Eh oui... À la veille du combat entre Andre Ward et Alexander Brand, si vous misez 10 000 $ sur Ward et qu’il remporte la victoire, vous empocherez la jolie somme de 100 $.

Vous avez bien lu... 100 $. C’est encore pire que les taux d’intérêt du Canada et des États-Unis.

C’est ainsi que les preneurs aux livres voient les choses à la veille de l’affrontement entre Ward et le quasi quadragénaire Alexander Brand.

Parfois, je me demande pourquoi HBO a accepté de présenter ce combat à son antenne? J’aurais compris des rivaux tels Jean Pascal, Artur Beterbiev, Joe Smith, Oleksandr Gvozdyk ou bien Eleider Alvarez, mais Alexander Brand?

Je n’ai absolument rien contre le Colombien. Il présente une bonne fiche amateur. Pas aussi impressionnante que celle de Ward, mais tout de même... En somme, il a tout à gagner et rien à perdre. Au contraire. À 39 ans, s’il parvenait à vaincre l’ex-détenteur du titre du meilleur boxeur au monde, livre pour livre, il pourrait mettre la main sur la meilleure bourse de sa carrière par la suite.

En somme, ce qu’il faut comprendre, c’est que Ward a besoin de ce combat pour continuer à se faire la main en vue de son affrontement contre Sergey Kovalev, l’automne prochain. Après tout, Ward a été absent du ring pendant 14 mois à la suite d’une blessure à une épaule.

Pour se refaire la main

Brand n’a pas d’affaires dans le même ring que Ward. Sa fiche peut paraître de première qualité, mais jetez un coup d’œil sur les pugilistes qu’il a battus. Bektemirov, Donfack, Recio, Mejia, pour ne nommer que ceux-là. Maintenant, comparez ces noms aux victimes de Ward, telles Edwin Rodriguez, Chad Dawson, Carl Froch, Arthur Abraham et Sakio Bika. Les fiches ne se comparent même pas.

Supposément, sa puissance de frappe pourrait surprendre Ward. Après tout, il a passé le K.-O. à 19 de ses 25 victimes. Mais aucun d’entre eux n’est vraiment connu. Et Ward est un maitre dans l’art de bloquer les coups de ses rivaux.

Cela fait maintenant vingt ans que Ward boxe et au cours de ces deux décennies, il n’a jamais perdu un combat. Parfois, je me demande s’il a déjà perdu un seul round en carrière même chez les amateurs, où il s’est payé une médaille d’or lors des Jeux olympiques d’Athènes, en Grèce, en 2004.

Ward a besoin de faire des rounds de boxe avant d’affronter Kovalev. Après tout, il n’a livré que trois combats, soit seulement 33 rounds au cours des trois dernières années et on dit que Brand a un bon menton. En tout cas, il n’a jamais perdu par K.-O. Il présente actuellement une série de huit victoires depuis sa défaite par décision contre Badou Jack, en mai 2012.

Ward n’est pas fou. Il ne peut pas se permettre une défaite contre Alexander Brand. Un tel revers mettrait ainsi un terme aux négociations entre son clan et celui de Kovalev. Or, il prend Brand très au sérieux.      

La série Super Six

Souvenez-vous de la série Super Six. Sans jamais quitter sa terre natale des États-Unis, Ward a complètement balayé les meilleurs chez les super-moyens. Exception faite de Lucian Bute, qui était supposément trop occupé ailleurs pour participer à ce tournoi.

D’ailleurs, c’est durant cette série en 2011 que Ward a connu son match le plus important en prenant la mesure de Carl Froch.

Je doute toutefois qu’il puisse répéter l’exploit chez les mi-lourds ou la compétition est beaucoup plus féroce.

Durant son absence du ring entre 2013 et 2015, Andre Ward admet qu’il a songé à la retraite. Il s’est très bien tiré d’affaire comme analyste de boxe pour le réseau HBO et il ne fait aucun doute qu’il pourrait faire carrière dans ce métier, si jamais il décidait de mettre un terme à son illustre carrière.

Bien que les deux pugilistes soient classés chez les mi-lourds, c’est chez les super-moyens qu’ils ont fait leur marque, surtout Ward qui a déjà été champion WBC et WBA.

Deux super-moyens

Ward faisait osciller la balance à 175 livres lors de son dernier combat le 6 août 2015 quand il a fermé le clapet au Cubain Sullivan Berrera. C’était la première fois qu’il était aussi lourd pour un combat.

Quant à Brand, il a rarement dépassé les 168 livres. Quand il a perdu la décision partagée contre Badou Jack, en 2012, il ne pesait que 166,5 livres.

Andre Ward est maintenant âgé de 32 ans. Je le vois victorieux contre Sergey Kovalev. Je pense aussi qu’il pourrait vaincre Eleider Alvarez et Jean Pascal. J’hésite un peu pour le cas d’Adonis Stevenson, si jamais un affrontement entre les deux  pouvait être finalisé.

Quant à Artur Beterbiev, il lui faudrait attendre presque deux ans avant de voir son tour arriver. S’il devait continuer à s’améliorer au rythme qu’il tient présentement, il pourrait venir à bout d’un des meilleurs boxeurs que j’ai vu à l’œuvre depuis belle lurette. Malheureusement, les deux auraient 34 et 33 ans.

Mais arrêtons de rêver... Pour le moment, je me contente de prédire une victoire de Ward par K.-O. aux alentours du 8e engagement.

C’est un peu ce combat contre Brand qui servira de baromètre pour le fameux affrontement contre Kovalev, le 19 novembre prochain.

Bonne boxe.