Le combat de championnat éliminatoire entre Adonis Stevenson et Donovan George, qui devait avoir lieu vendredi prochain, a dû être reporté en raison d'une blessure à la main gauche de Stevenson. Laissez-moi d'abord vous expliquer en détail comment la blessure est survenue.

Adonis a frappé le coude d'un de ses partenaires d'entraînement, vendredi dernier. Il a senti une douleur sur le coup, mais c'est arrivé au début de l'entraînement et il a continué sa routine en entier. Par la suite, quand il a enlevé ses gants, il a réalisé que sa main était très enflée. Comme il venait tout juste de se blesser, lui et ses entraîneurs ont cru que sa main allait être revenue à la normale le lendemain. Mais la situation s'était plutôt détériorée, sa main était tellement enflée qu'il était incapable de la fermer.

Il est allé voir un médecin spécialiste qui est associé avec l'équipe d'Emanuel Steward, à Detroit. Ils se sont rendu compte en faisant un test d'imagerie par résonance magnétique qu'il n'y avait pas de fracture. Ils ont fait des traitements et pensaient que ça allait réagir rapidement. À ce moment-là, ils croyaient être en mesure de sauver le combat. Dimanche, la situation ne s'était pas améliorée, il était toujours incapable de fermer la main. Sur recommandation du médecin, ils ont décidé que cinq jours n'allaient pas être suffisants pour récupérer et être prêts pour le combat. L'importance du combat et la qualité de l'adversaire ont aussi pesé dans la balance pour prendre la décision. Personne ne peut espérer battre un adversaire de la trempe de Donovan George en étant handicapé par une blessure. L'équipe a donc conclu que c'était mieux de ne pas prendre de chance et de reporter le combat un peu plus tard.

Adonis est maintenant revenu à Montréal et il rencontrera notre médecin, le Dr. Fontaine, qui lui fera subir les traitements appropriés. Il travaillera également avec la clinique de physiothérapie Hugo Lettre. Selon le médecin qu'il a rencontré à Detroit, sa main devrait être correcte après une dizaine de jours de traitement. Adonis a prévu reprendre l'entrainement à Detroit dans deux semaines.

Selon les résultats des examens réalisés à Detroit, ce n'est pas une blessure qui pourrait avoir des répercussions à long terme. C'est une blessure beaucoup moins grave que celle que Jean Pascal a subie il y a quelques semaines. L'inflammation dans la main de Stevenson est trop importante pour lui permettre de monter sur le ring alors que Pascal souffre d'une contusion à l'os de la main. Évidemment, c'est ce qui nous a été dit pour le moment, mais seulement le temps nous donnera des réponses précises sur l'étendue de la blessure d'Adonis. La convalescence avait été plus longue que prévu dans le cas de David Lemieux et de Jean Pascal. On se croise les doigts et on espère que les médecins ont vu juste pour la blessure de Stevenson.

Je ne crois pas que c'est une blessure qui pourrait nuire à Stevenson en vue de son combat. On a attendu le temps nécessaire avec Lemieux, on fait la même chose avec Jean Pascal et c'est aussi ce qu'on fera avec Adonis. On n'acceptera jamais qu'un boxeur monte sur le ring en étant handicapé. Lorsque Stevenson remontera sur le ring, il aura ses deux mains. Je ne vois pas comment cette blessure pourrait l'affecter au moment de monter sur le ring contre George.

Le combat devrait être repris au début du mois d'octobre. Mais les organisateurs vont trouver un boxeur pour remplacer Adonis face à Donova George en fin de semaine et la IBF ne prendra pas de décision avant que ce combat ait eu lieu. Je comprends le promoteur Leon Margules de ne pas vouloir faire le coup à ESPN et annuler complètement le combat. Donc, George va se battre et une décision finale pour ce qui est de la date de la reprise de son combat contre Stevenson sera prise la semaine prochaine.

Moins compliqué que pour Pascal-Cloud

Heureusement, dans le cas présent, ce n'est pas si compliqué que ça du point de vue organisationnel pour la reprise du combat. Nous avions déjà prévu une date potentielle en septembre ou en octobre quand le combat de Jean Pascal avait été annulé, il y a deux semaines. Mais une opportunité s'était finalement présentée quand ESPN nous a contactés pour présenter ce combat le 17 août. C'est également facile puisque les deux boxeurs veulent vraiment s'affronter et on est très près de son promoteur Leon Margules, qui est aussi un ami personnel.

Si je compare avec la difficulté pour replacer le combat Cloud-Pascal, c'est complètement un autre monde. Dans le cas de Pascal, il faut s'assurer de son rétablissement complet. Il faut également trouver une date de télévision avec Showtime dans un calendrier qui est déjà élaboré et qui est assez chargé. On doit s'entendre avec Karo Murat qui est l'aspirant obligatoire. Il avait accepté de se tasser et laisser Pascal affronter Cloud avec la garantie que le gagnant était pour se battre avec lui. Il n'est pas très content avec la situation qui pourrait l'obliger à reporter davantage le combat. Ses demandes pour nous permettre de faire le combat Pascal-Cloud sont présentement exorbitantes. On doit également s'entendre avec la IBF, trouver un site disponible pour présenter le combat sans entrer en conflit avec la date du 3 novembre, pour le combat entre Lucian Bute et Denis Grachev. On doit également s'entendre à nouveau avec Don King. Ça représente tout un casse-tête au niveau de la logistique. C'est pour cette raison qu'on n'a pas encore trouvé de terrain d'entente pour le combat Pascal-Cloud.

En parlant de Jean Pascal, je lui ai parlé vendredi dernier et la douleur est encore présente dans sa main. Ce qui est normal puisque les médecins avaient prévu une convalescence d'un mois avant que sa main soit rétablie complètement. Sa blessure est survenue il y a deux semaines donc il est normal qu'il ressente toujours de la douleur. Sa réhabilitation se fait selon les attentes jusqu'à présent.

Les Olympiens impressionnants

J'aimerais aussi profiter de cette chronique pour saluer le travail de nos représentants aux Jeux olympiques de Londres. L'équipe masculine, qui était composée de deux boxeurs, a très bien fait. Je ne connaissais pas beaucoup Custio Clayton, mais il m'a impressionné énormément par sa façon de se comporter sur le ring, sa technique et aussi sa façon de gérer ses adversaires. Il aurait pu facilement se retrouver dans la ronde des médailles ce qui aurait été extraordinaire puisque la dernière fois que le Canada a remporté des médailles en boxe, c'était aux Jeux de 1996.

Dans le cas de Simon Kean, il a donné une performance au-delà des espérances contre le Français Tony Yoka. Je sais qu'il a été affligé par les blessures cette année et il a démontré beaucoup de caractère. Il a réussi à faire abstraction de tout ça et a livré toute une performance. Il a un bon gabarit et de belles habiletés athlétiques. Il lui a seulement manqué un peu d'expérience dans son dernier combat face à Ivan Dychko.

Je crois que Simon Kean a un brillant avenir devant lui. J'ai entendu dire qu'il souhaitait demeurer quelques années chez les amateurs pour gagner en expérience et je pense que c'est la bonne chose à faire. Mais évidemment, s'il décidait de passer chez les professionnels, on serait très intéressés à discuter avec lui. Nous allons d'ailleurs contacter Clayton pour connaître ses intentions dans son futur immédiat.

Beaucoup d'observateurs ont critiqué le système de pointage aux Jeux olympiques, notamment en raison de la défaite controversée de Clayton. Cependant, je crois qu'il serait difficile d'améliorer la situation. Le système parfait n'existe pas.

Chez les amateurs comme chez les professionnels, dès qu'il a jugement d'individus, il y aura des disparités entre ce que chaque juge voit. La perception de chacun est différente, l'éducation et l'expérience le sont également. Il y aura aussi toujours une différence avec ce que le public voit.

Parfois, il y a des résultats chez les professionnels qui sont également vivement critiqués comme c'est arrivé pour le combat Pacquiao-Bradley. Je parlais à mon collègue Bernard Barré qui a vu tous les combats de boxe aux Jeux et, selon lui, sur plus de 200 combats, peut-être quatre ou cinq ont été controversés. Dans l'ensemble, on peut dire que le système fait le travail. Je donne le bénéfice du doute aux gens qui font ce système et aux êtres humains qui l'appliquent. Je leur fait confiant pour faire comme ils le font déjà d'une olympiade à l'autre, c'est-à-dire améliorer ce système le mieux qu'ils le peuvent. On ne peut pas en arriver à créer un système dans lequel tout le monde s'entend à chaque fois.

Propos recueillis par Jean-Philippe Daigle