Entre deux gros combats de championnat du monde et deux fantastiques fins de semaine de boxe, plusieurs points pertinents ressortent et j'aimerais que l'on s'y attarde ensemble.

Parlons d'abord des têtes d'affiche de Eye of The Tiger Management, David Lemieux et Dierry Jean. En fin de semaine dernière, Dierry était à New York pour encourager Lemieux, et cette semaine David sera au Nebraska pour supporter Jean, son entraîneur Mike Moffa ainsi que toute l'équipe.

Encore une fois, le groupe de Camille Estephan place la barre haute pour l'un de ses boxeurs. Trop haute? Peut-être! On le saura samedi vers minuit à l'issue du combat qui sera présenté en direct sur les ondes de RDS2.

Tant Gennady Golovkin que Terence Crawford représentent des défis de haut niveau pour nos représentants. On connaît l'issue du duel entre Lemieux et Golovkin. Lemieux a perdu le combat. Mais même si le risque d'affronter GGG était grand, Lemieux avait tout à gagner. Oui il a perdu son combat et son titre IBF, mais il est maintenant millionnaire, il est plus expérimenté, il est plus connu à l'échelle mondiale, son étoile n'a pas pali et à 26 ans il est encore très jeune.

Dierry Jean aussi a tout à gagner. Mais nuance importante, il n'a rien à perdre. « All in » comme il le dit si bien. Il s'agit probablement du combat de la dernière chance pour le talentueux Québécois de 33 ans.

J'ai parlé du combat avec le boxeur Renan St-Juste, l'un des plus grands supporters de Dierry Jean. St-Juste disputera un combat samedi soir à Repentigny, et immédiatement après son duel, il entend quitter rapidement l'aréna pour pouvoir regarder le combat Jean-Crawford.

Un Dierry Jean affamé

« Je m'attends à ce que ce soit plus compétitif que le combat de Lemieux contre Golovkin. Crawford n'est pas un bulldozer, c'est un technicien. Dierry est un tough, il a un bon menton, et je ne serais pas surpris que ce combat atteigne la limite. »

Toutefois, St-Juste n'est pas optimiste sur les chances de voir Jean mettre la main sur le titre WBO des super-légers.

« Physiquement, Dierry n'est pas avantagé dans cette division de poids. Dans son combat de championnat contre Lamont Peterson, il avait l'air d'un nain. »

Lemieux critiqué

Les critiques adressés envers Lemieux à la suite de sa défaite ont fait réagir. L'un de ses entraîneurs, Luc-Vincent Ouellet, adjoint de Marc Ramsay, s'est vidé le coeur dans un long message sur Facebook, qui retrace toutes les difficiles étapes qu'un boxeur doit traverser avant d'arriver à livrer un combat de l'importance de celui livré par Lemieux face à Golovkin, dans un combat d'unification, à la télévision à la carte dans un Madison Square Garden bondé.

« Poing » de vue

L'ancien entraîneur de Lemieux, Russ Anber, s'est quant à lui attaqué à Bernard Hopkins et Oscar De La Hoya. Dans son intervention hebdomadaire au 5 à 7 de RDS, il s'est montré outré par l'attitude des promoteurs de Lemieux. Rappelons que Hopkins a critiqué la posture de Lemieux face à Golovkin, de même que sa chevelure.

« David a fait mieux que je pensais contre Golovkin. Mais au lieu de supporter le gars, Hopkins l'a dénigré publiquement. De La Hoya n'est pas mieux, il n'a rien dit! Ils ont encaissé le chèque sans avoir investi 5 cennes dans Lemieux. Et à la première opportunité qu'ils auront de pouvoir récolter un autre gros chèque avec Lemieux, pas pour le développer, pas pour lui donner 4-5 combats pour revenir en force, bang, ils vont l'appeller pour encaisser un autre chèque de paye. »

Toutefois Russ Anber estime que Lemieux devrait arrêter de critiquer la décision de l'arbitre d'arrêter le combat et accepter la défaite. Il s'agit, selon Anber, de la meilleure façon d'apprendre dans la défaite.

Il trace d'ailleurs un parallèle avec l'attitude de Jean Pascal après son revers contre Sergey Kovalev, qui lui aussi a critiqué la décision de l'arbitre d'arrêter le combat. Kovalev est encore furieux de ne pas avoir obtenu le crédit de la victoire. Pascal vit dans le déni, et pire encore selon Russ Anber, « Pascal n'a pas prouvé qu'il mérite un combat revanche contre Kovalev ».

Le deuxième combat entre Pascal et Kovalev aura lieu le 30 janvier, dans un peu plus de trois mois, et on ignore encore qui sera l'entraîneur de Pascal pour cet affrontement.

« Stop the fight »

Est-ce que les interventions d'arbitres pour arrêter les combats de boxe sont plus fréquentes qu'autrefois?

C'est la question que je me pose. La boxe est un sport extrêmement dangereux et la situation de Prichard Colon nous l'a douloureusement rappelée en fin de semaine. En cette ère de sensibilisation et de préoccupation envers la santé de nos athlètes, je suis porté à croire que les arbitres hésitent moins qu'avant pour arrêter un combat, dans le but de protéger le boxeur.

« Il aurait dû remercier l'arbitre »

Russ Anber ne partage pas mon avis; selon cet entraîneur de longue date, les arrêts ne sont pas plus fréquents qu'avant. Quant à Renan St-Juste, il estime que les arbitres font très bien leurs devoirs.

« Je n'ai jamais vu un combat où l'arbitre s'est interposé trop tôt pour arrêter le combat. L'arbitre est mieux placé que quiconque. Il est tout près des deux boxeurs, il peut voir leurs yeux. Samedi, David a jeté un regard à l'arbitre, ce qui est une manière de lui dire "sors-moi d'ici". »

Samedi après avoir subi la défaite, le boxeur Ghislain Maduma croyait que l'arbitre allait arrêter le combat quand son adversaire Maurice Hooker s'est retrouvé en sérieuses difficultés au 6e round. Mais l'arbitre a laissé aller le combat et Hooker s'en est tiré, en accrochant et en survivant jusqu'à la fin du round. L'Américain qui avait remporté quelques rounds à ce moment a finalement obtenu la victoire par décision majoritaire.

À Omaha, Barcelone et Repentigny

Mikael Zewski, de Trois-Rivières, se battra en sous-carte de Jean-Crawford. Il sera opposé à Ayi Bruce qui, selon Boxrec, a une fiche de 23 victoires en 34 combats.

À Barcelone, le Montréalais Sylvera Louis (6-3) disputera son 10e combat professionnel contre Cesar Cordoba (9-0).

Neuf combats seront présentés samedi soir à Repentigny au Centre Sportif Gilles-Tremblay. Renan St-Juste (24-5-1) affrontera Devon Moncrieffe (12-5) chez les poids moyens. Pour le réprésentant du Club de boxe 35, il s'agira d'un premier combat depuis sa blessure à un oeil, qui l'a contraint à l'inactivité

S'il l'emporte, St-Juste pourrait ensuite affronter Francis Lafrenière du Club de boxe de St-Clet. Samedi Lafrenière (9-5-2) sera opposé à Aubrey Morrow (8-1-2).

La finale mettra en vedette Erik Bazinyan du club de boxe des frères Grant. Le super-moyen sera en quête d'une 10e vicoire en autant de combats face au vétéran Howard Eastman (49-13).

Les combats seront diffusés à une date ultérieure sur les ondes de RDS2.