MONTRÉAL – Personne n’aurait pu empêcher Shakeel Phinn d’atteindre son objectif. Surtout pas les juges.

 

Encore amer du verdict nul majoritaire controversé qui l’avait privé du titre nord-américain des super-moyens de l’IBF le 1er décembre dernier à Québec, le Brossardois s’est assuré d’arrêter son adversaire avant la limite pour s’emparer de ses premières ceintures mineures en carrière.

 

Phinn (21-2-1, 15 K.-O.) a en effet battu Elio German Rafael par arrêt de l’arbitre à 2:34 du 10e round, samedi soir au Cabaret du Casino du Montréal en finale d’un gala de la « Série de boxe Dooly’s » de Groupe Yvon Michel, ce qui lui a permis de mettre la main sur le titre de l’IBF qui lui avait déjà échappé, mais aussi sur celui de la NABF qui assure une place dans le top-40 du WBC.

 

« Cette fois, j’étais déterminé à ne pas laisser mon sort entre les mains des juges, a dit le boxeur qui a enregistré une deuxième victoire de suite à sa sortie du ring. J’espère maintenant avoir la chance de me mesurer à un membre du top-15 mondial. Je sais que je peux brasser la cage! »

 

Habitué aux lents départs qui lui ont parfois joué des tours dans le passé, Phinn a appliqué une pression constante sur Rafael (15-3), qui a encaissé sa part de coups tout au long du combat. Le favori de la foule n’a épargné aucun endroit, même s’il a surtout visé le corps de son adversaire.

 

« Je l’ai frappé au corps avec tellement de shots, mais il ne voulait pas partir, s’est étonné Phinn. Je sais que je lui ai fait mal à plusieurs reprises, mais il était vraiment coriace. Je ne comptais pas beaucoup d’expérience contre des gauchers et j’avais un peu de difficulté à trouver ma distance.

 

« En même temps, il avait un style plutôt bizarre et j’ai pris un certain temps avant de pouvoir m’adapter. Il avait des coups qui sortaient vraiment de nulle part. D’un autre côté, il ne s’était jamais fait arrêter dans le passé et je suis content d’être le premier à avoir accompli l’exploit. »

 

À force d’attaquer, Phinn a fini par arriver à ses fins à la fin du sixième round, envoyant Rafael au plancher à l’aide d’une droite, quelques instants seulement après que le Mexicain eut démontré ses premiers signes de ralentissement. Dès lors, « El Lobo » a commencé à accrocher chaque fois qu’il en a eu l’occasion, ce qui a particulièrement compliqué le travail du Québécois.

 

Souhaitant désespérément en finir avant la limite, Phinn a lancé une dernière fronde au dixième et dernier round. Ses efforts ont été récompensés, car une droite a expédié Rafael une seconde fois au tapis et après que le Mexicain – le visage ensanglanté se soit relevé – il était devenu évident qu’il vivait sur du temps emprunté. Phinn n’a ensuite eu qu’à mettre un peu de pression et l’arbitre Steve St-Germain s’est rapidement interposé pour mettre un terme aux hostilités.

 

Un autre knock-out pour Seyi

 

En demi-finale, Wilfred Seyi (5-0, 3 K.-O.) s’est offert une autre victoire avant la limite en battant Bartosz Barczynski (2-2) par arrêt de l’arbitre à 2:24 du 3e round. Le Montréalais d’origine camerounaise et protégé de l’entraîneur Stéphan Larouche a envoyé le Polonais à deux reprises au tapis au 3e assaut, l’arbitre Alain Villeneuve déterminant qu’il en avait assez vu à la suite de la seconde chute provoquée par une pléiade de coups au visage et au corps restés sans réplique.

 

Nullement dérangé par la houppette rose de son adversaire Maximiliano Agustin Corso (6-4-1), Terry Osias (9-0) s’est imposé par décision unanime (60-53, 60-53 et 60-53) pour inscrire une neuvième victoire en autant de combats. Le Longueuillois aurait probablement espéré en finir plus tôt après avoir envoyé l’Argentin au plancher au premier round, mais ce dernier a ensuite fait le nécessaire pour éviter d’y retourner, non sans encaisser sa part de claques au passage.

 

Whitney Baille (8-0) est demeuré invaincu en huit combats depuis le début de sa carrière en l’emportant par décision unanime (60-54, 59-55 et 58-56) sur Julian Mendo (6-3-1). Grâce à sa main avant et des déplacements particulièrement savants, le Lavallois est parvenu à repousser la plupart des attaques du Mexicain, qui a souvent fendu l’air lorsqu’il lançait sa main arrière.

 

En ouverture, Marie-Pier Houle (1-0) a réussi ses débuts dans les rangs professionnels en battant Maria Guadalupe Duran (1-3) par décision unanime (40-36, 40-36 et 39-37). La partenaire d’entraînement de la championne des super-mi-moyennes de l’IBF Marie-Ève Dicaire a aisément gagné la bataille du jab contre son adversaire mexicaine qui n’était pas particulièrement rapide.

 

Dans un affrontement à saveur locale, Roodsy Vincent (3-1) a mis fin à un peu plus de deux ans d’inactivité en prenant la mesure de Dwayne Durel (6-3) par décision majoritaire (40-36, 39-37 et 38-38). Durel, dont la dernière sortie remontait à décembre 2017, a semblé très hésitant par moments en laissant Vincent agir à sa guise, ce qui lui a permis de marquer de précieux points.

 

Par ailleurs, la Montréalaise Jessica Camara (6-1) a enregistré une deuxième victoire de suite en disposant de la Mexicaine Dalila Velazquez (5-2) par décision majoritaire (58-56, 58-56 et 57-57). Il s’agissait d’une première présence en 16 mois sur le ring du Cabaret du Casino pour Camara.