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MONTRÉAL – Même s’il a participé aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 et qu’il est ensuite devenu champion du monde des poids mi-lourds du WBC entre juin 2009 et mai 2011, Jean Pascal visitera néanmoins des territoires inexplorés pendant son combat contre Steve Bossé.

Les deux athlètes s’affronteront le 29 juin prochain à la Place Bell, mais il s’agira de la première véritable incursion du Lavallois chez les lourds-légers, alors que l’athlète maintenant âgé de 35 ans n’a jamais combattu à une limite supérieure à 181,5 livres depuis le début de sa carrière.

Si Bossé (1-0, 1 K.-O.) ne devra pas dépasser 200 livres le vendredi à la pesée, Pascal (32-5-1, 19 K.-O.) devra de son côté s’assurer de faire osciller le pèse-personne au minimum à 188 livres pour que le duel obtienne l’aval de la Régie des alcools, des courses et des jeux de Québec.

L’ex-redresseur de torts de la Ligue nord-américaine de hockey et combattant à l’UFC devrait ainsi afficher un poids de 230 livres le soir du combat, tandis que celui de Pascal ne devrait pas dépasser 190 livres, très légèrement au-dessus de son poids de tous les jours apparemment.

Pour préparer cet enjeu, Pascal et son entraîneur Stéphan Larouche se sont tournés vers trois partenaires d’entraînement de 225, 250 et 275 livres, question que l’ancien champion ne soit pas pris au dépourvu au moment où Bossé tentera de se servir de son imposante charpente.

« Si je suis capable d’absorber les coups pendant le camp d’entraînement, alors je vais être capable d’absorber les coups d’un gars de 225 ou 230 livres pendant le combat, a expliqué Pascal avant un entraînement tenu vendredi après-midi au Complexe sportif Claude-Robillard.

« Quand le mastodonte de 275 livres met tout son poids sur moi, je finis par le sentir dans mon dos. Je suis tombé à l’entraînement une couple de fois, parce qu’après cinq ou six rounds, ça devient extrêmement pesant. Mais je me dis que ça fait partie du processus d’entraînement. »

« Jean souffre comme je ne l’ai pas vu souffrir souvent auparavant parce que nous faisons des choses que nous n’avons jamais faites, a ajouté Larouche. C’est quelque chose de nouveau et extrêmement exigeant. À la limite, je me demande si ce n’est pas trop, ce que nous faisons.

« Je vais mettre sa carrière de boxeur sur la glace »

« Sincèrement, quand Jean se fait frapper par le gars de 275 livres, je suis un peu inquiet des fois. Est-ce que j’ai pris une bonne décision? Est-ce que je n’ai pas exagéré un petit peu trop?

« Mais il va falloir être extrêmement prudent, parce que nous avons des gants de 16 onces et un casque à l’entraînement. Le soir du combat, ça va être des gants [de 10 onces] et il n’y aura pas de casque. Si Bossé a une qualité, c’est que c’est un gars explosif, un sniper, qui a l’habitude du coup de poing vif. C’est ce qui a fait sa carrière jusqu’à présent et il faut se méfier de cela... »

Une association qui soulève des doutes

Comme le rapportait RDS.ca en primeur mardi, Bossé s’est offert les services de l’entraîneur d’Adonis Stevenson, Javan « Sugar » Hill pour préparer la rencontre au sommet face à Pascal.

Plusieurs doutent que le réputé entraîneur soit en mesure de véritablement aider Bossé à vaincre un boxeur de la trempe de Pascal. Ce dernier fait évidemment partie du lot, d’autant plus qu’il a lui-même vécu une expérience mitigée en s’associant au célèbre Freddie Roach en vue de son deuxième combat contre l’ancien champion unifié des mi-lourds Sergey Kovalev.

« Au début, ça m’[avait] apporté une petite dose de confiance, mais il faut rappeler que ç’a été un de mes pires combats, a mentionné Pascal. Ce n’est pas la faute à Freddie Roach, mais peut-être que nous n’avons pas eu assez de temps ensemble. Ça n’a pas été bénéfique pour moi.

« J’étais un boxeur à temps plein et un ancien Olympien, et en deux mois, je n’avais pas eu le temps d’assimiler toutes les informations nécessaires. Alors ça me surprendrait beaucoup que Bossé, en seulement un mois, ait le temps nécessaire pour assimiler l’expertiser pour me battre.

« Ils vont avoir le temps de faire de petits ajustements, mais quand ça va aller mal par contre, il va revenir au naturel. C’est normal, ça fait partie de la [nature] humaine. Tôt dans le combat, il va revenir à son naturel de bagarreur de rue, de bagarreur de hockey, de bagarreur à l’UFC... »

Un son de cloche qui n’est pas entièrement partagé par son entraîneur, qui dispose finalement que de très peu d’informations sur Bossé. L’athlète de Saint-Jean-sur-Richelieu n’a disputé qu’un duel de boxe professionnelle en février dernier et en totalise quatorze en arts martiaux mixtes.

« C’est un gars qui a mille et un combats en dehors des câbles, mais entre les quatre câbles, il n’a qu’un combat de débutant fort. C’est ce que nous avons vu, il faut se baser là-dessus, a nuancé Larouche. C’est un gars courageux, un guerrier qui ne va pas abandonner avec un bon menton.

« Et ce que Jean réalise lorsqu’il frappe des gars de 225, 250 ou 275 livres, c’est que son coup de poing n’a pas le même impact que contre un gars de 175 livres. Même s’il est un bien meilleur que tous ces gars-là ensemble, ces gros poids lourds continuent de mettre de la pression sur lui.

« Mais ultimement, Bossé va trouver que c’est plus gros que tout ce qu’il a imaginé. Jean est déjà passé par là, il a fait des combats d’envergure majeure : [Bernard] Hopkins deux fois, Kovalev, Las Vegas, le Centre Bell... Jean a fait de grosses affaires et c’est de l’expérience. »

« Si Bossé a une qualité, c'est qu'il est explosif »

À première vue, il peut être effectivement difficile de penser qu’un boxeur qui ne compte qu’un combat professionnel sans palmarès chez les amateurs puisse donner quelconque opposition à un ancien champion du monde sur le déclin, mais un ancien champion du monde tout de même.

Il s’agit peut-être là de l’essence même de ce choc : semer le doute pour justifier son existence.