MONTREAL (PC) - L'avocat du champion mondial de boxe Dave Hilton ne voulait pas que le procès de son client "dégénère en cirque". Mais comment décrire autrement la scène hors de la salle 3.05 du palais de justice au fil des 16 jours où Hilton a subi son procès pour agressions sexuelles de deux adolescentes, sur une période de trois ans?

Chaque jour, à 7 h 30, un groupe de lève-tôt, en majorité des hommes à la retraite, attendaient patiemment près de la porte de la salle, pour s'assurer d'une des quelque 30 places réservées au public.

A 9 h, Hilton arrivait et se promenait dans les couloirs, habituellement en compagnie de sa mère, de son père, d'un ou deux de ses frères et d'un représentant du centre de désintoxication où il habite pendant sa liberté sous caution. Si l'envie lui en prenait, il prenait la pose devant les -nombreuses - caméras de la presse.

Puis, à 9 h 25, emboîtant le pas à ses avocats, il entrait dans la salle du tribunal comme s'il s'agissait d'un ring, serrant les mains des amateurs ou décochant un sourire à un fan qui lui souhaitait bonne chance.

Aux pauses, Hilton déambulait en discutant avec son entourage, signait des autographes et se faisait photographier de temps à autre avec des admirateurs. Les femmes avaient la plupart du temps droit à un baiser sur la joue. Certains spectateurs, de retour dans la file d'attente pour la prochaine série de témoignages, mangeaient les sandwiches qu'ils avaient apportés.

A 16 h 30, le boxeur quittait le tribunal, commentant parfois les événements de la journée mais se bornant généralement, sur les conseils de son avocat, à un "pas de commentaire".

Quand l'audition des témoignages a pris fin, vendredi dernier, l'avocat de la défense, Paul Skolnik, a déclaré qu'il avait ses raisons pour tenter de museler son client dans les couloirs du palais de justice. "Pendant le procès, je ne voulais pas que cela dégénère en cirque", a-t-il expliqué.

Le criminaliste d'expérience a reconnu que la cause de Dave Hilton a attiré beaucoup plus d'attention que ce à quoi il est habitué. "Je suis certain que si nous avions une salle pouvant accueillir 1000 personnes, elle aurait été pleine."

Et la couverture du procès par les médias a été à la hauteur de cet intérêt populaire: le procès a régulièrement fait la Une.

Des sociologues qui ont suivi l'affaire pensent que certains Québécois sont fascinés par Hilton à cause de l'attachement qu'ils ont acquis pour lui, à force de suivre sa carrière, et celle de ses frères, depuis près de 20 ans.

"Il y a une vieille tradition de boxe au Québec qui a commencé au Forum il y a longtemps avec des gens comme Gaétan Hart", explique Anouk Bélanger, une sociologue de l'Université Concordia qui se spécialise dans les sports et les médias. Les Hilton ont, selon elle, "nourri cette fascination".

Toujours selon la sociologue, certaines des personnes qui se bousculent pour assister au procès de Hilton sont à la fois fascinées par lui et inquiètes de ce qui pourrait advenir de leurs propres rêves et de leur perception d'un héros célèbre, s'il devait être reconnu coupable. Ces gens essaient en quelque sorte de se convaincre qu'il n'a pas fait ce qu'on lui reproche.

Maintenant, pour Hilton et ses partisans, il ne reste guère plus qu'à attendre. Mardi, les avocats feront leurs plaidoiries. On ignore quand la juge de la Cour du Québec Rolande Matte fera savoir si elle acquitte ou condamne le boxeur.