Les images du combat entre Lucian Bute et Jean Pascal sont encore bien présentes dans la tête de la plupart des amateurs de sport du Québec. Un Bute paraissant démuni devant le brio d’un Pascal en pleine possession de ses moyens. Une défaite sans équivoque par décision unanime.

Les mois qui ont suivi ont loin d’avoir été de tout repos pour l’entourage de l’ancien champion des poids super-moyens de la IBF. Le tout a culminé avec la séparation de Bute et de son entraîneur Stéphan Larouche, alors qu’une tonne de questions demeureraient sans réponse.

À l’époque, Larouche avait volontairement choisi de se distancer de Bute, jugeant qu’il n’était peut-être plus l’homme de la situation. Les mois ont passé et le boxeur québécois d’origine roumaine est prêt à remontrer dans le ring, et comme prévu, ce sera sans son fidèle complice.

Même si ce dernier confie avoir eu les bleus dans les semaines suivant l’annonce de leur divorce professionnel, ce serait bien mal connaître l’entraîneur de penser qu’il serait rentré dans ses terres pour ressasser ce qui a fait défaut depuis que Bute s’était incliné devant Carl Froch.

« C’est comme lorsqu’un couple se laisse… Nos noms étaient devenus indissociables », a confié Larouche au RDS.ca. « Mais ce que je préfère retenir aujourd’hui, ce sont les 10 années de pur plaisir et de pur bonheur. Quand est-ce que je vais pouvoir revivre une chose comme celle-là? »

Larouche aurait très bien pu replonger rapidement dans les combats d’envergure, étant donné qu’il a reçu des offres de boxeurs de la Floride et de la Californie. Sauf qu’il les a toutes refusées, préférant travailler dans l’ombre et accompagner des boxeurs dans des galas plutôt anonymes.

« J’ai passé les cinq dernières années en camp d’entraînement avec Lucian », a rappelé Larouche. « J’ai maintenant envie d’être à Montréal pour un bout. Nous avons développé des champions à Montréal par le passé et nous sommes encore très bien capables de le faire. »

Les nouveaux projets de Larouche ont ainsi pour nom Yves Ulysse fils, Bogdan Dinu ou encore David Théroux. Par contre, il n’est pas l’entraîneur de ces boxeurs, puisqu’il a laissé ce rôle à Rénald Boisvert ou Pierre Bouchard. Il faut davantage le voir comme un consultant externe.

« Je suis devenu le président de BoxeMontréal.com et j’ai accompagné (les boxeurs du club) dans plusieurs compétitions, dont les Gants dorés, alors c’est beaucoup de travail », a précisé Larouche. « C’est un retour à la base et je trouve cela bien plaisant. »

Larouche a visiblement tourné la page sur sa relation professionnelle avec Bute, sauf qu’il ne peut pas s’empêcher de continuer à penser que certains amateurs ont jugé trop sévèrement son ancien protégé. Il continue de prêcher ce qu’il a toujours pensé : les revers font partie de la vie.

« Les entraîneurs vivent continuellement cette réalité dans les rangs amateurs », a expliqué Larouche. « Le problème chez les professionnels, c’est que beaucoup de gars sont montés avec des fiches immaculées parce que c’est vendeur pour la télévision. En tant qu’entraîneur, je sais que ce n’est pas nécessairement la meilleure des choses. Mais c’est le système qui veut cela… »

« Lorsqu’Éric (Lucas) est arrivé au sommet, il était loin d’être invaincu. Un gars dans son genre est souvent bien meilleur qu’un autre invaincu parce qu’il a appris en chemin. Il a ajouté des outils dans son coffre. Nous l’avons vu avec Éric, une défaite, ce n’est pas dramatique du tout. »

« C’est évidemment le rôle de l’entraîneur de l’expliquer à l’athlète, qui ne veut pas vraiment l’entendre sur le coup. Avec le temps et l’expérience, l’athlète finit par le comprendre. »

Et c’est exactement ce que Larouche a l’intention de faire avec Théroux, qu’il compare sans gêne à Lucas. Mais il prévient que la route vers les plus hauts sommets pourrait être longue.

« Ce serait facile de dire qu’il sera champion du monde un jour », a conclu Larouche. « Il ne faut pas mettre les attentes trop hautes… Mais je suis convaincu qu’il va bien se développer. »