Si seulement Bermane Stiverne s’était présenté sur le ring en forme, disons dans les 250 livres, il aurait pu infliger à Joe Joyce sa première défaite en carrière. Mais non, il semble bien qu’il ait pris le combat à la légère, car il a fait son entrée entre les câbles à 273 livres, soit le plus lourd de toute sa carrière. Résultat, il a été vaincu par arrêt de l’arbitre au 6e round, sa troisième défaite depuis le début de sa carrière et aujourd’hui, il doit songer à ne plus monter sur le ring.

Mais vraiment... pourquoi est-il monté sur le ring?

A-t-il été forcé par son promoteur Don King?

Avait-il besoin d’argent à ce point-là?

Des questions que l’on doit se poser, car ce pauvre Stiverne a bien tenté de faire belle figure, mais il a vite compris que la boxe ne devrait être autre chose pour lui qu’un bon souvenir.

Du côté positif... il a prouvé que Joyce avait tout de même un assez bon menton, mais qu’il n’était pas encore prêt à s’impliquer dans un match de championnat. Un Stiverne plus jeune et en forme aurait pu le vaincre.

La WBA, dans sa grande bonté, avait accepté que ce match entre Joyce et Stiverne soit un duel pour obtenir le droit d’affronter le champion « régulier » Manuel Charr.

De champion à super champion

Comment Charr est-il devenu champion de la WBA?

Ce titre était vacant, puisque Anthony Joshua avait été promu au rang de super champion en avril 2017.

Des quatre associations, seule la WBA a présentement deux champions chez les lourds : Joshua et Charr. C’est pas fou à attacher, mais pas loin.

Dans le monde de la boxe, on fabrique des titres de champions comme on donnait des médailles scapulaires à presque tous les enfants, quand j’étais jeune.

Connaissez-vous ce Charr?

Ce n’est pas un enfant de chœur.

C’est un homme de 34 ans, né au Liban d’un père Syrien. Il est arrivé en Allemagne avec ses cinq frères et sœurs, alors qu’il avait cinq ans.

Charr a été reconnu comme champion des lourds par la WBA après sa victoire sur le Russe Alexander Ustinov par décision unanime en novembre 2017, en Allemagne. Selon la WBA, ce titre est d’un rang inférieur à la ceinture de super champion.

Manque d’expérience

Joyce n’est peut-être pas encore prêt à affronter un vrai champion. Il cogne dur, c’est vrai. Il présente un bon menton, mais il manque d’expérience. Stiverne l’a prouvé à quelques occasions lors du combat. Mais il a cet avantage d’être un puissant cogneur et Charr n’a pas le menton le plus solide. Au cours de sa carrière, il a subi quatre défaites dont, trois par knock-out aux mains de Vitali Klitschko (2012), Alexander Povetkin (2014) et Mairis Briedis (2015).

Charr devait défendre sa couronne contre le Portoricain Fres Oquendo (37-8, 24 K.-O.) en septembre dernier, mais la confrontation a été annulée quand Charr a été contrôlé positif aux stéroïdes. Ce qui veut dire que Charr n’a pas boxé depuis le 25 novembre 2017.

Ce n’est pas tout... en mai 2015, Charr a été atteint de quatre balles de revolver à l’abdomen dans un restaurant à Essen, en Allemagne. Et en 2017, il a subi une intervention chirurgicale pour remplacer ses deux hanches.

Que fera Stiverne?

Que fera Stiverne maintenant? Je sais qu’il est toujours représenté par Don King. Le promoteur à la chevelure de porc-épic lui trouvera-t-il une autre bataille quelque part sur la planète?

À 40 ans, ne livrant qu’un match par année sans se tenir en forme, ce n’est pas très édifiant pour un ex-champion du monde. Après deux cuisants revers, il ne reste plus qu’à envisager la retraite.

Quant à Joyce, bravo pour sa victoire. Il conserve toujours sa fiche vierge. Neuf victoires, neuf par knock-out. Mais si j’étais à sa place, je livrerais quelques combats avant de me mesurer aux meilleurs. Le pire, c’est qui si jamais son prochain match est pour le titre de Charr, il pourrait lui ravir sa couronne.

Joyce a toujours eu comme rêve d’être un champion mondial en défaisant Joshua. Il se pourrait que son rêve se réalise, mais pas avant au moins quatre ou cinq combats.

Bravo quand même. Il a maintenant le nom d’un champion mondial parmi sa liste de victimes.

Enfin champion

Chris Eubank fils (28-2, 21 K.-O.) peut maintenant parler à son père d’égal à égal. Il est maintenant champion du monde, tout comme le fut son paternel dans les années 1990.

Le combat contre James DeGale ne passera pas à l’histoire, mais ceci n’empêche pas Eubank de célébrer sa victoire. Il a vaincu un rival de 33 ans pratiquement usé à la corde.

Il ne faut pas s’en faire pour l’avenir de DeGale. Selon le site Famous Net Worth, sa fortune est évaluée à 2,3 millions de livres, soit 3 millions en argent américain.

Après avoir raté sa chance en 2018 contre George Groves, Eubank s’est repris contre un vieux boxeur, lent et visiblement au bout du rouleau. D’ailleurs, dans les prochaines semaines, DeGale a admis lui-même qu’il songerait à son avenir et que la retraite n’est pas impossible.

Eubank roule sa bosse dans le monde de la boxe depuis maintenant sept ans et neuf mois. La plupart du temps, il a été comparé à son père. Aujourd’hui, c’est lui qui est dans le siège du conducteur. Déjà, il a reçu une provocation de Billy Joe Saunders, le premier homme à lui faire subir la défaite dans le monde professionnel.

Bonne boxe!