Alors que Louisville, au Kentucky, pour ne pas dire le monde entier, pleure la mort de Muhammad Ali, Montréal se réjouissait du retour fructueux sur le ring de son plus dur cogneur, Arthur Beterbiev.

Durant ce temps à Carson, en Californie, se jouait un combat qui sera certainement évalué comme la bataille de l’année quand viendra le temps de décerner les hommages.

J’ai bien dit bataille et non combat, car les deux opposants, Francisco Vargas et Orlando Salido se sont livré un duel digne des bonnes années sur la Main à Montréal mettant en vedette les Louis Fournier, Tarzan Plante, Marcel LaGallette et qui encore... Tous des videurs de clubs de nuit et des batailleurs de rues sans merci des bonnes années 50.

Quand le dernier son de cloche a annoncé la fin du combat, à Carson, les deux pugilistes auraient pu se rendre à l’urgence d’un hôpital pour y subir les premiers soins. Mais pas à Montréal. Ici on est débordé.

Coupures aux arcades sourcilières, enflures au nez et aux yeux, bref, c’est comme si les deux boxeurs avaient été tabassés par nos champions videurs  de la Main.

Verdict nul

Francisco Vargas est parvenu à arracher un verdict nul et ainsi conserver sa couronne WBC des super-plumes.

Dans cette bataille de rue, Vargas a lancé pas moins de 1184 coups contre 939 pour son rival. C’est comme si les deux boxeurs avaient totalement laissé tomber leur défensive. Ils avaient tous deux annoncé que ce serait une vraie guerre avant l’affrontement et ils ont tenu parole.

Ali a amené la boxe à un autre niveau

Si les juges avaient opté pour un triomphe de l’ex monarque des super-plumes, Orlando Salido, personne n’aurait rouspété.

Après l’annonce du verdict nul, le champion, qui a quand même conservé sa couronne, s’est empressé de féliciter son rival. Mais il n’a pas manqué d’ajouter : « C’est un vrai guerrier. Je savais que le combat serait difficile, mais je ne m’attendais pas à autant de coups de tête de sa part. »

Au moins de cette façon, on peut s’attendre à un combat revanche, mais il commence à se faire tard pour Salido qui soufflera 37 chandelles en novembre prochain.

Un fait d’armes

Pour votre information, ce même Francisco Vargas, qui a connu une brillante carrière amateur, avait été battu par décision lors des qualifications en vue des Jeux Pan Am de 2003 par nul autre que le Québécois Antonin Décarie, qui prend souvent la relève d’Yvon Michel quand ce dernier doit s’absenter des émissions de boxe présentées à RDS.

Pas mal pour un petit Québécois.

Mais parlons d’Arthur Beterbiev.

Après une année d’absence du ring, il est revenu à la compétition contre un boxeur qui n’avait rien des grands pugilistes d’Argentine tels Carlos Monzon, Pascual Perez, Victor Galindez, Oscar Bonavena, Sergio Martinez ou encore Luis Firpo.

Non il ressemblait, en mieux vous me direz, à Roberto Feliciano Bolonti qui était venu s’endormir sur le tapis du ring du Centre Bell et était retourné chez lui en vitesse pour encaisser son chèque le lendemain de l’affrontement fort d’un verdict de non lieu.

Par contre, il faut se souvenir que le roi Arthur n’avait pas boxé depuis un an. Il fallait tout de même s’ajuster après une aussi longue absence et tester son bras droit. Il a pris deux rounds pour se mettre à son aise et il est parvenu à obliger Maderna à rester assis sur le ring au 4e engagement, signifiant à son coin qu’il en avait assez. Après tout, quatre chutes au tapis en si peu de temps, c’est suffisant.

Au moins, Beterbiev pourra toujours se vanter qu’il a été le premier homme à vaincre Maderna par mise hors de combat. Il a réussi ce que Thomas Oosthuizen et Edwin Rodriguez, deux tombeurs de Maderna, n’avaient pu faire.

Avec ce triomphe, son dixième par K.-O. en autant de rencontres, le Russe est parvenu à devenir le premier boxeur à défendre avec succès sa couronne NABA des mi-lourds.

Passons aux choses sérieuses

Maintenant, c’est le temps de passer aux choses sérieuses. On sait que Beterbiev cogne plus fort qu’Oosthuizen et Rodriguez.

C’est le temps d’oublier les Jeux olympiques de Rio et de se concentrer sur le prochain rival. Disons... un boxeur qui a déjà affronté Sergey Kovalev.

Beterbiev aurait des chances contre Kovalev

Pourquoi pas Jean Pascal? Naturellement, si jamais ce dernier accepte? Par deux fois, il a affronté Kovalev abdiquant chaque fois par TKO/8 et RTD/7.

Un tel combat nous donnerait une idée exacte de la force de Beterbiev. Si il parvient à faire mieux que son compatriote qu’il a vaincu à deux occasions chez les amateurs, alors on est assuré qu’il est de calibre pour le champion mi-lourd.

Jusqu’ici, Pascal n’a jamais eu peur d’affronter qui que ce soit. Champion ou pas. Il s’est battu contre Carl Froch. À deux reprises, il s’est mesuré au vétéran Bernard Hopkins. Il a éclipsé Adrian Diaconu et n’a fait qu’une bouchée de Lucian Bute.

Peut-être a-t-il baissé pavillon à deux reprises contre Sergey Kovalev, mais au moins, il a eu le cran de se mesurer à lui. Bref, il est le boxeur québécois  qui a fait face aux meilleurs de sa catégorie.

Pascal s’est même payé le luxe de défier Adonis Stevenson, mais le clan du champion a décliné l’offre.

Vous me direz que Pascal n’a plus autant d’influence que jadis maintenant qu’il a été vaincu par Kovalev. C’est peut-être vrai, mais il lui reste encore de bonnes années devant lui et je demeure convaincu que les amateurs de boxe de chez nous aimeraient voir Pascal se mesurer à Beterbiev. En somme, tout ce qui manque, c’est la négociation et c’est là qu’Yvon Michel entre en jeu.

Fini la farce

Enfin la farce du jour pour ne pas dire du mois dans le monde de la boxe est maintenant chose du passé. Floyd Mayweather n’affrontera pas Conor McGregor comme on le laissait croire depuis quelques semaines.

Je n’ai rencontré personne qui m’a dit que McGregor avait une mince chance, même pas avec un bâton de baseball, de vaincre Mayweather dans un combat de boxe.

C’est donc dire que le champion des arts martiaux mixtes pourra crier à qui veut l’entendre que Mayweather a peur de l’affronter. Il pourra ainsi se défouler sur son prochain rival, Nate Diaz, le 20 août prochain, à Las Vegas.

Maintenant arrêtons-nous et ayons une bonne pensée pour le Grand Ali. Il mérite bien cela.

Bonne boxe.

« L'art de se tenir debout »