Le gala présenté par le Groupe GYM vendredi au Centre Bell a été un véritable succès à tous les niveaux. Les gens se sont déplacés en grand nombre et les cotes d'écoute ont été plus qu'excellentes.

Même si Joachim Alcine et Jean Pascal n'ont pas livré les performances qu'ils auraient souhaitées, je suis convaincu qu'ils ont beaucoup plus appris qu'ils ne pourront jamais se l'imaginer.

Les quatre premiers rounds ont été particulièrement difficiles pour Joachim, qui s'est compliqué la tâche pour rien en s'abaissant au niveau d'Alfonso Mosquera. Joachim a possiblement sous-estimé Mosquera et pensé qu'il pouvait rivaliser coup pour coup avec lui. Joachim aurait eu la vie beaucoup plus facile en attaquant immédiatement à l'aide son jab. Je suis convaincu qu'il se serait débarrassé assez rapidement de Mosquera en privilégiant cette stratégie.

J'entendais son entraîneur Howard Grant lui donner les directives que je viens de mentionner entre les rounds, mais Joachim ne semblait pas les assimiler. J'ai l'impression que le scénario envisagé n'était pas conforme à ce qui s'est produit en début de combat. Cela devient alors extrêmement difficile pour un boxeur d'apporter des ajustements s'il ne les visualise pas bien dans sa tête. Ce que Joachim voulait faire, c'était d'en mettre plein la vue à ses fidèles supporteurs afin de les remercier de leur appui. Mais au fur et à mesure que le combat avançait, Joachim a fini par comprendre que l'approche qu'il favorisait n'était pas appropriée.

Et c'est à partir du moment où il a compris qu'il devait revenir avec son jab qu'il a véritablement pris le contrôle de l'arène pour de bon.

D'un autre côté, Joachim a démontré qu'il disposait de plus de ressources et d'endurance que son adversaire. Il a également prouvé qu'il était en très bonne santé et qu'il était en mesure d'y aller à fond de train pendant 12 reprises. À partir du 10e assaut, tout le monde a remarqué que Joachim avait encore beaucoup d'énergie, alors que Mosquera semblait épuisé.

Le combat de Joachim a aussi fait réaliser à plusieurs personnes qu'un boxeur qui fait partie du top 15 mondial n'est jamais battu d'avance. Mosquera en a surpris plusieurs par sa fougue. Il ne faut pas oublier qu'il est originaire du Panama, un pays qui a produit de grands champions et où la boxe est pratiquement un sport national.

Finalement, le combat a également fait comprendre au clan Alcine à quel point la préparation d'un boxeur est importante. C'est vraiment à ce niveau que Joachim s'est amélioré vendredi.

Comme plusieurs boxeurs, Joachim n'aime pas regarder les performances de ses futurs opposants sur vidéo. C'est pourquoi son groupe d'entraîneurs devra s'assurer de lui fournir des partenaires d'entraînement sur mesure. Joachim m'a d'ailleurs confié qu'il n'avait pas eu de partenaire d'entraînement ressemblant à Mosquera durant sa préparation.

En étant préparé à toute éventualité, Joachim ne sera qu'un boxeur encore plus complet.

Un point tournant dans la carrière de Jean Pascal

Le duel qu'a livré Jean en demi-finale va rester gravé dans sa mémoire toute sa vie. Jean a fait preuve de beaucoup de sang-froid et j'ai été impressionné par son attitude et sa façon de réagir.

Il faut comprendre que Jean ne s'était pas préparé à affronter un boxeur en particulier puisqu'il a appris quelques jours seulement avant la présentation du gala qu'il allait se mesurer à Brian Norman. Ce dernier était au sommet de sa forme, car il devait faire les frais d'une finale d'une carte qui a finalement été remise la semaine précédente.

Jean a trouvé le moyen de l'emporter tout en ménageant sa main droite. Il ne voulait pas la surtaxer afin d'avoir le plus de chances possibles d'être en santé afin de sa battre le 11 janvier à Hollywood en Floride. Contre Norman, Jean a simplement laissé parler son talent en trouvant un moyen de gagner sans utiliser son arme de prédilection. C'est pourquoi j'ai été tellement impressionné.

La journée où Jean devra puiser dans le peu d'énergie qu'il va lui rester lorsqu'il va se retrouver dans un combat de championnat du monde, il va se rappeler du 12 décembre 2007. Il va se souvenir qu'il est capable d'élever son niveau de boxe lorsque le besoin se fait sentir. C'est généralement cela qui fait la différence entre devenir champion ou revenir à la maison bredouille.

Si Jean ne peut se rendre en Floride en janvier, cela ne change rien pour Sébastien Demers. Sébastien se battrait alors en demi-finale contre un adversaire dont l'identité sera connue au cours des prochains jours. GYM sera d'ailleurs bien représenté lors de gala que nous co-produisons. Deux autres boxeurs de notre écurie y participeront.

Difficile de prédire ce qui arrivera exactement à Jean en 2008 mais si jamais la chance de disputer un combat éliminatoire se présente, il y sera. Comme les amateurs le savent, il y a beaucoup d'intérêt pour un éventuel duel opposant Jean à Edison Miranda. C'est d'ailleurs dans cette direction que nous pointons!

*Propos recueillis par Francis Paquin