Adonis Stevenson ne s’est même pas encore débarrassé de son aspirant obligatoire Tony Bellew, que son emploi du temps de la prochaine année est pratiquement décidé.

Une première défense de titre
Une première défense de titre

Si Stevenson a obtempéré aux exigences du réseau américain HBO en 2013, c’est lui seul qui dictera la marche à suivre à l’avenir. Le cogneur gaucher espère disputer trois combats en 2014 et le Centre Bell a déjà été réservé pour le 22 mars prochain.

Les spectaculaires et décisives victoires aux dépens de Chad Dawson en juin et Tavoris Cloud en septembre l’ont propulsé à l’avant-scène d’un sport qui carbure aux vedettes. Stevenson ne rêve plus à une rare opportunité de se battre sur les ondes d’un réseau américain, c’est maintenant ce dernier qui l’attend avec impatience.

« Un gars comme Dawson se battait en moyenne une fois et demie par année parce qu’il attendait les dates que HBO lui donnait », a expliqué le promoteur Yvon Michel en marge d’une pesée réglementaire tenue la semaine dernière à Laval. « Avec Adonis, HBO nous demande nos dates et organise sa programmation en conséquence. C’est une tout autre affaire. »

L’influence de Stevenson est devenue telle que le réseau n’a pas rejeté du revers de la main la possibilité d’un affrontement contre Bernard Hopkins, les boxeurs du promoteur du champion des poids mi-lourds de la IBF étant désormais associés au réseau concurrent Showtime.

« Il y a une ouverture du côté de HBO, qui n’a pas encore dit non », a précisé Michel. « Hopkins n’a pas de contrat d’exclusivité avec Showtime et Richard Schaefer m’a dit de communiquer avec lui après le combat du 30 novembre entre Adonis contre Bellew. »

Stevenson et Michel ont clairement manifesté le désir de mettre sur pieds un duel face à la légende vivante âgée de 48 ans, mais est-ce le souhait des amateurs? Dans un sondage mené sur le RDS.ca, ces derniers préféraient plutôt voir - à 47 pour cent - un choc contre Carl Froch.

« Ce n’est pas impossible, mais leur priorité est Mikkel Kessler », a prétendu Michel. « Tout est une question du montant que HBO est prêt à investir pour la tenue de ce combat-là. « Sauf que nous sommes dans l’extrapolation, car les choses changent vite dans le monde de la boxe. »

Le promoteur québécois aurait difficilement pu dire mieux, puisque Froch l’a emporté dans la controverse sur George Groves quelques heures plus tard. L’avenir du champion unifié des super-moyens est soudainement devenu beaucoup plus incertain aujourd’hui.

Reste que le boxeur de Nottingham doit toujours une revanche à Lucian Bute, dont les projets sont également imprévisibles. Le Québécois d’origine roumaine aurait reçu une offre pour se mesurer à Julio Cesar Chavez fils en juin prochain. Il semble de plus en plus probable que le futur de tout ce beau monde sera fixé après le mégacombat du 18 janvier contre Jean Pascal.

« Si c’est serré le 18, toutes les options sont ouvertes », s’est enflammé Michel. « Avec Adonis, Bute, Jean et Eleider Alvarez, il y aura tellement de belles combinaisons avec Froch, Hopkins, Sergey Kovalev et compagnie. J’espère même que le combat entre Kovalev et Ismayl Sillakh sera chaudement disputé, puisque cela ferait un adversaire potentiel de plus! »

« Je ne veux pas qu’Adonis se retrouve dans la même situation (que le champion des moyens de la WBA) Gennady Golovkin, qui n’a aucun rival de haut niveau en vue. Il a battu des gars du deuxième tiers, parce que ceux du premier n’étaient pas libres ou ne voulaient rien savoir. »

Si Froch doit encore une revanche à Bute, ce n’est plus le cas pour Stevenson par rapport à Dawson. Michel ne voulait plus de cette épée de Damoclès qui lui pendait au-dessus de la tête depuis que son protégé a ravi la ceinture des mi-lourds du WBC en 76 secondes en juin.

« Nous avons donné un montant d’argent à Dawson (et son ancien promoteur) Gary Shaw afin de ne plus être obligés de leur donner ce combat-là », a révélé Michel. « Si Adonis bat Bellew, il deviendra libre et ne devra plus rien à personne. Toutes les options seront ouvertes. »

Et avec l’émergence annoncée d’Artur Beterbiev, le Québec aurait tout ce qu’il faut pour devenir une plaque tournante chez les 175 livres. Michel ambitionne même de faire fructifier l’industrie comme jamais auparavant, si Stevenson maintient la cadence, évidemment.

« Arturo Gatti a été extraordinaire, mais n’était sélectionné qu’au titre de combat de l’année », a rappelé Michel. « Le WBC et l’Association des chroniqueurs de boxe d’Amérique considèrent Adonis comme un candidat au titre de boxeur de l’année. Ce n’est jamais arrivé ici! »

C’était déjà vrai contre Dawson et Cloud, mais plus que jamais, Stevenson n’a pas que son sort entre ses poings. Mais tous les éléments sont réunis pour écrire l’histoire à jamais.