Chad Dawson s'est amusé à dénigrer la puissance d’Adonis Stevenson en préparation de leur combat de championnat des mi-lourds qui avait lieu samedi soir dernier au Centre Bell, à Montréal.

Dawson a osé dire que leur affrontement n'était qu’un tune-up - une occasion de se dégourdir - lors de la conférence de presse qui a servi à mousser l’évènement en avril. Il a admis qu’il avait dû se référer à Google pour savoir à qui il avait affaire parce qu’il n’avait jamais entendu parler de lui. Et quatre jours avant le grand soir, il a déclaré ceci : « si la seule chose que pouvez dire à son sujet, c’est qu’il est un bon cogneur, je le plains. »

Il respecte probablement davantage la force de Stevenson maintenant, ne croyez-vous pas?

Stevenson, qui se battait chez lui et qui a monté de catégorie pour défier Dawson, l’a terrassé d’un seul solide crochet de la gauche dès le premier round pour s'emparer du titre de champion du monde.

C’était une frappe spectaculaire qu’on pourra revoir en boucle jusqu’à la fin sa carrière, et plus encore. C’est le genre de knock-out qui fait lever la foule de son siège dans l’amphithéâtre et les amateurs à la maison de leur sofa.

Stevenson est un véritable virtuose du knock-out, un fait rare ces jours-ci dans le monde de la boxe, alors profitez-en.

« Nous venons d’assister à la naissance d’une superstar de la boxe », a clamé l’annonceur Michael Buffer après le combat.

Lorsque vous pouvez envoyer des athlètes au plancher comme Stevenson (21-1, 18 K.-O.) est capable de le faire, particulièrement devant une horde de partisans connaisseurs et loyaux comme à Montréal, c’est la recette du succès. Le gaucher de 35 ans, qui a remis de l’ordre dans sa vie après avoir été condamné en juin 2000 à quatre ans de prison pour proxénétisme, n’a pris que 76 secondes pour se défaire de Dawson.

Dawson avait réussi à se relever au compte de six après coup, mais il avait les jambes molles et se trouvait en piteux état. Quand, en déséquilibre, il a fait un pas vers l'arrière, l’arbitre Michael Griffin a mis un terme au combat, provoquant l’excitation générale.

« Je ne l’ai pas vu venir. Il m’a eu. C’est tout. Il m’a eu avec un bon coup de poing », a expliqué un Dawson visiblement sous le choc.

Il s’agissait de la deuxième défaite consécutive de Dawson par K.-O. , lui qui a longtemps été considéré dans le top-10 livre pour livre, mais qui devrait peut-être se tourner vers une nouvelle carrière.

En septembre, il a descendu de poids afin de défier le super mi-moyen Andre Ward et il s’est fait malmener. Dawson (31-3, 17 K.-O.) a dit que l’énergie investie pour descendre à 168 livres lui a manqué en fin de compte, ce qui a permis à Ward de marteler l’athlète de 30 ans comme une piñata et de l’envoyer au tapis trois fois avant de le stopper définitivement au 10e round.

Sauf que Dawson, qui est originaire de New Haven au Connecticut, mais qui a ensuite déménagé à Las Vegas il y a un an afin de retrouver l’entraîneur Eddie Mustafa Muhammad après avoir congédié John Scully à la suite de sa défaite contre Ward, n’a pas d’excuses contre Stevenson. Ce dernier est définitivement l’un des meilleurs – sinon le meilleur – one-punch artist de son sport.

Le surnom de Stevenson est « Superman », mais il est peut-être encore plus puissant que l’homme d’acier. Il est à ce point redoutable.

Il a maintenant envoyé huit adversaires consécutifs au plancher, plusieurs de façon spectaculaire, depuis son unique défaite. Celle-ci a été subie aux mains de Darnell Boone en 2010, mais Stevenson a pris sa revanche depuis en l’envoyant paître dès le 6e round lors de leur second rendez-vous au mois de mars.

Même si Emanuel Steward n’est plus aux côtés de Stevenson en chair et en os depuis son décès en octobre dernier, il est toujours présent d’esprit. Le célèbre entraîneur avait pris Stevenson sous son aile peu après son revers contre Boone.

Bien qu’il ne soit plus de ce monde, Stevenson arbore toujours les couleurs or, rouge et bleu du fameux Kronk Gym de Detroit, où il s’entraîne toujours sous les ordres de Javon « Sugar » Hill, le neveu de Steward. Ce dernier suivra peut-être un jour les traces de son oncle en devenant l’un des meilleurs coachs de boxe. Steward aurait sans aucun doute été ravi de voir Stevenson se moquer de Dawson, lui qui affectionnait particulièrement les K.-O.

Selon CompuBox, Dawson a touché la cible deux fois en 16 tentatives tandis que Stevenson a été 3-en-15. Mais un seul un coup de poing a fait toute la différence.

« C’est un rêve qui devient réalité. Je suis champion du monde, je suis très heureux », s’est exclamé Stevenson.

Stevenson a dit vouloir unifier ses titres et a mentionné le nom du futur membre du Temple de la renommée Bernard Hopkins, 48 ans, parmi ses potentiels adversaires. Ce dernier en viendra aux poings contre l’aspirant obligatoire Karo Murat le 13 juillet (NDLR : Ce combat a depuis été annulé). Il a aussi mentionné le nom de Ward, qui était aux abords du ring samedi pour analyser le combat pour HBO et qui fera éventuellement le saut chez les mi-lourds. Stevenson pourrait aussi retourner dans sa catégorie de poids naturelle.

Stevenson a aussi accusé le champion des poids super-moyens Carl Froch et l’ancien champion Mikkel Kessler de l’éviter. Quand il n’est pas parvenu à concrétiser un combat avec aucun d’entre eux – parce qu’ils devaient s’affronter le mois précédent – c’est à ce moment qu’il a décidé de grimper chez les mi-lourds et ainsi laisser de côté son statut d’aspirant obligatoire.

« Vous savez maintenant pourquoi certains ne veulent pas m’affronter », de conclure Stevenson.

Dawson a bien tenté sa chance, lui, et il faut respecter ça. Mais Stevenson va maintenant constater qu’il sera encore plus difficile de trouver un opposant de haut calibre qui est prêt à l’affronter, lui et cette arme de destruction massive que sont ses poings.