MONTRÉAL - Il y a finalement eu un face-à-face entre Jean Pascal et Sergey Kovalev, mais le champion unifié des poids mi-lourds y a rapidement mis fin pour éviter tout incident fâcheux.

Après avoir respecté la limite de 175 livres en affichant des poids respectifs de 174,3 et 174,6 livres à la pesée présentée vendredi midi devant plusieurs curieux au Casino de Montréal, les deux boxeurs se sont regardés dans le blanc des yeux avant que le Russe ne batte en retraite.

Pascal (30-3-1, 17 K.-O.) a ensuite posé fièrement devant les photographes, alors que Kovalev (28-0-1, 25 K.-O.) agitait son pouce tourné vers le bas en signe de désapprobation. Nous sommes ainsi très loin du doigt d’honneur qu’il avait lancé à un partisan dix mois plus tôt.

Les deux pugilistes et leur entraîneur n’ont pas parlé aux journalistes présents, le clan Pascal rompant avec la tradition établie par Marc Ramsay, qui n’hésitait pas à confier l’état d’esprit qui animait son protégé à un peu plus de 24 heures d’un combat. Son cuttman Russ Anber a accepté de répondre aux questions, mais avait que bien peu à offrir dans les circonstances.

« Je n’ai jamais capoté sur les pesées officielles et les conférences de presse, parce qu’en fin de compte, il y a un des deux boxeurs qui se sera trompé, a dit Anber. J’étais au camp de (Deontay) Wilder, alors je ne suis pas bien placé pour commenter ce qui s’est passé au camp de Jean. »

Reste qu’un immense malaise est palpable chez l’ancienne garde rapprochée de Pascal. Cette dernière ne semble toujours pas en accord avec la décision de se mesurer à Kovalev après un aussi court laps de temps. Rappelons que le détenteur des ceintures WBA, IBF et WBO des mi-lourds l’avait emporté par arrêt de l’arbitre au huitième round en mars 2015 au Centre Bell.

« C’est quelqu’un de très solide, un des meilleurs "livre pour livre" de la planète, a rappelé Anber. Jean ne peut que s’améliorer par rapport à sa dernière performance (contre Yuniesky Gonzalez), alors que tout le monde dans le camp trouvait qu’il était nonchalant et qu’il n’était pas allumé comme il aurait dû l’être. C’est certain que cette fois-ci, il le sera beaucoup plus. »

Même si Kovalev a déclaré plus tôt cette semaine qu’il entendait mettre fin à la carrière de Pascal samedi soir, Anber ne croit pas du tout qu’il s’agira du dernier combat du Québécois.

« Malgré la défaite au premier combat, cela s’est avéré un tremplin pour Jean, a-t-il analysé. Après le combat, les gens (du réseau américain) HBO étaient dans le vestiaire et c’était comme si c’était une victoire. La division des mi-lourds passe par Jean. C’est lui qui amène l’argent. »

La pesée Kovalev-Pascal 2

Gagne ou perd contre Kovalev, Anber aimerait plus que tout au monde que Pascal dispute son prochain duel contre le tenant du titre des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson.

« C’est un combat qui aurait dû être organisé depuis longtemps, a-t-il martelé. Nous avons fait l’erreur d’attendre trop longtemps pour organiser le combat entre Jean et Lucian Bute. Ne commettons pas cette même erreur une deuxième fois quand il n’y aura plus de champion. »

Du côté de Kovalev, il semble que le champion est frais et dispo et qu’il n’a nullement été dérangé par la sortie de Pascal à la conférence de presse de mercredi, alors que ce dernier avait brandi un régime de bananes pour revenir sur des propos à connotation raciste du Russe.

« Sergey est boxeur talentueux et je lui ai dit d’être patient comme il l’avait été pendant son combat contre Bernard Hopkins, a mentionné son gérant Egis Klimas. Ce n’est pas pour rien que le surnom de Sergey est Krusher, il frappe ses adversaires jusqu’à ce qu’ils craquent. »

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