Suivant son combat contre Badou Jack, le boxeur Lucian Bute s’est soumis à un contrôle antidopage en avril dernier à Washington. Les échantillons A et B prélevés au terme de son combat se sont avérés tous deux positifs, lesquels avaient révélé la présence d'ostarine. Il s’agit d’une substance interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA) puisqu’elle imite les effets des stéroïdes anabolisants.

La Commission d'athlétisme de Washington devrait bientôt commander une enquête par un comité pour la réalisation d'un rapport sur le sujet. Suivant la publication de ce rapport, la Commission pourrait ensuite ordonner des sanctions telles qu'une amende ou une suspension.

De plus, le Code mondial antidopage (CMA) prévoit que la violation d'une règle antidopage lors d'un contrôle en compétition entraîne l’annulation des résultats obtenus dans le cadre de cette compétition, mais aussi le retrait des médailles, honneurs, points et prix qui s'y rattachent.

Version de Bute

Bute nie l'utilisation d'ostarine et de produits dopants. En effet, il soutient que son préparateur physique avait demandé à un laboratoire de préparer un supplément pour l'aider à dormir. Il prétend que la substance consommée a été contaminée à l'ostarine lors de sa préparation et qu'il s'agit d'une erreur de laboratoire.

Bute entend instituer une poursuite contre ce laboratoire puisqu'il allègue avoir subi un préjudice irréparable à son image dû à la prétendue faute du laboratoire.

Produit contaminé

Spécifions que l’usage de suppléments nutritionnels expose les athlètes à un risque de dopage. Comme plusieurs athlètes consomment des suppléments, ils doivent être extrêmement vigilants puisque ces produits peuvent renfermer des substances interdites qui ne sont décelées que lors d'un contrôle de dopage. La consommation de ces suppléments peut causer des dommages irréparables à la carrière d'un athlète et les sportifs doivent s'assurer d'obtenir l’autorisation de leur organisation avant de prendre n’importe quel supplément en raison du risque d’un contrôle positif par inadvertance.

Responsabilité objective de l'athlète (responsabilité stricte)

Selon le CMA, tous les athlètes et leur personnel sont entièrement responsables de toute substance interdite présente dans leurs échantillons et ce, peu importe comment elles s’y sont retrouvées.

Il incombe à chaque athlète de veiller à ce qu'aucune substance interdite ne pénètre dans son corps. Par conséquent, il n'est pas nécessaire que l'intention, la faute, la négligence ou l'usage conscient de la part de Bute soit démontré afin d'établir une violation antidopage. Ce principe trouve automatiquement application lorsque les échantillons d’urine/de sang d'un athlète ont généré des résultats anormaux, tel est le cas de Bute.

Le test de la responsabilité stricte peut sembler injuste dans certaines circonstances particulières lorsque l'athlète peut avoir pris des médicaments suivant de mauvais conseils de son médecin ou un mauvais étiquetage sur le médicament ou lorsque l'athlète se voit administrer des médicaments dans un pays étranger après avoir été malade. Toutefois, l'interdiction des substances interdites ne sera pas levée en reconnaissance de son absorption accidentelle par le sportif.

Le CMA prévoit une présomption réfutable, laquelle présume que le laboratoire accrédité par l'AMA a fait une analyse correcte de ses conclusions. Une fois que le contrôle de dopage démontre que la substance interdite était effectivement présente dans le corps de Bute, le fardeau de la preuve incombe à ce dernier pour réfuter cette présomption.

Comme l'athlète est objectivement responsable des substances trouvées dans son échantillon, une violation des règles antidopage survient dès qu'une substance interdite est décelée dans son prélèvement corporel. Ainsi, Bute engagera sa responsabilité aussitôt qu'une règle antidopage aura été violée, et ce, même si cette violation n'était pas intentionnelle.

Réduction de la période de suspension pour cause d’absence de faute ou de négligence significative

Certaines violations au CMA peuvent donner lieu à une réduction de la suspension pour des produits contaminés.

Si Bute peut démontrer que la substance interdite décelée dans son corps découlait d’un produit contaminé en l'absence de faute ou de négligence de sa part, sa sanction minimale sera une réprimande alors que sa sanction maximale sera une suspension de deux ans, le tout dépendamment de la gravité de la faute.

Dès lors qu'une substance interdite est dépistée dans ses échantillons, Bute est présumé avoir enfreint les règles antidopage. Si sa version des faits est avérée et qu'effectivement le supplément a été contaminé, la contamination du produit ingéré pourrait réduire sa sanction éventuelle pour violation aux règles antidopage.