal intéressé a de nouveau l'oeil clair. Froch lui avait fait perdre ses repères dans le ring et à l'extérieur. Il a retrouvé toute sa vivacité. Il ose même relever une faiblesse dans le style de son prochain rival en précisant que Pascal se bat à plein régime durant une minute et demie à deux minutes par round. Pas plus.

Pour arriver à chasser le passé, Bute tient compte du fait qu'il était ennuyé par des malaises à la main et à un pied qui ont affecté sa concentration face à Froch. Cette blessure à la main l'avait d'ailleurs empêché d'ouvrir la machine à l'entraînement. Stéphan Larouche, de son côté, est le premier à reconnaître que toute l'équipe ne s'était pas présentée en Angleterre avec la bonne attitude. On s'attendait à pouvoir contrôler facilement tous les éléments entourant cette bataille, mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Bute avait aussi négligé le fait, semble-t-il, qu'il avait devant lui un adversaire qui rêvait de lui arracher la tête. Ce qu'il a presque fait, d'ailleurs.

On ressent parfois le besoin de s'appuyer sur de bonnes excuses pour se redonner une contenance. Si Bute invoque toutes les anomalies qui se sont produites en Angleterre pour justifier sa seule défaite en carrière, cela explique en partie la confiance qui l'anime en ce moment. Sa main est parfaitement guérie. Il n'a mal nulle part. Pour ce qui est du comportement de l'équipe face au clLucian Butean adverse, disons qu'elle a beaucoup appris de cette dégelée.

« J'ai déjà entretenu des doutes sur la capacité de Lucian d'oublier ce qui s'est passé contre Froch, mais depuis son retour de la Roumanie à la suite de son opération à la main, je n'ai plus le moindre doute à son sujet, affirme son promoteur, Jean Bédard. Il est redevenu le même homme, le même bon boxeur. Lucian est un gars sincère. Il ne nous conterait pas de bullshit en nous disant que tout est oublié si cela n'était pas vrai. Il sait ce qu'il vaut dans la boxe et il aura la chance de le démontrer. »

Une chose est certaine, cette fracture à la main a été détectée au bon moment. La tournure des événements a été providentielle pour Bute et son entourage. Ses chances de vaincre Pascal en janvier sont sûrement meilleures qu'elles ne l'auraient été l'été dernier. Le styliste n'aurait pas battu le fauve avec une main affaiblie. Plus important encore, il a eu sept mois additionnels pour faire le ménage dans sa tête. C'est survenu il y a 19 mois quand même.

En encaissant la défaite le 18 janvier, l'un des deux pugilistes aura beaucoup à perdre sur le plan de la crédibilité. Pour Bute, il s'agirait d'une seconde défaite en trois combats. Pour Pascal, il faudrait parler de deux défaites et une nulle à ses quatre derniers combats. En gagnant, par contre, l'un prendra une bonne longueur d'avance sur l'autre dans une tentative de remontée vers un titre mondial.

« Je ne suis pas totalement d'accord avec ça, corrige Bédard. Ça dépendra du genre de défaite qui sera encaissée ce soir-là. Si c'est un combat spectaculaire, très serré, il y a tellement d'action dans cette catégorie et HBO y investit tellement d'argent que même le perdant se verra offrir un gros combat. Ni un ni l'autre ne jouera sa carrière dans ce combat, à moins d'un désastre. »

George Parros : Il faut trancher

Je ne crois pas que Marc Bergevin ait un ego suffisamment gros pour l'empêcher de reconnaître qu'il a commis une erreur en embauchant George Parros.

Il faut se souvenir du contexte. De grands rivaux comme Toronto, Boston et Ottawa possédaient déjà ce type de joueur. Il lui fallait absolument donner plus de poids au Canadien (surtout à la suite de l'élimination contre les Sénateurs) tout en soulageant du même coup le très courageux Brandon Prust qui était seul à se taper le sale boulot. Les vrais justiciers capables de semer la crainte autour d'eux ne sont généralement pas disponibles sur le marché. Or, Bergevin n'a pas eu à donner gros pour obtenir Parros. On comprend aujourd'hui pourquoi.George Parros

Il a cédé aux Panthers de la Floride Philippe Lefebvre qui a jusqu'ici marqué deux buts en 11 matches dans la Ligue américaine, en plus d'un choix de septième ronde. Là où Bergevin n'a pas commis d'erreur, c'est quand il a limité son entente avec Parros à un an seulement.

Le temps est venu pour Bergevin et Michel Therrien de faire passer l'individu avant l'équipe. Parros est un homme brillant, sympathique et populaire dans son vestiaire. Il faut qu'on cesse de l'écouter quand il dit bien se sentir. On ne connaît pas un seul coéquipier qui aimerait le voir encaisser un autre coup qui pourrait être son dernier.

Je n'aime pas entendre Therrien déclarer que Parros se sent mieux et que sa situation sera évaluée au jour le jour. Cela laisse sous-entendre qu'on pourrait faire appel à ses services dès qu'il pourra entretenir une conversation intéressante.

Le propriétaire du Canadien, son directeur général et son entraîneur ont une responsabilité morale envers les joueurs. Dans ce cas précis, c'est d'abord à la santé de Parros qu'ils doivent penser. Le bagarreur, lui, qui en est à sa dernière année de contrat, ne veut pas que ça s'arrête à 33 ans. Il lui faut donc retourner au jeu à tout prix pour conserver ses chances de prolonger sa carrière. Après avoir subi deux commotions cérébrales en deux mois et demi, il insistera pour retourner à un job qui consiste à recevoir des coups de masse sur la tête.

Ce n'est pas comme si Parros était un rouage indispensable dans le système du Canadien. Sauf le respect qu'on doit à son courage et à son intelligence, il n'apporte strictement rien à l'équipe, si ce n'est qu'il peut à l'occasion permettre à Prust de souffler un peu. Une mission dont il ne peut plus s'acquitter sans hypothéquer son avenir à l'extérieur de la glace et sans compromettre sa relation future avec sa femme et ses enfants.

Je ne vois pas comment Marc Bergevin, qui est l'un des personnages les plus humains et les plus sensibles qu'on puisse croiser dans le hockey, pourrait permettre à Parros de jouer à nouveau. Si la priorité de l'équipe est la sécurité des joueurs, comme le prétend l'entraîneur, le moment est bien choisi pour en faire la démonstration.

Si jamais le gros bonhomme retourne sur la glace et qu'il jette les gants contre un autre matamore, il faudra détourner notre regard de cette bataille parce que la suite des choses pourrait être très troublante à regarder.

En français, svp

J'ai entendu un joueur québécois, candidat pour un poste avec Équipe Canada Junior, donner une appréciation de son jeu au collègue Stéphane Leroux.

« Plus que ça l'allait, mieux que ça l'allait », a-t-il dit.

Ne vont-ils pas à l'école dans cette ligue?