Déjà trois ans sont passés depuis qu’Adonis Stevenson a surpris Chad Dawson pour devenir champion des poids mi-lourds du WBC. Six défenses de titre plus tard, une lassitude s’est installée chez les amateurs et son prochain combat est encore loin de soulever les passions.

Alors que le boxeur d’origine haïtienne et son entraîneur sont confiants à l’approche du duel contre Thomas Williams fils le 29 juillet au Centre Vidéotron, le promoteur Yvon Michel cache plutôt difficilement sa nervosité à un mois de ce choc qui opposera deux puissants cogneurs.

« Ça m’inquiète parce qu’il est gaucher et qu’il n’a rien à perdre, a déclaré Michel en marge de la pesée de 30 jours à laquelle son protégé était soumis plus tôt cette semaine à Montréal. Même si Adonis et son entraîneur essaient de me rassurer, je me fais l’avocat du diable. »

Le promoteur cite en exemple la défaite subie par Andrzej Fonfara face à Joe Smith fils il y a deux semaines à Chicago. Fonfara s’est fait surprendre par une main droite lancée en contre-attaque qui a mené à un arrêt de l’arbitre au milieu de la dernière minute du premier round.

« Adonis n’a jamais affronté de gaucher dangereux avec sa droite, a rappelé Michel. C’est son adversaire le plus dangereux depuis Dawson. Williams est un kamikaze qui est prêt à prendre des risques énormes pour toucher la cible. Si ce n’est pas lui, c’est son adversaire qui tombe. »

« Je sais qu’il va se relever, mais je vais continuer. Je vais prendre mon temps parce que je sais que j’ai 12 rounds devant moi, a répondu Stevenson. Je n’ai rien changé à ma préparation parce qu’il est gaucher. Je n’ai jamais eu de problèmes avec les boxeurs gauchers. »

« C’est toujours difficile d’évaluer un cogneur et d’adapter l’entraînement en fonction de ce type de boxeur, a nuancé l’entraîneur Javan « Sugar » Hill. Nous ne voulons pas prendre de risques et voir Adonis se faire frapper durement. Chez les mi-lourds, un coup peut faire la différence. »

Maintenant âgé de 38 ans, Stevenson avait montré certains signes de ralentissement à son avant-dernière sortie contre Sakio Bika en avril 2015 à Québec. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si plus de 10 mois se seront écoulés entre son dernier combat et celui face à Williams.

« Après ma victoire sur Tommy Karpency – en septembre dernier à Toronto –, mon gérant Al Haymon m’a demandé de ralentir la cadence, de ne pas trop en faire à l’entraînement, a avoué Stevenson. Il m’a fortement suggéré de me reposer afin de revenir en forme pour la suite. »

C’est que le détenteur de la ceinture des mi-lourds du WBC rêve toujours d’une rencontre au sommet avec le champion unifié de la division Sergey Kovalev. Mais à en croire Michel, il semble qu’il faudra de plus en plus se faire à l’idée que ce mégacombat ne se réalisera jamais.

« Adonis a des obligations, Kovalev aussi, analyse-t-il. Qu’est-ce que Kovalev fera après son combat contre Andre Ward à l’automne? Y aura-t-il une revanche? Devra-t-il faire face à ses obligations. De mon côté, je travaille afin qu’Artur Beterbiev devienne son aspirant obligatoire. »

Mais comme Michel s’amuse à le répéter depuis toujours, six mois représentent une éternité en boxe professionnelle. Tous les plans tiennent tant et aussi longtemps que la victoire est au rendez-vous. Encore là, il y a plusieurs autres intangibles qui décevront toujours les amateurs.